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Quand la Révolution embrasa la France
Mohamed Ghafir dit Moh Clichy revient sur le «second front armé» du FLN (25 août 1958)
Publié dans El Watan le 26 - 08 - 2014

Il est un événement «aoûtien» quelque peu tombé dans l'oubli, à marquer d'une pierre blanche dans l'historiographie de la Révolution :
la série d'opérations commando déclenchées le 25 août 1958, en France.
Au chapitre des célébrations et autres commémorations historiques, l'agenda du mois d'août est généralement dominé par le double anniversaire du 20 Août, à savoir l'offensive du Nord-Constantinois (1955) et, surtout, le Congrès de la Soummam (1956). Il est un autre événement «aoûtien», non moins important, quelque peu tombé dans l'oubli, à marquer d'une pierre blanche dans l'historiographie de la Révolution : La série d'opérations commando déclenchées le 25 août 1958, en France, annonçant, par là même, l'ouverture du «Second front armé» du FLN en plein territoire français.
Le moudjahid Mohamed Ghafir, dit Moh Clichy, une des figures de proue de la Fédération de France du FLN qui nous a fait l'honneur d'une visite à El Watan il y a quelques jours, a tenu à revenir sur ce fait historique qui, insiste-t-il, a été un véritable catalyseur du combat libérateur en transposant le conflit au cœur de la «métropole». Dans sa main, un exemplaire de son dernier livre : Droit d'évocation et de souvenance sur le 17 Octobre 1961 à Paris (3e édition actualisée, publiée à compte d'auteur).
Natif de Guenzet (wilaya de Sétif) où il a vu le jour le 19 janvier 1934, Mohamed Ghafir s'est installé en 1952 à Alger avant de s'établir à Paris en 1955, précisément à Clichy, d'où son sobriquet. Militant très actif au sein de la «7e Wilaya», il est désigné chef de la région nord de Paris comme on peut le lire dans son livre. Arrêté par la DST en 1958, il sera condamné à trois ans de prison. A peine libéré en février 1961, il reprend ses activités militantes et devient chef de la Super zone de la Wilaya 1 (Paris-Sud). A ce titre, il sera l'un des cerveaux des manifestations du 17 Octobre 1961, à Paris.
Il n'y a pas que mourepiane
Elégamment vêtu d'un costume gris, affable, la mémoire vive et le verbe truculent, la discussion avec ammi Mohamed est absolument passionnante. D'une humilité qui tranche avec son impressionnant CV, Moh Clichy préfère évoquer son parcours au «passé du collectif» : «Durant la Révolution, on s'interdisait de dire ‘‘je''. Cela n'a jamais été dans notre usage de parler à la première personne», précise-t-il.
L'ancien héros de la «Bataille de Paris» refuse ainsi de s'attribuer le moindre honneur, ce qui le rend encore plus attachant et plus admirable.
Mohamed Ghafir a souhaité revenir donc sur cet épisode-clé de la guerre de Libération nationale, et qui fut «similaire au 1er Novembre 1954 en Algérie». Alors, que s'est-il passé le 25 août 1958 ? L'idée était de porter la guerre sur le territoire français, d'un côté, pour mettre davantage la pression sur la puissance coloniale, de l'autre, pour desserrer l'étau sur les maquis de l'ALN dans les wilayas de l'intérieur.
Les commandos de l'Organisation spéciale en France (OS) vont ainsi planifier une série d'attaques simultanées contre un certain nombre de cibles économiques et militaires. La plus connue est évidemment l'attaque du dépôt de carburants de Mourepiane, près de Marseille, le plus grand dépôt d'hydrocarbures de France. Mais la liste des sites ciblés est longue. Celle-ci est exhaustivement détaillée par Ali Haroun dans son excellent ouvrage : La 7e Wilaya. La guerre du FLN en France (Seuil, 1986).
Mohamed Ghafir y fait, d'ailleurs, volontiers référence. «Comment ne pas se rappeler les actions des commandos de l'OS (Organisation spéciale), le 25 août 1958, écrit-il dans son livre: dépôts de carburant de Mourepiane, Alès, Marseille, Port La Nouvelle, Frontignan, Toulouse, Gennevilliers, Narbonne, du Havre, Notre Dame de Gravenchon, de la Cartoucherie de Vincennes, de l'aérodrome militaire de Villacoublay, du paquebot Président Cazalet, et combien d'autres actions qui ne peuvent être citées parce que nombreuses.
Actions décidées par le CCE (Comité de coordination et d'exécution), direction suprême de la Révolution, en engageant un second front armé en France» (p 135). Moh Clichy affirme que l'idée d'engager une guérilla pour ainsi dire dans la «gueule du loup» avait été décidée du vivant même de Abane et sous son impulsion. «C'était un visionnaire !» lâche-t-il. «La décision du CCE fait suite à l'idée de Abane Ramdane qui, le premier, a pensé à une stratégie nouvelle qui consiste à transporter la lutte armée sur le sol même de l'ennemi», témoigne l'ancien zonal du FLN en France (p 136).
«La guerre, de Dunkerque à Tamanrasset»
«Le 10 juin 1957, Abane avait désigné Omar Boudaoud qui se trouvait au Maroc comme responsable de la Fédération de France du FLN», poursuit Mohamed Ghafir. La mission confiée à Omar Bouadoud est de déclencher «au moment opportun un second front armé sur le territoire français». En juillet 1958, à partir du Caire, Ferhat Abbas, s'exprimant au nom du CCE, affiche les intentions du FLN de «transporter la guerre en territoire français pour la libération de l'Algérie».
Dans la foulée, «la Fédération de France du FLN a décidé de mettre en application les objectifs de l'Organisation spéciale (OS) créée en 1957 (en France), et constituée de fidayins volontaires et de commandos formés en Allemagne et au Maroc pour des opérations paramilitaires sur tout le territoire français. Il y a lieu de rappeler que l'Organisation spéciale a été placée sous la responsabilité d'un membre du Comité fédéral, Rabah Bouaziz, connu sous le nom de guerre de Saïd, et son adjoint Nasr-Eddine Aït Mokhtar dit Madjid » (p 136).
Moh Clichy souligne que les directives du FLN étaient de «cibler uniquement les objectifs militaires, policiers et économiques» et «d'épargner les civils». «Le 25 août 1958, à 0h, le second front armé est engagé sur l'ensemble du territoire français. Les premiers objectifs seront les raffineries, les casernes et les commissariats. L'idée de Abane Ramdane s'est concrétisée». L'impact politique et médiatique de cette série d'attaques sera considérable. L'attentat de Mourepiane est qualifié de «catastrophe nationale» par la presse française, rapporte le valeureux moudjahid. Cette vague d'actions se poursuivra ainsi jusqu'à fin septembre.
Un bilan arrêté au 27 septembre 1958 fait état de «56 sabotages et 242 attaques contre 181 objectifs». Mohamed Ghafir ajoute que «les opérations ont fait 82 morts et 188 blessés ». Détournant la fameuse déclaration du général de Gaulle qui, le 4 juin 1958, depuis les balcons du Gouvernement général, à Alger, et devant une foule massée sur la place du Forum, célébrait «l'Algérie française, de Dunkerque à Tamanrasset» en lançant son fameux «je vous ai compris !», «La Fédération de France du FLN, après le déclenchement du ‘‘Second front armé'' sur le territoire français, déclare la guerre, de Dunkerque à Tamanrasset», note Moh Clichy. Le 15 septembre 1958, l'ancien gouverneur général et ministre de l'Information sous De Gaulle, Jacques Soustelle, échappe de justesse à un attentat de l'OS en plein Paris, à la place de l'Etoile.
Un second souffle pour la révolution
Le 19 septembre 1958, le GPRA est officiellement proclamé depuis Le Caire. Mohamed Ghafir estime que le second front armé a permis de donner d'emblée un poids politique au GPRA et d'accélérer les négociations qui devaient aboutir, in fine, aux Accords d'Evian. Tant que la guerre était circonscrite aux maquis algériens, la puissance coloniale était «tranquille», comptant sur l'usure et l'épuisement des forces de l'ALN. Mais dès lors que la Révolution a été «exportée» dans l'Hexagone, il y avait péril en la demeure.
Un nouveau rapport de forces est créé. «C'est ce qui a poussé De Gaulle à engager des négociations sérieuses avec le FLN en vue de l'indépendance de l'Algérie», assure Moh Clichy. Il convoque, à l'appui, ce témoignage de Raymond Muelle, ancien officier parachutiste qui a servi en Algérie, et qui, dans son livre 7 ans de guerre en France, 1954-1962. Quand le FLN frappait en métropole (Editions Grancher, 2001), écrit : «La situation militaire se rétablit en Algérie où le FLN étouffe chez lui, mais il transporte la guerre chez l'ennemi.
C'est de là qu'il la gagnera.» L'ancien cadre de la Fédération de France du FLN cite également le général Giap (né, heureuse coïncidence, un 25 août). Le héros de la bataille de Diên Biên Phu dira : «C'est la première fois dans l'histoire des peuples qui luttent pour leur indépendance que le colonisé porte la guerre sur le sol du colonisateur.»
Avant de nous quitter, Moh Clichy a tenu à rendre un hommage appuyé à une grande figure du Mouvement national, en l'occurrence Arezki Kehal. Il fut l'un des membres fondateurs du PPA et bras droit de Messali Hadj. Il est mort le 14 avril 1939 durant sa détention à Barberousse (Serkadji). Moh Clichy se félicite qu'une place ait été baptisée en son nom à Guenzet, son village natal, mercredi dernier, à l'occasion de la commémoration du 20 Août.


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