En marge du Festival international de la musique andalouse et des musiques anciennes, deux conférences ont été animées, lundi, à la Bibliothèque nationale d'Alger. La première conférence, animée par le directeur du Laboratoire de traduction en littérature à l'université de Constantine Abdelhalim Hammadi, a porté sur la thématique de «La musique andalouse de Zyriab à Ibn Baja». L'universitaire a indiqué que le véritable créateur de la musique andalouse est Ibn Baja. Ce dernier, originaire de Souk Ahras, a vécu au XIIIe siècle. Pour le spécialiste, la musique andalouse a connu trois étapes décisives dans son parcours. La première étape se situe à la conquête de Tarek Ibn Zyad, et ce, jusqu'à la chute des rois «Tayfa» et se caractérise par une musique berbère, amazighe et juive. Elle a pu s'imposer, en outre, grâce à la tolérance et à la conviviabilité qu'a connues l'Andalousie. La deuxième étape commence par l'arrivée de Tarik Ibn Ziyad en 1822. Cette étape se distingue par un enrichissement avec l'arrivée du patrimoine musical oriental, créé par les frères Mawoussili, hérité par Ziryab et transmis en Andalousie. Cet héritage musical oriental coïncide avec la gouvernance arabe en Andalousie avec les BéniOumeyya de Damas. Pour le conférencier Abdellah Hammadi, l'école de Zyriab a joué le rôle de diffuseur de la musique orientale arabe en Andalousie. Quant à la troisième étape, elle a commencé avec l'arrivée des Berbères au pouvoir en Andalousie avec, entre autres, les Almoravides. Du temps du pouvoir berbère, l'Andalousie a connu le vrai génie musical andalou, surtout avec le poète et compositeur Ibn Baja. Le penseur Tifachi — ayant vécu au XIIIe siècle — avait souligné dans l'un de ses ouvrages qu'il s'est approprié de l'héritage musical chrétien et de l'héritage arabo-musulman-berbère, musulman-andalou. Il a ainsi fait une fusion entre les deux types de musique. Le produit de cette fusion a donné naissance à une troisième tendance, qu'on appelle aujourd'hui musique andalouse, héritée en Afrique du Nord et dans une partie de l'Europe. Fethi Salah, du département de musique-musicologie, s'est penché sur la question suivante : «Faut-il transcrire la musique andalouse en Algérie ?». Pour ce spécialiste, il faut attirer l'attention sur la pertinence de l'outil utilisé dans la construction de la notation musicale moderne. Cette notation est récente historiquement. «On a transcrit non seulement pour laisser des traces écrites, mais également pour essayer de reproduire à partir de ces partitions», dit-il. Le processus de transcription a déjà été initié en Tunisie. La résistance à la construction vigoureuse durant le sièècle passé semble avoir terriblement diminué. «Les chouyoukh, aujourd'hui, sont soit sans opinion, soit ils ont fini par adhérer à la question affirmative. Le principal argument quant à la transcription de la musique des étrangers vient du fait que cela venait d'une époque et d'une culture où la musique ne pouvait être notée et transcrite. La notation du solfège qu'on utilise aujourd'hui est d'origine européenne.»