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Les think tanks pour rééquilibrer un débat biaisé
L'économie otage des calculs politiciens
Publié dans El Watan le 01 - 12 - 2014

Face à la cooptation des associations patronales, des groupes de réflexion à vocation économique ou généraliste se présentent comme une alternative à des organisations accusées de complaisance vis-à-vis des politiques de l'Etat.
Dans un contexte où le débat sur les questions économiques et sociales ainsi que les décisions qui en découlent sont depuis des années incarnées par quasiment les mêmes acteurs, des questions surgissent sur l'efficacité de tels échanges (dont la tripartite gouvernement-patronat-UGTA est l'expression la plus commune). Cela, au moment où des appels à l'élargissement du débat sont lancés par des politiques, des associations et des syndicats autonomes.
Si la notion des think tanks est très développée ailleurs dans le monde, en Algérie, en revanche, tout reste à faire. Le Global Go To Think Tank Index Report 2013 de l'Université de Pennsylvanie (USA) en a recensé plus de 6800 à travers le monde, dont près d'un tiers sur le continent américain (voir cartographie).
L'Algérie arrive bien loin dans le classement de la région Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, devancée par ses proches voisins aussi bien que par les plus éloignés avec 12 think tanks recensés, trois fois moins qu'en Tunisie par exemple (voire graphe).
Le Conseil national économique et social n'ayant plus l'aura d'antan, des groupements s'érigent en nouveaux acteurs capables de produire des réflexions de fond et des propositions sur des thématiques engageant l'avenir économique et social du pays et donner le change aux décideurs politiques (voir graphe). Il sont généralistes et multisectoriels comme Notre Algérie bâtie sur de nouvelles idées (NABNI) qui recèle aussi bien des «libéraux que des conservateurs», nous dit-on, ou orientés vers l'économie et l'entreprise et prônant le libéralisme comme le Club d'action et de réflexion autour de l'entreprise (CARE). Ils sont composés d'industriels, d'économistes, de chefs d'entreprise, de juristes et d'experts de tous bords.
Certains membres sont présents dans les deux think tanks et parmi eux certains ont même fait partie ou font encore partie d'organisations patronales. Ainsi, le président de CARE n'est autre que Slim Othmani, PDG de NCA Rouiba, ancien candidat à la présidence du Forum des chefs d'entreprises (FCE), qui avait claqué la porte du Forum en pleine campagne électorale pour la présidentielle 2014, ulcéré que l'organisation fasse entorse à ses principes statutaires. L'homme est également membre de Nabni. D'autres membres des deux think tanks font aussi partie du FCE, à l'image du P-DG d'Alliance Assurance, Hassen Khelifati.
Réflexion
La vocation de ces groupements justifie leur composante éclectique. Ils prônent «une réflexion mûre, scientifique et désintéressée», exempte de toute teinte politique, comme nous l'explique un industriel du secteur privé membre des deux think tanks. «Quand nous plaidons pour quelque chose, ce n'est pas parce que ça va nous rapporter de l'argent tout de suite ou nous garantir un marché public. C'est une contribution de manière à ce que les réformes portent leurs fruits pour le développement économique et social du pays.» A ce titre, on se démarque volontiers des organisations patronales. «Nabni et CARE ne sont pas là pour défendre les intérêts de leurs adhérents», précise-t-il.
La précision est de taille quand on sait la position de figurants qu'occupent les principales organisations patronales dans le débat économique. Le dernier épisode du FCE, désormais présidé par Ali Haddad, l'un des principaux soutiens au 4e mandat de Bouteflika, a porté le coup de grâce à un monde patronal en mal de crédibilité et d'autonomie. Les adhérents à ces think tanks se targuent donc de jouir pleinement de leur indépendance. «Le seul critère pour rejoindre CARE c'est de le faire à titre individuel, afin d'assurer l'indépendance nécessaire à une réflexion utile. Le club n'est coopté par aucune organisation patronale ou gouvernementale», nous dit Mohand Touazi, chef d'entreprise basé en France et membre du Club depuis 4 ans.
Du côté de Nabni, on prône la même «indépendance totale et l'autonomie dans la réflexion que sur le choix des thématiques», indique Ouahab Hamidi, expert en ingénierie financière au sein du cabinet Ernest and Young et membre du groupe. Financièrement, «Nabni ne compte que sur l'engagement de ses membres. Elle n'a donc pas de compte à rendre.»
«Les membres cotisent sur le budget de fonctionnement de l'association. Certains sponsorisent des événements ou font des dons», explique encore un autre membre. Le think tank ne bénéficie pas de l'aide de l'Etat et «ne le veut pas. Les membres sont des bénévoles», nous dit-on. «C'est, pour Ouhab Hamidi, le meilleur moyen pour participer au débat public en produisant des solutions objectives avec des idées innocentes et pas coûteuses à la société.»
Biais
Si les think tanks mettent un point d'honneur à garder leur indépendance, c'est que les accointances entre décideurs politiques et économiques susceptibles semblent aujourd'hui «biaiser le débat» autour des questions d'intérêt national. La gestion ponctuelle et approximative de la politique économique du pays ces dernières années, vacillant au gré des prix du pétrole n'a, à titre d'exemple, pas empêché les organisations patronales, le CNES ou encore la majorité des députés de soutenir les mandats présidentiels successifs et les différents chefs du gouvernement et ministres qui se sont relayés quand même leurs décisions s'annulaient parfois mutuellement.
Les partenaires économiques et sociaux prenant part à la tripartite en sont toujours sortis satisfaits, même si les décisions prises sont rarement mises en œuvre. Pour autant, au niveau de ces think tanks, on se refuse de stigmatiser les organisations patronales. «Le FCE diffuse régulièrement des propositions dignes d'intérêt pour la vie de l'entreprise. La question est de savoir s'il a suffisamment d'influence et de poids pour se faire entendre par les centres de décisions», tempère Mohand Touazi.
Pour d'autres membres, ces accointances, si elles sont hors normes, elles ne sont pas propres à l'Algérie. «Dans un pays libre avec un marché symétrique, la défense des intérêts coule de source sans qu'il y ait collusion, mais dans pays ou l'influence de l'Etat est importante sur le fonctionnement du marché, il est normal que les associations patronales aillent intervenir à ce niveau-là pour des résultats plus fructueux», justifie un chef d'entreprise membre des think tanks. «Il ne faut pas être naïf. Partout dans le monde, il y a des groupes d'intérêt, des gens qui se bagarrent pour de l'influence politique comme le Medef en France».
Pour cet industriel du secteur privé, il est donc «normal que les organisations patronales en Algérie ménagent les politiques du gouvernement pour gagner ses faveurs et que les gens veulent être parrainés par de grosses pointures politiques». Ce qui justifie cette normalité, c'est que «nous sommes dans un pays où la sanction de l'entreprise qui fait faillite ou qui fait des bénéficies n'est pas décrétée par le marché, mais par celui qui influence ce marché, à savoir l'Etat.»
Influence
Comment donc ces think tanks peuvent-ils espérer influer sur les politiques publiques avec une telle réalité du marché ? Ils ont pour la première fois été invités dans une tripartite élargie à la société civile l'année dernière. Et puis, «il y a eu des idées et des propositions faites qui ont été reprises, notamment sur la facilitation des documents administratifs pour les citoyens dans les APC qu'on a martelée sans cesse. Il y a beaucoup d'efforts du gouvernement sur cet aspect», observe un adhérent de Nabni. Pour Ouhaba Hamidi, «les décideurs sont à l'écoute et preneurs d'idées, pourvu qu'on ne touche pas à leurs intérêts». De ce point de vue, Nabni «cherche plus à sensibiliser et à donner des solutions, peu importe ceux qui se les approprient».
Il faudra cependant plus que Nabni et CARE pour faire la différence. Des centaines, des milliers de think tanks sont nécessaires, nous dit-on. «Certains vont émerger plus que d'autres parce qu'ils apporteront des réflexions plus pertinentes, ils auront de ce fait plus de soutien». Pour l'heure et comme le note Mohand Touazi, Nabni et CARE sont «esseulés», notamment parce que les centres de décision «n'ont pas encore pris conscience de l'utilité de ce type de centre de réflexion».


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