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Basse-Casbah : Expulsés d'un quartier qui vaut de l'or
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Publié dans El Watan le 12 - 09 - 2014

Alors que les ministres et les maires se sont réunis hier pour décider d'un plan d'urgence visant à refaire d'Alger la vitrine du pays, une dizaine de familles de la Basse-Casbah, brutalement expulsés de leur logement il y a une semaine, occupent la rue avec leurs meubles.
Qu'Abderrahmane traîne avec le même pantalon et la même chemise. Que Nacera jette des regards désespérés vers son appartement, muré, dans lequel sont à jamais ensevelies ses affaires. Dans les galeries Malakoff, à la lisière de la Casbah, près de la place des Martyrs, la vie s'est arrêtée pour les habitants des immeubles n°5 et n°15, dont le porche est désormais obstrué par un mur de briques cimenté à la hâte. «Il était 8h30 quand des policiers, des pompiers, des agents de la wilaya ont débarqué pour nous dire qu'ils fallait qu'on parte ‘'immédiatement'' de notre maison, raconte Abderrahmane dont le père et la mère, âgée de 80 ans, se retrouvent dehors. Mais jamais nous n'avons été prévenus de leur arrivée ! Certains voisins n'étaient même pas chez eux.»
Grand classique des expulsions comme il s'en organise depuis plusieurs mois dans la capitale, les autorités proposent à certains un relogement dans une cité-dortoir de banlieue pendant que d'autres se retrouvent sans rien. Mohamed fait partie des premiers, mais il a refusé de partir «d'un F7 où vivaient dix personnes pour un F3 à Ouled Mendir». Après avoir envoyé sa femme et ses enfants dans sa famille, il a choisi de rester dans la rue pour surveiller ses meubles. Sous les arcades, canapés, tables, chaises, frigos, s'entassent, sommairement bâchés et déjà couverts de fientes d'oiseaux. Nacéra, ex-enseignante, fait partie de ceux qui du jour au lendemain, se sont retrouvés sans toit. «Les pompiers ne sont même pas montés chez moi parce qu'ils avaient peur, raconte-t-elle. C'est vrai que les marches de l'escalier ont été remplacées par des planches, mais on n'est pas du bétail !»
Déportation
Alors avec Fatma et son fils, Djamila et ses enfants, elles squattent avec des escadrons de moustiques un immeuble déserté rongé par l'humidité et les séismes. «On nous a promis une solution d'ici deux ou trois jours, poursuit-elle. Mais rien n'est venu. On a demandé à rencontrer le maire en urgence, mais il ne s'est rien passé ! On voudrait juste que quelqu'un entende notre appel au secours !» Lhadi Bendebka, avocat spécialiste des questions immobilières, ne peut retenir une moue pessimiste. Il sait trop bien ce qui se cache derrière ces expulsions. «Nous sommes en train d'assister à une grande opération de déportation des habitants du Centre vers la périphérie pour satisfaire les spéculateurs qui souhaitent faire main basse sur le foncier, car on se trouve là dans une zone de très grande spéculation», explique-t-il en prenant à témoin les galeries Malakoff.
Et même si La Casbah - et la Basse-Casbah, c'est-à-dire sa ceinture de bâtiments construits dans la seconde moitié du XIXe siècle, considérée comme partie intégrante du secteur sauvegardé - est sur le papier très protégée, il sera compliqué mais pas impossible pour les spéculateurs de s'accaparer de la zone. Les exemples ne manquent pas pour montrer combien passer des mains du public à celles du privé n'est qu'une histoire d'arrangements.
M'hamed el Anka
L'avocat maître Khaled Bourayou, représentant des résidents de la cité des Sources contre un promoteur privé qui s'est emparé d'une parcelle de 2800 mètres carrés pour y construire une tour de plus de 10 étages en violation de plusieurs lois, connaît bien les procédés utilisés. «Nous assistons à un dépeçage en règle des espaces verts, des quartiers, des cités. Nous savons que des spéculateurs immobiliers ont bénéficié d'avantages et d'appuis pour acquérir des terrains qui ne leur appartiennent pas. Il y a une grande spéculation dirigée par de hauts responsables de l'administration pour vendre des lots de terrain à des étrangers.»
Entre les chats crasseux endormis dans les caniveaux, les balcons qui menacent de s'effondrer, les sandwichs de viande avariée qui mijotent au soleil et les voitures qui slaloment dans une foule désordonnée, le quartier ne laisse rien présager d'un potentiel haut-standing. Ce serait oublier que de l'autre côté de la rue, derrière les palissades, le métro va d'ici peu changer le visage du quartier. «On nous a dit que le ministère de la Culture comptait récupérer nos appartements pour en faire des bureaux», rapporte, dubitatif, Rachid, qui se retrouve aussi à la rue. «L'Etat ne discute pas avec les propriétaires d'appartement ou d'immeubles, il ne discute qu'avec les propriétaires d'assiette, explique encore Lhadi Bendebka. De plus, le séisme équivaut à un état d'urgence : il annule toutes les lois.»
Dans la cour, Malika, née dans les galeries Malakoff, ne peut retenir ses larmes. De sa fenêtre, elle a vu ses voisins se faire expulser, elle sait que son tour viendra et veut croire qu'on lui offrira un logement en compensation. A l'écart, Mohamed, résident des galeries depuis 1962, ne semble toujours pas croire ce qu'il lui arrive. Tout est allé un peu trop vite pour le retraité qui tient ses papiers dans un sachet plastique. Ses fils ont sorti les meubles de l'appartement et puis il s'est retrouvé là, sur les marches du café des Artistes. Dans cette petite enclave historique coincée entre les bâtisses, où, petit, il venait écouter M'hamed El Anka, le temps s'est figé entre les bekradj en cuivre et les photos noir et blanc des maîtres du chaâbi. Un lieu béni que les séismes n'ont pas réussi à faire tomber mais que la spéculation, le temps venu, pourrait balayer d'un coup de pelleteuse.
Plan d'urgence pour Alger
Sept jours. Voilà sept jours que Djamila n'a pas pu donner un repas correct à Maram, Nabil et Doha, ses enfants de 8 mois, 3 et 4 ans. Cela a tout l'air d'une première : une bonne partie de l'Exécutif s'est déplacée, hier à la wilaya d'Alger, conduite par le Premier ministre Abdelmalek Sellal, pour un important conclave avec les autorités algéroises dédié exclusivement aux maux de la capitale. Un mini-conseil de gouvernement, en somme, qui s'est tenu tout au long de la journée dans la grande salle de l'ex-Conseil populaire de la ville d'Alger (CPVA), avec la participation d'une quinzaine de ministres. Ont pris par également à cette réunion le wali d'Alger, Abdelkader Zoukh, les maires de l'ensemble des communes de l'Algérois, les élus APC et APW, les députés et sénateurs d'Alger, les directeurs de wilaya ainsi que le DGSN, Abdelghani Hamel, et le commandant de la Gendarmerie nationale, le général-major Ahmed Boustila.
Autant dire un «conseil de guerre». Et pour cause : le constat qui est fait au plus haut niveau de l'Etat est que le cadre de vie à Alger va de mal en pis, entre dégradation alarmante du vieux bâti, insalubrité, habitat précaire, bouchons interminables, pollution, faible qualité des services, problèmes de parking, problèmes de gouvernance… Bref, «l'image renvoyée par la ville d'Alger est indigne de son rang et de son histoire», est obligé de constater Abelmalek Sellal himself. «Il est temps de trouver les solutions idoines et prendre les mesures qui s'imposent afin d'améliorer le cadre de vie à Alger qui est la vitrine du pays», insiste-t-il, avant d'ajouter : «Il faut améliorer la situation dans plusieurs domaines. Il y a des questions qui urgent telles que la résorption de l'habitat précaire. Il y a un manque au niveau des équipements publics. D'un côté, nous avons noté une amélioration appréciable dans la lutte contre la bureaucratie (…) mais les équipements publics ne se sont pas développés. Ce n'est pas une image digne de la ville d'Alger qui est la vitrine de l'Algérie.»
M. Sellal a évoqué, dans la foulée, la dégradation de La Casbah en s'interrogeant sur les raisons de l'incurie des différents plans de sauvegarde de la cité ottomane. «Ce n'est pas un problème d'argent, nous avons les budgets», martèle-t-il. Le Premier ministre a également pointé la morosité de la ville en nocturne. «Si vous vous promenez à la rue Didouche Mourad ou Larbi Ben M'hidi, dès 18h, la plupart des commerces sont fermés» a-t-il relevé en exhortant la wilaya à faire en sorte que la capitale s'anime le soir. La réunion s'est ensuite poursuivie à huis clos. En milieu d'après-midi, Tayeb Belaïz a animé un point de presse au siège de la wilaya pour annoncer les mesures prises. Celles-ci consistent en un plan de huit points portant exclusivement sur des «mesures d'urgence en attendant d'autres décisions».
La première porte sur la poursuite de l'opération de relogement au profit des familles sinistrées ou en situation précaire. «Cette opération doit être bouclée avant fin 2014», a indiqué le ministre de l'Intérieur en promettant que tous les logements disponibles seront distribués. Il a été également décidé de constituer un groupe de travail chargé de réfléchir à une nouvelle organisation administrative de la capitale. Une nouvelle instance sera, par ailleurs, créée, pour prendre en charge la réhabilitation du vieux bâti. M. Belaïz a aussi annoncé la réactivation de la police communale. Il est aussi question de la création d'un groupe de travail chargé de faire des propositions au wali pour animer Alger le soir et ouvrir les commerces fermés nuitamment. Autre mesure : l'embellissement de la capitale sera, désormais, confié à un nouvel EPIC. Retenons enfin qu'une attention particulière sera accordée à l'entretien des cimetières, a encore promis M. Belaïz.
Bab El Oued : Les réfugiés du cinéma toujours dans l'impasse
Cela fait déjà trois semaines qu'une vingtaine de familles de Bab El Oued ont trouvé refuge dans l'ancien cinéma Plaza. Entre les 10 et 15 août dernier, trois immeubles du quartier sont vidés de leurs habitants. Officiellement, c'est la vétusté des bâtiments qui est en cause. Expulsés par les autorités, les habitants des appartements du 2, rue du Dey, 35, rue colonel Lotfi et du 2, rue Moussa Rebai n'ont d'autre choix que d'investir les locaux du cinéma. Une situation qui devait être temporaire, le temps pour l'APC d'examiner les demandes de relogement. Pourtant, les semaines passent et l'inquiétude que le temporaire se transforme en permanent grandit. «On nous donne une date et à chaque fois ils la repoussent, c'est déjà la quatrième fois que ça arrive», désespère Sofiane, l'un des expulsés.
Lui était propriétaire de son logement, d'autres étaient locataires, mais aujourd'hui tous sont logés à la même enseigne. Vivre séparés de ses voisins par un simple rideau, sans intimité, dans des conditions d'hygiène difficiles. Au milieu du marasme, des enfants. Mohamed est père de trois filles. Cette année, pour la première fois, les deux plus grandes n'ont pas pu faire leur rentrée scolaire. «On nous demande un certificat de logement pour inscrire les enfants à l'école, ce que nous n'avons pas».
Alors l'aînée passant ses journées au cinéma, dans la saleté, en tombe malade. D'autres comme Fatima ont perdu leur emploi. Elle exerçait dans le commerce, mais impossible de se rendre tous les jours à son travail dans ces conditions. «On passe nos journées ici à attendre qu'on nous propose une solution de relogement, c'est pour ça que je ne peux pas m'absenter.» «Le plus dur est de ne pas savoir, c'est impossible de s'organiser», déplore la mère de famille.


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