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« L'industrie du liège en difficulté »
YALAOUI MOHAMED IDRISS (PDG du groupe Liège )
Publié dans El Watan le 27 - 09 - 2004

Le PDG du Groupe industriel Liège Algérie, Idriss Yalaoui, a, dans cet entretien, dressé un constat préoccupant en ce qui concerne la situation de l'industrie du liège. Il explique la baisse de production par, entre autres causes, l'insuffisance d'exploitation des forêts de chêne-liège. Il déclare que cette situation, si elle ne s'améliore pas rapidement, risque de remettre en cause l'existence même de l'industrie tant que la production du liège est critique. Pour lui, les entreprises publiques ne tournent aujourd'hui qu'à moins de 60% de leurs capacités par manque de matière première et ce malgré l'existence d'un marché fini local et l'exportation. M. Yalaoui déclare que la solution à préconiser doit consister à revoir le mode d'organisation et d'exploitation du patrimoine du chêne-liège en Algérie, étant donné que la démarche actuelle a montré ses limites. Concernant la privatisation des entreprises publiques et le désengagement de l'Etat, aux yeux de M. Yalaoui, une nouvelle approche s'impose. Enfin, dans le marché du liège, il n'écarte pas l'existence de lobbies qui exerceraient leur influence à travers une enveloppe financière importante et avec la complicité des opérateurs étrangers. C'est une bonne partie de l'économie rurale qui est mise à mal.
Pourriez-vous nous parler du liège et de la forêt du chêne-liège ? De nos jours, le chêne-liège se trouve en production dans la zone méditerranéenne occidentale, un peu dans les pays du Maghreb, dans le nord de l'Italie, le sud de la France et de l'Espagne, mais surtout au Portugal, sa terre de prédilection. C'est un arbre qui appartient à la flore méditerranéenne depuis l'ère tertiaire, ce qui lui donne une soixantaine de millions d'années d'existence. Sans entrer dans les détails de sylviculture, voici en résumé la vie d'un chêne-liège en production : dès sa naissance, le petit chêne-liège est taillé afin d'en obtenir un tronc haut et droit de 2 à 3 m en vue de pouvoir plus tard tirer des planches droites et de bonne longueur, puis on oriente la taille vers la formation de 2 ou 3 branches principales pour tirer des planches d'un mètre. Il faut attendre 25 à 30 ans pour que le petit chêne-liège atteigne 60 cm de périmètre et une hauteur de 1,50 m pour lui enlever son écorce : c'est le liège mâle de qualité irrégulière. L'opération se nomme le démasclage. L'écorce va progressivement se reconstituer en neuf années pour faire encore la même opération qu'on appellera l'écorçage, elle aura lieu tous les 9 ans. La première fois, il s'agira du liège de première reproduction impropre (comme le liège mâle) à donner des planches destinées à la fabrication du bouchon. Après, soit vers 45 ans, le chêne-liège donnera son liège de reproduction de bonne qualité, qualité qui ira en s'améliorant au fil des années, toujours plus régulière et homogène. En votre qualité de président du groupe, consommateur principal de liège d'Algérie, pourriez-vous nous présenter la situation actuelle sur le potentiel forestier en matière de liège par rapport aux besoins de l'industrie de transformation ? Le potentiel de production de liège brut en Algérie correspond à une superficie de chêne-liège de plus de 400 000 ha, censé donner une production de plus de 300 000 q/an. Il faut rappeler que l'Algérie a produit par le passé plus de 450 000 q de liège brut et exporté autant vers l'Europe. Ce potentiel forestier productif s'est rétréci pour atteindre une surface réduite à 250 000 ha, selon les chiffres statistiques donnés par la DG des forêts. La densité du chêne-liège a reçu un coup au point d'atteindre une déforestation dangereuse. Les récoltes historiques de l'Algérie nous plaçaient en 3e position dans le monde après le Portugal et l'Espagne, les autres pays du Maghreb venant bien loin derrière notre pays. Aujourd'hui, avec une prévision de 80 000 q de liège en 2004, l'Algérie se place en dernière position après les autres pays producteurs riverains de la Méditerranée. A noter que ce niveau de production est lié au mode d'organisation de la récolte qui ne semble pas correspondre aux règles optimales d'exploitation. Parce qu'en théorie un hectare de forêt de chêne-liège suppose contenir au moins 90 arbres productifs. Or, avec toutes les destructions que connaît la forêt, on est arrivé à des densités inférieures à la norme. Ces quantités de liège qui étaient produites par l'Algérie lui donnaient une bonne position au plan mondial qui peut cependant être récupérée avec une meilleure prise en charge. La raison essentielle de cette baisse de production est liée à différents facteurs tels que le reboisement qui est en retard dans certaines régions et pas du tout fait dans d'autres, la disparition de l'espèce par les feux de forêt. Le bétail (pâturages) sans oublier l'homme qui trouve des facilités pour contribuer de plusieurs façons à la forestation (défrichage et autres emplois). Cette situation est-elle irréversible, est-ce une fatalité ? La forêt de chêne-liège et le secteur de la transformation ont subi les aléas des réformes et des restructurations répétitives du secteur qui restent souvent inachevées. Les nouveaux schémas ne vont jamais jusqu'au bout. La période d'insécurité, l'insuffisante protection contre les feux de forêt, le bétail des riverains et les bûcherons ont contribué grandement à cette situation. Enfin, si toutes ces contraintes venaient à être prises en charge avec plus de moyens pour lutter contre ces contraintes, l'Algérie pourrait retrouver une bonne place dans le classement des producteurs de liège. En effet, une étude appropriée sur la situation actuelle et un encadrement de qualité pourraient déboucher sur une stratégie de relance qui sera bénéfique à tout le pays. Les effets d'une bonne relance de l'exploitation plus rationnelle de la forêt de chêne-liège profitera en premier lieu à l'administration des forêts et ensuite à l'industrie du liège et surtout à l'économie rurale qui emploie et fait vivre plusieurs milliers de personnes pendant plus de six mois chaque année, sans oublier que cette économie fixe également les ruraux dans ces zones d'activité. Il faut cependant souligner que, depuis la restauration de la sécurité, le niveau de production stagne encore, c'est un phénomène qui pourrait s'expliquer éventuellement par le manque de formation et l'insuffisance en professionnalisme sans oublier une organisation insuffisante. Voilà pourquoi, du point de vue du potentiel de production de chêne-liège, nous atteignons un seuil alarmant, je dirais même un seuil critique qui menace de disparition l'industrie du liège. Quelle est l'évolution de l'industrie du liège durant ces dernières années ? Avant, l'entreprise nationale du liège avait sa propre unité d'exploitation du liège brut. Elle avait couvert pratiquement l'exploitation de toutes les forêts de chêne-liège et les besoins de l'industrie sont couverts correctement. Il y a quelques années, à force de restructurer notre secteur économique, on a exclu cette unité d'exploitation qui était très spécialisée, on l'a transféré à ce qu'on a appelé l'ORDF. Des offices qui ont été créés pour justement s'occuper du développement forestier et en même temps de l'exploitation du liège. Depuis lors, la récolte ne fait que régresser d'année en année et les prix ne font qu'augmenter. Le phénomène est très simple : moins on produit plus cher on vend. Il y a une dizaine d'années, le quintal de liège normalement se vendait à 800 DA, aujourd'hui il dépasse largement les 10 000 DA pour une qualité moins bonne. Le secteur public qui employait plus de 1400 travailleurs emploie aujourd'hui à peine 700 personnes. Les usines ne tournent qu'à un niveau très faible, moins de 60% de notre capacité par l'absence de matière première. Est-ce que cela voudrait dire que le marché est récupéré par le privé ? Absolument. Mais ce que nous regrettons aujourd'hui, c'est qu'on aurait pu créer les mécanismes nécessaires à la bonne compétition et anticiper en innovant dans les démarches. Aujourd'hui, nous n'avons pas les mêmes moyens pour combattre la concurrence déloyale qui est devenue un fléau dangereux. En ce qui nous concerne, nous respectons la réglementation. Nous n'achetons pas de liège sans factures alors que par ailleurs, nous ne comprenons pas comment, dans le secteur privé, il y a des stocks importants de liège brut. Comment expliquez-vous que des entreprises privées disposent d'énormes quantités de liège brut dans leurs usines alors que les entreprises publiques du groupe Liège Algérie n'a, à peine, qu'une couverture d'un mois au maximum ? C'est la question que l'on pose et à laquelle on ne trouve toujours pas de réponse. Les entreprises privées disposent en effet d'énorme stocks de liège qui couvrent largement ses besoins pendant l'intersaison, alors que nous, nous avons des couvertures qui ne dépassent pas un mois. Pourtant, on participe activement aux adjudications publiques. On achète au maximum dans ces opérations d'adjudication. Cependant, lorsqu'on regarde du côté privé, on retrouve des quantité, importantes de liège brut dont l'origine est impossible à connaître. Ce que l'on sait par contre, c'est que ces entreprises disposent d'un bon liège un liège d'un pourcentage de bouchonnable assez intéressant du point de vue qualité et l'achètent à des prix pratiquement identiques. On laisse enfin le soin à l'administration des forêts de trouver la solution. A combien revient la part du privé dans cette production ? Si on fait une évaluation statistique très objective, 1 ha de chêne-liège donne en principe 0,8 à 1,2 q de liège brut, ce qui fait que pour le potentiel disponible, on peut compter environ une récolte comprise entre 200 000 et 250 000 q de liège. La statistique officielle nous indique que nous enregistrons dans le formel à peu près 80 000 q qui sont mis sur le marché en adjudication. Ce liège brut, qui est soumis à l'adjudication, représente la part du public récoltée jusque-là que par des entreprises publiques appelées Safa et Emifor. Si nous procédons par soustraction, on aboutit au résultat suivant : à partir de 180 000 q potentiellement récoltables, il doit rester donc 100 000 q quelque part. Je ne dirai pas que c'est de l'informel, mais il y a 100 000 q qui doivent exister mais qui manquent sur le marché officiel pour permettre d'alimenter correctement l'industrie de transformation du liège public et privé. Le groupe liège public a cinq filiales de transformation de liège et on dénombre le double dans le privé. Certaines entreprises privées sont des artisans et d'autres sont des entreprises moyennes qui emploient plus de 100 personnes. On a tendance à parler d'une mafia du liège qui serait derrière l'exploitation et le commerce informel du liège... Je ne me permettrai pas de parler de mafia du liège, mais je dirai tout simplement qu'il y a des lobbies (ou groupes) qui exercent leur influence à travers une enveloppe financière importante et avec l'assurance des opérateurs étrangers qui commencent à entrer déjà au niveau de certaines régions du pays. Concernant la partie informelle, elle peut être évaluée en milliards de centimes, ce qui constitue une source de richesse et un pôle d'intérêt important qui profite encore du désordre qui règne dans le circuit d'exploitation et de
commercialisation du liège brut. La meilleure façon à notre avis pour contrecarrer cette situation serait d'augmenter la récolte et de préserver encore un peu plus le patrimoine forestier en luttant contre les feux de forêt à travers la formation et la mise en place de vigiles permanents pendant les périodes à haut risque d'incendie. Par ailleurs, il faudrait imposer des critères absolus et sévères de professionnalisation dans l'exploitation des forêts de chêne-liège et, enfin, il faudrait faire comprendre à tous les intervenants que le chêne-liège est une richesse renouvelable qui fait vivre énormément de personnes, notamment dans les zones rurales où ils stabilisent les populations. Une forêt peut occuper les travailleurs pendant plus de six mois, c'est un aspect économique très important que nous devons prendre en considération pour repenser la façon de gérer cette richesse. Que pensez-vous de la privatisation des entreprises du liège ? Concernant la privatisation, nous avons toute la disponibilité pour s'inscrire dans le cadre du programme du gouvernement et du désengagement de l'Etat sur les entreprises publiques. Les repreneurs existent, des investisseurs sont intéressés, mais il subsiste encore quelques contraintes administratives et procédurales qui freinent encore la mise en œuvre rapide des programmes de privatisation. Les conditions de vente ne sont pas assez clairement définies pour permettre la cession rapide des entreprises (la procédure reste encore longue, et c'est l'une des raisons des échecs successifs enregistrés dans les tentatives de privatisation de certaines entreprises). A notre avis, il faudrait repenser une démarche plus courte et responsabilisante qui éclaire aussi bien l'investisseur que le vendeur. Des mécanismes plus lisibles et allégés peuvent être trouvés et des responsabilités bien définies à l'image de ce qui s'est passé en Russie ou en Roumanie et dans d'autres pays de l'Est. Des perspectives ? D'ailleurs pour cela, les pouvoirs publics en ont pris conscience. Il faut noter que le gouvernement lors du dernier CPE, qui s'est tenu en novembre 2003, a pris une importante résolution sur le liège et la forêt de chêne-liège. Le CPE a confié à la société de gestion et à la direction générale des forêts (DGF) l'élaboration d'une stratégie de développement forestière et de relance du secteur du liège et du chêne-liège. Cela constitue une décision d'extrême importance pour sauver ce secteur et par là même relancer l'activité qui risque de disparaître. Nous avons un grand espoir par rapport à ce dossier de relance salutaire. Concernant notre secteur, si nous n'engageons pas immédiatement un nouveau programme de maintien de l'activité, en parallèle la politique de désengagement, on risque de se retrouver avec des entreprises squelettiques en matière d'équipement avec un mode de fonctionnement dépassé en l'absence de formation du personnel. De ce fait, la cession risque de ne pas se produire en l'absence de repreneur qui choisirait de nouveaux investissements.


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