Le phénomène est principalement observable à Béni-Saf et El Amria et dans une moindre mesure dans quelques autres agglomérations de la wilaya. Réalisés en dépit du bon sens sur des sites inappropriés, des centaines de locaux commerciaux sur les 2800 inscrits au profit de la willaya n'ont pas trouvé preneurs, alors que ceux ayant été attribués n'ont pas été mis en exploitation par leurs bénéficiaires. D'autres encore ont carrément été squattés et transformés en habitats de fortune. Lors de la dernière session de l'APW, des élus ont dénoncé le laxisme des autorités qui ont géré ce programme dit présidentiel. «Personne ne se soucie du fait que ces locaux ont été transformés en véritables gourbis à l'intérieur du tissu urbain de plusieurs villes», ont notamment déclaré certains élus. Le phénomène est principalement observable à Béni-Saf et El Amria et dans une moindre mesure dans quelques autres agglomérations. Dans la première cité, parmi les occupants, certains sont des attributaires. Rencontrés, ces derniers expliquent que ces locaux sont si excentrés et si mal situés qu'ils ne pouvaient servir à leur destination initiale : «Et puis, ici dans la ZHUN, ils étaient livrés aux délinquants qui en avaient fait des lieux de débauche. Cela tout le monde le sait et personne ne leur a fait la chasse. En tout cas, depuis que nous les avons occupés, le voisinage connaît la tranquillité.» Pour les rendre quelque peu habitables, les occupants ont réalisé quelques menues transformations. Ainsi, à l'entrée, des WC ont été aménagés. Mais, dans d'autres cas, des individus se sont approprié des locaux et les ont vendus à des familles à la recherche d'un logement. En cherchant à situer les responsabilités dans cette affaire, l'on s'aperçoit que, finalement, si aucune autorité ne s'est souciée de la situation, c'est parce que ces locaux ne relèvent de la responsabilité ni des communes ni d'aucune institution bien définie : «C'est du beylik à l'état pur, ce qui fait que personne ne s'en soucie», indique un élu. Selon d'aucuns, avant que la situation n'empire, la seule solution valable serait que ces locaux, qui ne pourront jamais être exploités pour un usage professionnel ou commercial, devraient être détruits et leurs terrains d'assiette versés à la construction de logements ou autres équipements : «Seulement, il faudrait que les autorités fassent montre de lucidité et de courage politique pour soumettre cette idée à qui de droit en haut lieu. Il faudrait aussi que ce dernier fasse amende honorable en reconnaissant les limites du projet qu'il a initié».