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La question israélienne dans la problématique proche et moyen-orientale
Publié dans El Watan le 16 - 08 - 2006

D'une guerre à l'autre depuis 1948, l'Etat hébreu n'a pas cessé de travailler à la réalisation du Grand Israël (2) qui, dans l'imaginaire des juifs du monde entier, qui ne se sont pas émancipés de l'aliénation religieuse, représente le dessein de Yahveh et la destin divin de leur peuple jusque-là voué à l'errance.
Ni les résolutions onusiennes condamnant l'occupation des territoires palestiniens, syriens, libanais et égyptiens et demandant à Israël de revenir à ses frontières d'avant juin 1967 (résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité notamment) ni le risque majeur et constamment présent de l'embrasement de tout le Proche-Orient n'ont fait renoncer Israël à cet objectif depuis sa création. Etat à l'apparence démocratique, parce que satisfaisant au principe des élections que l'Occident considère comme l'essence de la démocratie moderne, Israël fait face à des Etats arabes tout droit sortis du Moyen Âge et englués dans des rapports féodaux inextricables qui n'offrent aucun degré de liberté à l'homme en tant que citoyen et qui placent, en vertu d'une interprétation rétrograde de l'Islam, la moitié de leur population sous la tutelle asservissante de l'autre, diminuant ainsi de moitié leur propre force vitale. Pourtant, tout comme eux, l'Etat hébreu est d'essence religieuse et comme eux il œuvre à contre-courant de l'histoire, se condamnant ainsi lui-même. Car il n'a d'autre choix, pour imposer son existence aux autres (existence qu'il ne conçoit pas hors de la religion), que de nier l'existence des autres peuples et Etats sur la base de sa propre loi religieuse. Et ceux-là le lui rendent bien (sur la base de la leur) en niant son existence, l'obligeant par exemple à s'affilier à des organisations régionales extérieures à la zone géographique de son implantation pour affirmer son existence au sein de la Communauté internationale. Mais Israël ne fait pas qu'affronter l'hostilité de ses voisins arabes qui lui dénient le droit à l'existence : il la suscite aussi et la cultive dans une sorte de négationnisme à revers que rares sont les personnalités occidentales (juives, chrétiennes ou même laïques) à entrevoir, opérant de la sorte un recul prodigieux par rapport à l'intelligentsia européenne du XIXe siècle dont la pensée critique (voir par exemple. La question juive (3) de Bruno Bauer et de Karl Marx — ce dernier lui-même d'origine juive) ne faisait aucune concession aux idéologies religieuses en présence dans le traitement des problèmes sociaux et politiques de l'époque. C'est que, s'ils ne sont pas d'origine juive à la solde de l'Etat hébreu, les nouveaux penseurs de l'Occident vivent le même sentiment de culpabilité vis-à-vis des juifs que leurs parents et grands-parents en raison de la responsabilité écrasante de ces derniers dans la Shoah (sinon dans l'acte lui-même, du moins dans son esprit). Et les juifs eux-mêmes n'ont de cesse de cultiver en eux ce sentiment en se posant dans toutes les situations comme les victimes potentielles de nouveaux errements toujours possibles de leurs classes régnantes et de leurs populations (4). Ce sentiment de culpabilité explique pour une bonne part l'impunité dont jouit Israël qui se signale depuis plus d'un mois par les bombardements aveugles des populations civiles libanaises sans même encourir la condamnation explicite du Conseil de sécurité de l'ONU (phagocyté il est vrai par les Etats-Unis d'Amérique, provisoirement seule vraie superpuissance depuis l'effondrement de l'URSS). Alors que, après la guerre de 1973 et les accords de Camp David (septembre 1978) signés avec l'Egypte, un début de solution politique (c'est-à-dire non religieuse) avait commencé à se dessiner ayant conduit à l'évacuation du Sinaï par Israël, l'Etat hébreu n'a pas cru devoir poursuivre l'effort en évacuant aussi le plateau du Golan (syrien) pour trouver un accord avec son voisin du nord-est. Que dire de sa politique d'expansion en Palestine même, faite d'expulsions des populations arabes, de confiscation de leurs terres, d'exactions et de tueries à grande échelle menée depuis 1948 ? Sous le prétexte commode d'assurer sa sécurité, Israël a occupé pendant près de vingt ans le sud Liban qu'il n'a évacué partiellement qu'en 2000, tandis qu'il a purement et simplement annexé le Golan dans lequel il a créé, comme dans le reste de la Palestine, des colonies de peuplement. Peut-on s'étonner dans ces conditions que, tant en Palestine qu'au Liban- Sud, des mouvements armés aient vu le jour et mènent une guerre sainte contre l'Etat hébreu, rendant encore plus précaire sa sécurité et le condamnant à mobiliser en permanence 10% de sa population (5) ? Il n'est pas davantage étonnant que ces mouvements soient d'essence religieuse parce qu'Israël étant d'essence religieuse, il suscite une opposition religieuse à son existence. En suscitant la création du mouvement Hamas en Palestine (pour contrer l'organisation laïque qu'était l'OLP, devenue au fil du temps un interlocuteur crédible de l'Etat hébreu reconnu comme tel par la Communauté internationale) et du parti Hezbollah au Liban (après s'être servi de certaines factions militaires à base confessionnelle), il n'a pas seulement affaibli les deux seuls Etats de la région à caractère multiconfessionnel (et donc potentiellement laïques) : il a travaillé comme à dessein à la perpétuation de sa propre négation par ses voisins parce que tout comme lui ils se réclament (le nom du parti chiite libanais en fait foi) d'une autorité suprahumaine pour s'arroger des droits exorbitants sur les hommes de toutes confessions, de toutes origines et de toutes conditions. En ce sens, ni l'Etat hébreu ni le Hezbollah ne mènent de guerre pour une cause juste, si par cause juste on veut signifier la promotion de l'homme au rang d'acteur de sa propre histoire dans ce qu'elle a de factuel et non d'illusoire, de réel et non de chimérique. Cette histoire est l'histoire du processus par lequel les peuples découvrent, s'assimilent et domestiquent les forces de la nature sans l'intermédiation d'aucune force prétendument surnaturelle. N'est-ce pas ce processus que l'Europe (y compris la Russie soviétique), les Etats-Unis d'Amérique, le Japon, la Chine et maintenant d'autres pays d'Asie et d'Amérique latine ont su internaliser en accédant les uns après les autres à la maîtrise sociale de la science et de la technique et en produisant eux-mêmes non seulement leurs moyens d'existence, mais aussi leurs moyens de défense ? Parce que le peuple juif, qui se présente comme le peuple élu, a cherché à se préserver de toute influence, de toute impureté, de tout pêcher que représente pour lui la fréquentation des autres peuples de la terre, il s'est lui-même condamné à l'excommunication planétaire (s'il est permis d'employer ce terme à contenu religieux pour désigner le déni de droits et les persécutions dont le peuple juif a longtemps souffert), à l'exode puis à l'errance. N'ayant tiré aucune leçon de sa douloureuse et amère expérience, le voilà qui cherche à se reconstituer dans sa pureté originelle (6) au mépris des lois de l'histoire humaine, faite de brassages de populations, de cultures, de langues, de coutumes et même de religions (7). Sans doute a-t-il appris dans son errance même à réunir les conditions matérielles de sa survie en devenant une puissance d'argent (8) avant même d'être reconnu comme nation. Puis, dans un formidable effort collectif, l'Etat juif a accédé à la maîtrise de l'atome, symbole moderne de la puissance des nations et gage de leur invulnérabilité. Mais outre qu'il se trouve déjà pour ainsi dire dépassé par les événements, parce que d'autres acteurs que lui, d'autres civilisations que la sienne ont vu le jour au Moyen-Orient dont il ne peut persister à nier le droit à l'existence et qu'il ne peut de toutes façons réduire par la force brutale, sa conception de sa propre histoire — une conception plus chevillée que jamais aux mythes fondateurs du Grand Israël (les idées de peuple élu, de Terre Promise) — le disqualifie comme Etat séculier, c'est-à-dire comme organisation profane d'un peuple parmi d'autres digne de faire partie de la Communauté des peuples et des Etats de la planète. Alors même qu'il est démographiquement noyé dans la masse des peuples de la région, il ne se réalise que dans la négation de ceux-ci (qui ont eux-mêmes, de leur propre existence, une conception faite d'exclusion de l'autre). Seule différence entre Israël et les Etats arabes : tandis que lui met au service de son esprit dominateur (selon le mot du Général de Gaulle) les forces matérielles dont il a appris à se servir (grandement aidé en cela par les gouvernements occidentaux de droite et de gauche), eux ne cherchent qu'à perdurer dans un état de détresse matérielle et morale de leurs populations. C'est cette détresse qui nourrit les mouvements islamistes dont les peuples musulmans eux-mêmes sont des victimes expiatoires. Pourtant, si Israël a sur eux l'avantage de l'efficacité de la science et de la technique appliquée à la guerre, il ne le leur cède en rien pour ce qui est du non-respect de la vie en général, ne se distinguant d'eux que par le fait de considérer la vie de ses seuls ressortissants comme sacrée (9). Mais il y a pire : croyant avoir pour allié les Etats-Unis, Israël en est réduit à n'être que leur bras armé au Proche-Orient, chargé par eux de créer et de maintenir une tension à même de prévenir l'émergence de nouvelles forces susceptibles de remettre en cause leur présence dans la région. Ce sont la Syrie et l'Iran qui sont évidemment ouvertement visés ; l'une (la Syrie) pour représenter le dernier verrou à l'hégémonie américaine sur un monde arabe en déshérence, l'autre (l'Iran) pour être le seul pays musulman du Grand Moyen-Orient (après que l'Irak ait été cassé) à chercher à posséder l'arme absolue. En ce sens, la guerre du Liban entre dans une stratégie qui dépasse et de loin les protagonistes. D'où le refus catégorique des Etats-Unis d'accéder à la demande du Liban et de la Communauté internationale d'un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel tant leurs objectifs (à travers l'instauration de ce qu'ils appellent le Nouveau Moyen-Orient) n'auront pas été atteints. Dans ce cadre, la sécurité d'Israël apparaît comme un prétexte commode non le mobile réel ou la question de principe.
2. L'ESSENCE PROFANE DES INTERÊTS EN PRESENCE DANS LE PROCHE ET MOYEN-ORIENT.
Parce que d'essence religieuse, l'Etat hébreu n'est pas dans une opposition d'intérêt avec les Etats arabes qui sont aussi d'essence religieuse. Il ne les a pas occupés pour exploiter leurs ressources naturelles ou leur main-d'œuvre, exception faite du plateau du Golan syrien qui assure à Israël sa sécurité en eau et d'une portion congrue de la main-d'œuvre palestinienne, vouée à travailler en Israël pour survivre. Bien que possédant un formidable potentiel scientifique et technique du fait de l'afflux massif des juifs de tous pays possédant une très forte instruction (et de l'appui inconditionnel des pays occidentaux au premier rang desquels se place la première puissance mondiale), Israël n'est une puissance économique que par rapport à ses voisins arabes à économie de rente réfractaire à toute forme d'internalisation des process industriels dont on sait pourtant qu'ils sont à la base du développement matériel et du progrès social modernes. Peuplé de 6-7 millions d'habitants pour une superficie d'à peine plus de 20 000 km2 (soit moins que la Sicile), l'Etat hébreu ne constitue pas un marché susceptible de permettre à son économie (par ailleurs asphyxiée par des dépenses exorbitantes d'armement) de prendre un essor à même d'exiger de lui d'étendre son espace vital au sens où les Etats-Unis d'Amérique emploient ce concept. Aussi bien, c'est d'un point de vue purement religieux qu'il est question pour lui d'espace vital, les territoires des Etats voisins faisant partie intégrante à ses yeux du Grand-Israël. Ceux-ci n'ont pas davantage de prétentions économiques en réclamant la restitution par Israël de ces territoires. C'est d'un point de vue purement moral (c'est-à-dire non économique) qu'ils s'opposent à l'Etat hébreu en lui imposant une guerre d'usure dans laquelle ils ne sont d'ailleurs plus mobilisés collectivement depuis plus de 30 ans (1973) ; ce qui facilite grandement la tâche à ce dernier pour les défaire systématiquement. Si l'économie n'est pas le fer de lance de la guerre entre Israël et les pays arabes, ce n'est pas seulement parce qu'ils s'opposent et s'excluent mutuellement sur la base de leur loi religieuse : aucun Etat au monde ne peut survivre par la seule vertu des textes sacrés ni, a fortiori, lutter efficacement contre ses ennemis sans user de la force matérielle de l'économie (précisons qu'on entend ici par économie non seulement la capacité d'un pays à produire ses moyens d'existence, mais aussi à produire et faire usage de moyens de défense – les moyens de défense comprenant, en vertu du principe selon lequel la meilleure défense c'est l'attaque, les matériels offensifs les plus à la pointe du progrès technique). C'est donc pour d'autres raisons que l'Etat hébreu et les Etats arabes ne mobilisent que marginalement leur économie dans la guerre. Pour ce qui est des Etats arabes, leurs ressources en pétrole et en gaz, qui constituent les produits stratégiques des économies modernes, leur procurent suffisamment de revenus pour qu'ils se dispensent de tout effort productif (a fortiori de tout effort créatif) à même de leur assurer sinon les moyens de subsistance, du moins les moyens de défense. En renonçant à toute politique scientifique et technique, base du développement industriel, ils se condamnent à ne pas produire l'armement lourd dont tout pays a besoin pour assurer sa défense. Ils se mettent délibérément, ce faisant, sous la férule des puissances étrangères qui le leur fournissent à prix d'or tout en exerçant sur son usage un droit de regard qui, comme cela s'est produit à maintes reprises, se mue en embargo dès qu'il est question de la soit-disant sécurité d'Israël. Bien entendu, la fourniture de ce matériel obéit à des considérations stratégiques qui intègrent les pays arabes dans la sphère d'influence de puissances dont les intérêts n'ont rien de chimérique. Dès les années 1930, l'ensemble du Proche et Moyen-Orient a constitué l'objet de rivalités entre l'Angleterre et la France (et accessoirement entre ces deux puissances et les autres pays d'Europe occidentale) pour ensuite devenir le point de fixation des rivalités Est-Ouest où se mêlaient intérêts matériels et influences idéologiques. Bien que tirant leurs revenus de leurs propres ressources naturelles, les pays arabes se sont livrés pour ainsi dire pieds et poings liés aux puissances occidentales qui les exploitaient et desquelles ils devenaient un appendice de leur propre marché. En en sens donc, ils étaient déjà (et restent) dans la logique : pétrole contre nourriture que l'ONU n'a fait qu'avaliser en conférant à cette formule un statut juridique dans le cas de l'Irak. C'est tout naturellement que les Etats-Unis ont supplanté les pays d'Europe occidentale dans le rôle de tutelle économique des pays arabes après l'effondrement des puissances européennes qui se sont, par deux fois et comme à dessein, détruites mutuellement. Les tentatives de l'URSS de prendre pied dans les pays du Moyen-Orient les moins attardés (Egypte, Irak principalement) se sont heurtées au rejet irraisonné des régimes théocratiques et de la majeure partie de la population de ces pays qui n'y ont vu que l'influence idéologique que cette superpuissance cherchait effectivement à exercer dans la région (stratégiquement pourtant plus vitale pour elle que pour les Etats-Unis étant donné la proximité de son territoire d'avec ceux des pays de la région). Tandis que chacune des deux soi-disant puissances régionales qui s'étaient formées dans le sillage des rivalités Est-Ouest (Egypte, Irak) nourrissait la prétention d'exercer sur le reste du monde arabe un califat moral où se mêlaient principes laïques et dogme religieux, de nouvelles puissances morales, qui ne craignaient pas d'user du verbe sacré devant des populations où croyance et crédulité se confondaient, faisaient leur apparition : l'Iran et l'Arabie Saoudite. Au contraire des pays arabes, l'Etat hébreu, pourtant dépourvu de ressources naturelles, a développé une économie performante dont on aurait pu s'attendre qu'elle justifiât sa recherche éperdue d'espace vital par l'occupation de territoires d'autres pays. Ce n'est cependant pas ce qui le motive dans ses guerres contre les Etats arabes et pour cause : d'un point de vue économique, ses partenaires privilégiés sont l'Europe et les Etats-Unis d'Amérique, desquels provient l'essentiel de sa population avant que les pays de l'ex-bloc soviétique n'ouvrent eux aussi leurs frontières à l'émigration juive en Palestine. De par la composante même de sa population donc, il n'est que l'excroissance des économies européenne et américaine auprès desquelles il trouve argent, technologies et armement qui le placent lui aussi dans la position de simple consommateur. Si donc il est, comme s'en vantent les écrits laudateurs qui lui sont consacrés, le pays possédant le plus d'ingénieurs par unité d'habitants (140 pour 10 000), c'est davantage en raison de l'importance de l'emploi qualifié dans l'armée (qui compte plus de 10% de la population active dans ses rangs), que de leur contribution à l'économie civile. Ajoutons que, tout comme il se définit politiquement par une démocratie ethnique paradoxalement proche des conceptions nationales- socialistes dont les Juifs ont tant souffert, il se définit économiquement par la recherche de l'autarcie (10), ce qui explique l'organisation des colonies juives en Kibboutzim (cette espèce de phalanstère où la vie est entièrement réglée par le Talmud) et le poids politique de ces groupements socioéconomiques représentés à la Knesset et dans le gouvernement par les partis d'extrême droite religieuse. Si donc il y a, derrière cette guerre, des mobiles économiques, ils ne servent ni Israël ni les Etats arabes mais bien les Etats-Unis d'Amérique, qui aspirent dans l'esprit impérial des grandes puissances du passé, à se mettre le monde entier sous autorité. En cela, quelle que soit l'issue de la guerre actuelle, elle laissera un goût d'inachevé si les Etats-Unis ne réalisent pas leur grand projet de Nouveau Moyen-Orient par le dépeçage du Liban, de la Syrie et de l'Iran. A moins qu'ils n'aient pas le temps de prévenir le nouvel équilibre de la terreur qui se profile avec l'accession de l'Iran au statut de puissance nucléaire. C'est dire si la résolution 1701 que le Conseil de sécurité de l'ONU vient de voter à l'unanimité de ses membres présage de guerres nouvelles dans la région tant en raison des zones d'ombre qu'elle laisse sciemment subsister dans le traitement du conflit quant au fond, que de l'insatisfaction contenue d'Israël et des Etats-Unis quant à la réalisation de leurs objectifs respectifs.
Notes
2- Le Comité consultatif pour la Palestine chargé par le gouvernement anglais, après l'adoption de la déclaration Balfour en 1917, de définir les frontières de l'Etat d'Israël en gestation sous le nom de Foyer national juif en Palestine, a rendu ses conclusions dans les termes suivants : Compte tenu des facteurs historiques, économiques et géographiques, nous estimons que les limites du Foyer national juif devraient être : Au Nord du Litani jusqu'à Banyas, près des sources du Jourdain ; puis en direction du sud-est, jusqu'à un point méridional proche de Damas et de la voie ferrée du Hedjaz, à l'Est, le territoire situé à l'Ouest de la voie ferrée du Hedjaz. Au Sud, tout le territoire situé entre Akaba et El Arish. à l'ouest, la Méditerranée. F. Ra'man, The frontiers of Nation, cité par Collectif d'auteurs, La Palestine en question, Ed. Sned, Alger, 1970, page 53.
3- Ed. 10/18, 1967.
4- La résurgence du mouvement fasciste en la forme de partis néo-nazis dans toute l'Europe est de nature à susciter la plus vive inquiétude.
5- Selon les données statistiques récentes, Israël compte une armée de 168 000 hommes et de près de 500 mille réservistes qu'il vient de mobiliser en partie.
6- Dès avant la création du Foyer national juif en Palestine, Moïse Hesse écrivait en 1862 que « les Juifs n'ont réussi à préserver leur existence que parce qu'ils ont conservé depuis des siècles leur instinct racial », in Rome et Jérusalem.
7- L'intégration des rites païens des peuples d'Amérique latine dans la religion chrétienne est un exemple édifiant de l'interpénétration des croyances.
8- Dans La question juive, Marx dit de l'argent qu'il « est le Dieu jaloux d'Israël devant qui nul autre dieu ne doit subsister ». Op. cit. p 52.
9- Dans un reportage de France 2 relayé par le journal de TV5 Monde, le correspondant de la chaîne en Israël, après avoir fait le décompte des victimes civiles du conflit, a comparé en ces termes les situations en Israël et au Liban : « Bien sûr, c'est peu en comparaison du nombre de morts au Liban. Mais ici on ne compte pas comme là-bas. »
10- I. Cohen, A short History of Zionism, Ed. 1972.


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