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Halilifa, la jument noire qui sauva la ville
Constantine à travers ses légendes
Publié dans El Watan le 02 - 08 - 2014

«Un cri d'admiration, presque de stupeur au fond d'une gorge sombre, sur la crête d'une montagne baignant dans les derniers reflets rougeâtres d'un soleil couchant, apparaissait une ville fantastique, quelque chose comme l'île volante de Gulliver.» Alexandre Dumas
Durant son histoire, la ville de Constantine avait subi d'innombrables sièges. L'un d'eux avait marqué la mémoire collective de ses habitants. Ses péripéties, alimentées par l'imaginaire populaire, en feront une légende très connue, bien conservée dans le folklore local du Vieux Rocher, avec des détails frisant le merveilleux poétique.
Un véritable conte des Mille et Une Nuits constantinois vieux de plus de trois siècles. Dans un récit publié dans l'édition de dimanche matin de La Dépêche de Constantine du 6 juillet 1952, Alphonse Marion raconte dans un style attrayant la fabuleuse histoire de cette belle et courageuse jument noire connue sous le nom de Halilifa. Pour comprendre la place de cette mythique jument dans l'imaginaire des Constantinois d'antan et dans la mémoire collective de la ville, Marion rappelle un fait important qu'on a tendance à oublier.
Dans l'introduction de son récit, Marion notera ceci : «Dans les armoiries de la ville de Constantine, au-dessus des merlons de la forteresse, du chevron berbère et du poisson du Rhumel, figure la silhouette bondissante d'un cheval noir. C'est le fougueux et infatigable coursier berbère, illustre non seulement par le grand rôle qu'il joua dans le folklore régional, mais aussi par sa participation à des événements militaires de la plus grande importance historique, tant dans l'antiquité à l'époque du grand roi Massinissa et des guerres d'Hannibal contre les Romains que sous le régime turc (XVII-XVIIIes siècles) où les guerres furent particulièrement fréquentes en pays constantinois».
C'est dans le cadre historique d'une de ces guerres entre Constantinois et Tunisiens en l'an 1700 que se situe le conte de la vaillante Halilifa, dont le thème fondamental est emprunté à des chroniqueurs constantinois et tunisiens. Selon Alphonse Marion, en l'an 1700, la guerre sévissait entre Constantinois et Tunisiens. Pour en connaître les causes, il suffit de lire les écrits des chroniqueurs de l'époque. D'après le Tunisien Benabdelaziz, il y avait des rivalités entre grandes familles des deux parties. On évoque que le dey d'Alger, Hassan Chaouch, avait dédaigné des présents envoyés par le bey de Tunis Mourad.
Les Constantinois, sous leur bey Ali Khodja, avaient défait les Tunisiens au cours d'une invasion. Mais les véritables raisons de cette animosité sont historiques. Mourad Bey, en raison de sa cruauté et de son caractère violent et sanguinaire, fut surnommé par les Tunisiens Mourad Bou bala bala, en référence à un large sabre turc. Il voulait venger son père Ali, tué par son frère avec la complicité de la Régence d'Alger. Il décidera ainsi de poursuivre les Algériens sur leur sol et prendre Constantine en représailles de l'attaque de Tunis par la milice d'Alger en 1694. En avril 1700, le bey de Tunis, Mourad, alors âgé de 20 ans, décide de prendre Constantine.
Pour faire face à cette invasion tunisienne, les janissaires turcs et les cavaliers de la milice constantinoise commandés par l'Agha de la Deira et le Bach Seiar Benzekri prennent la route d'El Khroub. Le Bach Seiar était le chef des coursiers et de contingent des cavaliers, dont l'Agha de la Deïra est le commandant en chef. Dans le récit d'Alphonse Marion, le choc entre les deux camps a eu lieu à El Melab, une contrée située entre El Khroub et Sidi Mabrouk. Les Tunisiens, plus nombreux, étaient armés de 25 canons. Le contingent des Constantinois ne tiendra pas face à une supériorité de 25 contre un. Toute résistance s'effondra. C'est la panique, puis la fuite vers la ville où des massacres ont eu lieu devant les murailles. Constantine sera assiégée. Un siège long et pénible avec toutes ses horreurs et sa famine.
Un siège long et terrible
Le Bach Seiar Benzekri vivait dans une maison non loin de La Casbah, avec ses deux épouses Messaouda et Zeleikha. Si, au début, les provisions ne manquaient pas, les choses commençaient à se gâter au fil des semaines. Il y avait surtout un problème d'approvisionnement en eau. Les gens avaient beaucoup plus soif. Dans une ville assiégée sur un rocher, où toutes les sources sont contrôlées par les Tunisiens, l'eau des citernes romaines de La Casbah était réservée pour l'été.
Des hommes descendaient la nuit vers les sources du Rhumel pour ramener l'eau, loin des regards des soldats de l'armée de Mourad Bey. Les canonniers de ce dernier commençaient à installer leurs canons sur le plateau du Mansourah. La ville est sérieusement menacée. Alors que le siège se prolongeait, Messaouda et Zeleikha s'aperçurent que le maître de la maison subtilisait les provisions et les emportait hors du domicile.
Celle qui bénéficiait de ces largesses n'était autre que sa jument Halilifa. Désespérant de trouver une issue à cette situation, le bey Ali Khodja convoque son Maghzen (gouvernement). «Si Allah n'inspire pas à notre maître le Dey d'Alger Hassan Chaouche de venir nous secourir, nous devrons nous résigner à la capitulation», annonce le dey Ali Khodja. Après un long silence, quelqu'un proposa au Bey d'envoyer un messager pour amener des secours. «Mais qui sera ce messager et où trouverait-il une monture, alors que tous les chevaux et les ânes ont été abattus, et comment pourra-t-il passer par les postes de l'ennemi», s'interroge Ali Khodja.
Benzekri se leva et dira au bey : «Je suis prêt à me rendre à El Djazaïr grâce à ma jument Halilifa qui a partagé mes provisions ; je l'ai cachée et soignée comme ma bien-aimée ; avec la volonté d'Allah, cette jument de bénédiction va être notre salut à tous.» Selon les indications de Benzekri, l'on confectionne de longues et solides cordes, ainsi qu'un filet pour Halilifa et, une nuit sans lune, cavalier et monture se font descendre dans les gorges du Rhumel près de la grande cascade, seul endroit laissé sans surveillance vu la hauteur de la falaise jugée impraticable par les Tunisiens. Ayant dépassé les derniers postes tunisiens sans donner l'éveil, Benzekri libéra sa monture. L'opération a réussi.
Arrivée des secours
Au deuxième jour du départ de Benzekri, Mourad Bey tenta un assaut général qui fut repoussé avec des pertes sanglantes. Sous les boulets des canons des Tunisiens, des quartiers entiers ont été détruits à Bab El Djabia. Le siège durait déjà depuis cinq mois. Les Constantinois attendaient toujours les secours d'El Djezaïr. Au mois de septembre, la chaleur devient plus insupportable. L'eau se fit plus rare. Les épidémies ont décimé des familles entières. Arrivé à El Djezaïr, Benzekri trouva la ville en révolution. Il dut déployer toute son énergie pour convaincre le nouveau bey Hadj Mustapha, successeur de Hassan Chaouche, destitué par les janissaires. La situation à Constantine était très grave.
Les gens commencent à désespérer. Après une longue attente, l'armée de secours fut enfin rassemblée et se mit en marche. Au mois d'octobre, le bey de Constantine Ali Khodja dut envisager la capitulation sans conditions que des rumeurs annoncèrent l'arrivée de Benzekri. Ce dernier envoya un messager auquel il indiqua un passage souterrain. Il parviendra à entrer dans la ville pour annoncer la bonne nouvelle. L'espoir revint aux assiégés. Le dey d'Alger et son armée avaient déjà dépassé Sétif. Alphonse Marion note que le choc entre Algérois et Tunisiens eut lieu le 30 octobre 1700 à Djouama El Eulma. C'est la déroute des Tunisiens. Sur les remparts de la ville, entre Bab El Djabia et Bab
Djedid, les Constantinois se pressaient pour accueillir les vainqueurs. Sur sa jument Halilifa, Benzekri fut reçu en héros. Il retrouvera les siens, et Constantine connaîtra enfin la paix. L'histoire retiendra qu'après avoir été chassé de Constantine, Mourad bey de Tunis décide de diriger une autre expédition et prendre cette ville définitivement. Il enverra son lieutenant Ibrahim Cherif pour ramener des renforts d'Istanbul. De retour de sa mission, ce dernier sera chargé par les Ottomans de l'assassiner. Mourad Bey sera tué le 2 juin 1702 dans son carrosse sur les bords de l'oued Zarga, près de la frontière algéro-tunisienne par Ibrahim Cherif qui prend le pouvoir et décime la dynastie mouradite.


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