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Un legs inestimable pour la postérité
Abdelkader Meksa. Portrait d'un chanteur et conteur
Publié dans El Watan le 27 - 08 - 2014

Abdelkader Meksa est un chanteur et conteur kabyle de génie, né le 4 juin 1954 à Mira (Tizi Ouzou) et décédé en France, le 30 octobre 1988, à l'âge de 34 ans, surtout célèbre par ses chansons Massinissa, Anzar et Loudja. La version officielle de la cause de la mort du chanteur parle d'un «assassinat avec un objet contondant sur la tempe», mais d'autres versions font subsister des zones d'ombre sur sa disparition prématurée.
Il vécut à Blida et pendant un bon bout de temps en France où il enregistre deux de ses albums. Il était aux avant-postes de la chanson engagée dans les années 1970 et 1980, aux côtés d'autres pionniers de la revendication pour la reconnaissance de l'identité berbère, à l'image de Ferhat Imazighen Imoula, Idir, Inaslyen, Tagrawla…
Son legs artistique pour la postérité est d'une valeur inestimable, non seulement pour les dimensions revendicatives et identitaires de son œuvre, mais aussi pour avoir été d'un grand apport musical pour la modernisation de la chanson et de la musique kabyles. Avec sa voix originale empreinte d'un petit accent algérois, enrichie de son génie poétique et musical, Meksa va puiser dans la mythologie berbère ancienne qu'il a si bien su remettre au goût du jour en ressuscitant des légendes telles que Loundja et Anzar.
Les rythmes et les mélodies des contes kabyles anciens qu'il savait amalgamer avec les sonorités modernes de ses influences rock des années 1960 donnent une originalité sans égale à ses œuvres, d'ailleurs toujours d'actualité. Le parolier Moh Cherbi lui a écrit la majeure partie de ses textes. Il est auteur de cinq albums.
En 1975, il sort deux albums : Loundja (L'ogresse) et Tafsuth (Printemps), avant d'enchaîner, en 1979, avec Tafounasth igoujilen (La vache des orphelins), en 1980, avec Amnekcem (Le colonialiste) et, enfin, en 1988, après une trêve de plus de huit années, avec Amghar azmni (Le vieux sage du village). Son plus beau concert, en 1989, à la salle Atlas (Alger) restera, par ailleurs, gravé dans les mémoires. Une association créée par des habitants de son village porte son nom depuis 1999.


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