Les règles générales d'utilisation et d'exploitation touristiques des plages seront révisées à travers un projet de loi qui s'inscrit dans une démarche visant à «rétablir l'autorité de la loi» qui a été malmenée en beaucoup de points. On sait que l'espace côtier, comme tous les autres espaces publics, a subi l'assaut de l'informel depuis les années 1980, du fait de l'abandon par l'Etat de sa fonction de contrôle au nom de la liberté de faire des affaires et du « chacun pour soi « (tag 'ala men tag). Ainsi, pendant des années, des bandes ont contraint les estivants à payer pour accéder à la plage et leur ont imposé des services (location de parasols, chaises, etc.), en infraction de la loi et, pire, en violation de la Constitution, tout en étant impunis. Le respect du littoral doit devenir une culture. Selon la ministre du Tourisme et de l'Artisanat, Houria Meddahi «l'exercice sur le terrain a révélé certaines pratiques anarchiques, une exploitation illégale, ainsi qu'une atteinte au droit des citoyens à jouir de l'espace côtier», ce qui nécessite une révision profonde du cadre juridique en vigueur. Le projet de loi vient ainsi renforcer le principe de la gratuité d'accès aux plages et mettre un terme à l'anarchie dans l'octroi des concessions, à travers la mise en place de règles objectives, accordant la priorité aux opérateurs qualifiés. Elle répondait, mercredi, aux préoccupations des membres de l'Assemblée populaire nationale (APN) concernant ce projet de loi. Il s'agit d'«une vision globale et équilibrée traduisant l'engagement de l'Etat algérien à faire du tourisme un levier de la diversification économique». La révision des dispositions de la loi s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des instructions du Président Abdelmadjid Tebboune, pour le «développement du tourisme domestique, dans toute sa composante, avec une attention particulière portée à la promotion du tourisme saharien, qui connaît une attractivité croissante auprès des visiteurs et des touristes étrangers», a expliqué Mme Meddahi. Dans le cadre de la lutte contre la spéculation sur les prix durant la saison estivale, le texte impose aux établissements touristiques concernés par les concessions d'adopter des politiques tarifaires transparentes, tenant compte du pouvoir d'achat des citoyens et soumises aux règles de l'offre et de la demande, a fait savoir la ministre. Le projet de loi propose également «des solutions progressives pour la gestion des plages relevant des communes qui rencontrent des difficultés en termes de ressources humaines et techniques, en leur permettant de déléguer temporairement la gestion à des établissements publics à caractère touristique». Afin de garantir une saison estivale sécurisée, «des sanctions dissuasives ont été introduites, comprenant notamment des amendes à l'encontre de toute personne qui enfreint la loi, occupe une plage sans autorisation, entrave la liberté des estivants ou met leur vie en danger», a indiqué Mme Meddahi. Par ailleurs, selon un communiqué du ministère de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, les autorités locales à travers les wilayas du pays s'attellent à mettre en œuvre un plan d'action alliant aspects organisationnel, sécuritaire et environnemental pour accueillir les estivants dans les meilleures conditions et assurer le succès de la saison estivale 2025. Le ministère a insisté sur «l'impératif d'accélérer le rythme des travaux et le strict respect des normes de qualité» concernant l'aménagement des fronts de mer, notamment pour ce qui est du pavage, des trottoirs, de l'éclairage public et de l'aménagement des espaces réservés à l'installation de chaises ombragées. Les appels au civisme des citoyens ne manqueront pas. Seront-ils écoutés ? Il y a des endroits où la mer ressemble à une poubelle. Des campagnes de sensibilisation continues doivent être organisées pour la prévention des risques inhérents à la saison estivale tels que les feux de forêt et les noyades dans les plans d'eau», de «l'amélioration du cadre environnemental en veillant continuellement à la propreté des sites touristiques, en entretenant les espaces verts et en organisant périodiquement des campagnes de nettoyage des plages». Le plan prévoit aussi «l'amélioration de la couverture sécuritaire au niveau des plages, à travers l'intensification de la présence des agents de la Protection civile et la mise en place d'une surveillance permanente des infrastructures et installations».