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Un roman poignant et fascinant
Kamar ou le temps abrégé, de Bouziane Ben Achour
Publié dans El Watan le 13 - 11 - 2014

Le journaliste-écrivain Bouziane Ben Achour signe un nouveau roman soigné et élégant, s'inscrivant dans la même lignée que la dizaine d'autres œuvres qu'il a jusque-là écrites.
Kamar ou le temps abrégé, qui vient de paraître aux éditions ANEP, est à la fois un roman sensible et douloureux, saupoudré de poésie dramatique aux sombres reflets. L'auteur a développé une histoire énigmatique et intrigante, touchant à la frontière entre les travers de l'esprit et le paranormal. Le narrateur est obsédé par l'idée de comprendre la tragique disparition de son ami et semblable Saber, homme en disgrâce avec le bonheur, depuis que les hordes terroristes ont violé et décapité sa fiancée.
L'auteur, directeur d'El Djoumhouria, réussit un roman vertigineux autour d'un insaisissable sculpteur décidé à donner vie à une pierre, une statue en granit, avant de disparaître tragiquement. Des années après la mort de Kamar, sa dulcinée, «il continuait à la chérir, la faire ré-exister». Saber, ex-employé municipal à la retraite, est un personnage énigmatique, pathétique, intrigant, poignant, désintéressé de tout et surtout un homme en proie à des hallucinations de sens.
A la recherche d'un sens fort à donner à sa vie, «il remodelait son utopie sur une sorte de seconde vie pour un amour qui n'est jamais parti (…) Egal à l'illusion qui l'a bercé, Saber est parti avec son rêve tendre». Meurtre ou un suicide ? Voilà un puzzle romanesque qui passe, par petites touches, de la fiction au récit psychiatrique. Ex-patriote, il s'est engagé dans les groupes d'autodéfense non pas pour combattre les semeurs de la mort, mais plutôt pour «laver l'honneur de sa fiancée dépecée avant de rejoindre sa chambre nuptiale». «De cet amour brûlant non consommé», naît une blessure inguérissable.
Les pistes, symboles ou indices se superposent et, au fur et à mesure, l'auteur, qui est aussi critique de théâtre et dramaturge, rend son intrigue de plus en plus vertigineuse et fascinante. Jusqu'à rendre hypocondriaque son lecteur le plus réticent. Le narrateur, lui aussi modeste agent communal, est auditionné par la police comme suspect suite à la mort de Saber, avant que l'affaire ne soit finalement classée. L'intrigue suit les personnages avec toutes les folies qui ponctuent leur vie.
De Saber le schizophrène, au narrateur qui ne l'est pas moins, en passant par d'autres, déferlent des personnages mal timbrés et touchants, qui noient le drame dans une invraisemblable aura lumineuse. Le récit déroule une longue liste d'esprits dérangés. De Louz El Hilali, lui aussi suspect, «l'homme au rêve inachevé, celui qui aura eu le temps d'éplucher les non-dits» du narrateur, au couple Zidi Krakeb et Khbiza, en passant par Rokia, la femme aux pratiques occultes, ou encore Khirour, l'autre femme dont «les ambitions sont bornées à l'intelligence du corps et aux travers de la poche».
L'auteur s'amuse à combiner et à croiser le malheur de ces personnages, faisant craqueler progressivement leur triste destin, avant de faire exploser toute une perversité misanthrope dans l'épilogue. A travers l'enquête sur la disparition de Saber, l'auteur dresse, avec l'art qu'on lui connaît, les portraits de personnages défiant toujours leurs limites et hantés par de grandes questions philosophiques, mais aborde aussi les thèmes de l'excentricité, de l'injustice, de la défaite et, surtout, du bonheur interdit. Avec la virtuosité qu'on lui connaît, Bouziane Ben Achour construit et déconstruit le puzzle de cette tragique disparition de Saber.
Par le biais d'un déroutant labyrinthe, l'auteur manie avec un plaisir jubilatoire l'art délicat de la satire dramatique. Le récit dissèque le rêve brisé de Saber et expose l'envers du décor avec une causticité ironique, dépressive et surtout résignée. En grand styliste, l'auteur excelle dans l'art de manier les mots et les sentiments. Derrière la tension palpable à chaque page, se cache aussi et surtout un témoignage acerbe d'une tragédie et du coup un clin d'œil aux petites gens.
Le texte est poignant, frise même la schizophrénie : le narrateur surfant souvent sur les vagues de l'errance, du déphasage, de la course vers l'inconnu. «Convaincu de mon insignifiance (…), je me rends surtout compte que je n'avais été qu'un piètre figurant à qui on avait donné carte blanche pour meubler du vide, peindre du néant», désespère, vaincu, le narrateur. Des origines de la déchéance de Saber on ne sait rien. Jusqu'au jour où la tentative de réaliser une Kamar à l'identique n'a pas abouti (…) A l'affront de cette énième gifle, Saber se réfugie dans le suicide.
Il n'avait pas le droit d'être un héros, fût-ce à son échelle, l'échelle du bas de la liste, l'échelle des anonymes de la marge, des pauvres bougres, des trimardeurs et autres résidents des entrelacs de la misère archétypale (...) Il devait plutôt mourir pour que meure son désir d'élever une statue à Kamar. Très touchant ! Le lecteur des savoureuses cent soixante pages est sans cesse shooté à l'adrénaline. A volonté !


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