L'association met l'accent sur l'inquiétude de la population quant à la contamination des nappes phréatique. On savait que la phase d'exploration avait déjà commencé dans le Touat et le Gourara où le gouvernement a prévu 11 forages pour évaluer le potentiel de ces régions du Grand-Sud sur le long terme. Surpris par des installations de forage inhabituelles, ne sachant pas s'il s'agit d'eau ou de pétrole, tant l'information des populations locales reste du domaine de l'impossible, les habitants ne savent plus à quel saint se vouer. Sortir dans la rue, manifester une inquiétude somme toute légitime et saine dans une démocratie émergente, le silence devient pesant. Et c'est pour briser ce statu quo qu'une association, portant le nom de l'énergie naturelle la plus abondante dans le Sahara algérien, s'est manifestée. Shams, un collectif de citoyens actifs depuis 2012, regroupant des cadres et de jeunes volontaires qui organisent des campagnes de nettoyage, œuvre à servir d'interface avec les autorités pour faire face aux différentes carences de la gestion dans la daïra d'In Salah. Les membres s'intéressent à l'environnement et à la préservation des ressources en eau, la démocratisation de l'assainissement et la qualité de l'eau potable desservie à la population qui souffre depuis des lustres de maladies dues à une forte salinisation des eaux. L'association pose lors de ses débats dans le monde réel et virtuel les questions qui préoccupent, celles qui dérangent. Elles tournent autour des retards aussi flagrants qu'inexplicables qui affectent le développements de cette localité martyrisée par tout. L'hostilité de la nature, un manque de prise de conscience citoyenne, un encadrement administratif impuissant et manque de compétences et l'oubli du pouvoir central. De l'ambition à In Salah Ainsi, outre les campagnes et les correspondances, l'association Shams a à son actif d'ambitieux projets versant dans la mise en place d'un apprentissage de la ségrégation des déchets au niveau scolaire, qui a déjà touché 15 écoles primaires et qui sera étendu l'année prochaine au reste des établissements scolaire d'In Salah. Le financement de ce projet a été assuré par l'ambassade de France dans le cadre des appels de projet auxquels a postulé l'association. L'autre projet phare de Shams est la vulgarisation du concept d'isolation thermique des bâtiments dans les zones chaudes et la construction durable. Un premier séminaire a d'ailleurs été organisé en mars 2013 en présence de 5 conférenciers nationaux avec des recommandations que les instances locales et centrales feignent d'ignorer. Mais qu'à cela ne tienne, Shams estime qu'un autre front peut être ouvert au niveau de l'APN avec la sensibilisation entamée auprès des députés du Sud pour mettre en avant ce problème de construction et de réglementations pour les zones chaudes. L'autre projet en maturation est le lancement d'un club scientifique inspiré du mouvement mondial Maker, Coder Dojo, l'électronique et l'informatique pour tous. Approuvé par le ministère de la Jeunesse, ce projet attend le financement promis par le département de Abdelkader Khomri. L'association cherche également un parrainage pour le lancement de son projet de brise-vent, une sorte de barrage vert où l'irrigation sera assurée par un système solaire. Contre l'exploration du gaz de schiste Mais le projet d'actualité pour cette association environnementale est indubitablement celui de la sensibilisation des habitants et des pouvoirs publics sur les effets néfaste de l'exploitation du gaz de schiste. Depuis que l'association a découvert que le nouveau champs gazier de Hassi Moumen, 35 km au nord de la ville d'In Salah, est le théâtre d'opérations d'exploration effectuées par Sonatrach et ses associés qui procèdent à l'injection de l'eau extraite (déshydrations) du gaz humide, une action a été lancée pour interpeller le gouvernement sur la nécessité de temporiser cette opération, surtout qu'un puits injecteur et des installations de pompage sont déjà en construction et que des informations sur une entrée en exploitation dès le premier trimestre de l'année 2015 circule. «Notre inquiétude est forte, justifiée et due au fait que cette eau est forcément contaminée par des produits chimiques, qu'elle est très salée (eau de saumure), en grande quantité, et l'injection sera opérée à une profondeur de 1400 m», lit-on sur le rapport adressé aux autorités du pays. Cette inquiétude a été vainement relayée aux différentes instances de la wilaya de Tamanrasset. Pour le collectif de Shams, l'inquiétude de la population par rapport à la contamination des nappes d'eau dans une zone aussi désertique que dépourvue que In Salah s'ajoute aux différents problèmes relatifs au non-développement de la région, ses conditions climatiques rudes, la qualité de vie déjà fortement dégradée par toutes sortes d'insuffisances en matière d'infrastructures de base, d'encadrement compétent auxquels s'ajoute le risque de dégradation irréversible de la seule et unique ressource vitale, fossile non renouvelable. L'association lance un nouvel appel au wali de Tamanrasset pour user de tout son pouvoir afin de lancer une enquête, une revue des autorisations acquises, auditer les études d'impact existantes et le degré de compétence des organismes chargés de ces études. L'association, qui regorge de compétences techniques, demande l'arrêt de cette opération et d'obliger Sonatrach et ses associés à traiter cette eau et mettre en place un procédé écologiquement propre par l'évaporation naturelle et la création d'une zone humide naturelle. Aussi, le collectif interpelle les pouvoirs publics sur la nécessité d'appliquer le principe de précaution (principe n° 15 de la déclaration de Rio signée par l'Algérie) arguant que les principes de prévention annoncés par le Premier ministre et le ministre de l'Energie ne constituent pas des valeurs sûres s'agissant d'une réserve d'eau fossile non renouvelable.