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«L'islam, otage des imams charlatans»
TAHAR GAïD. Cofondateur de l'UGTA, ancien ambassadeur, auteur et islamologue
Publié dans El Watan le 29 - 01 - 2015

Il va sur ses 86 ans, mais il a encore visiblement beaucoup d'énergie. Tahar a raison de dire que la vieillesse étant longue, il ne faut pas la commencer trop tôt. Moudjahid, cofondateur de l'UGTA, ancien ambassadeur et islamologue, Tahar considère qu' à son âge, la vie est encore une friandise à déguster. L'homme est chaleureux, convivial toujours attentif aux bruits de la société et plus généralement du monde. Il a beaucoup disserté sur les maux qui rongent l'islam et l'actualité brûlante, l'affaire Charlie l'a bien évidemment interpellé.
«La France a été secouée par un drame, celui de Charlie Hebdo. Elle a massivement manifesté contre cet acte abominable qu'est le crime en lui-même. En notre qualité de musulmans, attachés à nos valeurs morales et humaines, nous ne pouvons que condamner tout assassinat de personnes innocentes, mais nous ne pouvons pas justifier des caricatures que nous considérons être une offense et une insulte à la deuxième religion de France.
Cette manifestation à travers toute la France se voulait aussi une défense de la liberté d'expression. En notre qualité de musulmans, fiers de nos principes de liberté et d'égalité, nous ne pouvons qu'apporter notre soutien à la liberté de l'homme où qu'il soit.Umar Ibn al Kattâb n'a-t-il pas déclaré : ‘‘Comment pouvons-nous porter atteinte à la liberté de l'homme, alors que sa mère l'a enfanté libre ?''» «Toutefois, il ne convient pas de confondre la liberté d'expression avec la liberté de provocation quand on publie un Charlie hebdo avec une première page portant atteinte à notre dignité et à un moment où on parle d'un prétendu ‘‘vivre- ensemble''. Ce n'est rien d'autre qu'un acte politiquement irresponsable et pénalement un outrage à notre religion».
L'ISLAM VISE
Capable de colères homériques, Tahar sait aussi conserver un jardin secret où il se ressource. Au-delà du fier pays des Ath Yala qu'il visite fréquemment, sa bibliothèque fournie lui offre la quiétude et la lecture, «la tête dans les étoiles et les pieds sur terre». Sur les étagères, au milieu d'ouvrages savants, les siens tiennent une bonne place. Presque tous sont consacrés à la religion. Cet octogénaire au caractère trempé, au maintien strict, qui a traversé des épreuves mouvementées, évoque l'attitude ambiguë et controversée de certaines voix qui jettent l'huile sur le feu en compliquant encore plus les choses.
«Il y a eu de nombreux dérapages organisés par ceux qui assimilent l'islam à ces terroristes. Que les pourfendeurs haineux de l'islam sachent qu'en notre qualité de musulmans, nous ne pouvons que condamner avec force tout acte barbare et criminel parce qu'il est totalement incompatible avec les enseignements islamiques. Dans ce contexte, j'ai publié dernièrement un livre intitulé L'homme et ses droits dans le Coran, paru aux éditions Samar. Il est question précisément, entre autres, de la liberté en islam, du droit à la liberté religieuse, du droit à la concertation (shoura), du droit à la justice, etc.
Ainsi, l'islam ne se conjugue pas avec égarement. Il se situe au milieu des deux extrêmes. Il est, à cet effet, la religion du juste milieu. C'est pourquoi ces terroristes ne peuvent être, en aucune façon, qualifiés de ‘‘musulmans''. Par leur comportement criminel, ils s'excluent de la communauté muhammadienne. Ils relèvent alors du droit commun et c'est dans ce contexte qu'ils doivent être perçus, jugés et condamnés».
Tahar confirme que «le mal est en nous-mêmes», parce que nous nous éloignons de plus en plus de nos valeurs, en s'appuyant sur ce verset de la sourate IV : «Tout bien qui t'arrive vient de Dieu,Tout mal qui t'atteint vient de toi-même.» Tahar stigmatise «ces imams charlatans» qui défilent sur certaines chaînes avec la bénédiction des autorités et dont l'influence néfaste sur les téléspectateurs est avérée.
Ceux-là aussi déforment la religion à travers une vision réductrice et aux antipodes des réelles prescriptions contenues dans le Coran. Ceux-là, il faut les dénoncer au même titre que «les Occidentaux qui font croire que l'islam est étranger à ces mouvements extrémistes, mais adoptent une attitude pernicieuse et consciemment maladroite.En effet, en agitant comme des épouvantails, des imams du calibre de celui de Drancy, ils attisent le feu et n'apportent que de l'eau au moulin des terroristes.
En faisant gesticuler des guignols sur la scène politique pour représenter l'islam, ces gens ne font qu'approfondir le fossé entre les communautés au lieu de les rassembler et de les unir. Ils savent pourtant que ce sont des personnes qu'ils utilisent momentanément en attendant de les jeter lorsqu'ils n'auront plus besoin d'eux.» L'ancien syndicaliste qu'est Tahar qui a pris part à la naissance de l'UGTA en 1956 n'est pas du tout en phase avec ce qui se passe actuellement dans le monde du travail.
«En Algérie également, des épouvantails s'agitent sur le plan syndical. En effet, nous avons perdu de vue nos orientations du 1er Novembre 1954, tant il est vrai que les dirigeants de l'UGTA actuels ne peuvent pas se présenter comme les héritiers des fondateurs de cette centrale syndicale, ni de la première équipe du secrétariat qui a pris la relève pour la construction du pays de 1962.
La philosophie du syndicalisme algérien portait sur le principe de la revendication matérielle et celle de l'édification Hélas ! La dislocation de l'unité syndicale et l'émergence de nombreux syndicats indépendants sont une preuve suffisante du dérapage historique.»
Né en 1929 à Timengache, dans la commune de Guenzet, Tahar est revenu à Alger à l'âge de 22 jours, car il habitait Belcourt et que selon une tradition bien ancrée, «l'accouchement se faisait toujours au bled.» C'est dans ce quartier populaire de la capitale que Gaïd a fait ses classes à Aumerat et… à Bordj Bou Arréridj, où son père Salah, greffier, a été muté : «On l'a suivi mes sœurs et moi.Puis ce fut la médersa de Constantine pendant 3 ans et celle de Taâlybia d'Alger pour la même période. J'avais comme condisciples Amara Rachid, Lounis, Benhamida, Saber Mustapha…»
MEDERSIEN MILITANT
«L'éveil à la conscience nationale s'est fait lors des meetings organisés parfois dans les skifas, pendant les fêtes, comme le faisait le regretté Bouda Ahmed. Il y avait un voisin, Brahim, qui m'y emmenait. C'est comme ça que j'ai fait la connaissance du nationalisme. Le sentiment patriotique s'est réveillé en moi dès l'âge de 15 ans où j'étais membre d'une cellule du PPA au collège de Médéa, j'ai été arrêté le 8 mai 1945, dans cette ville, avec le fils de Messali Hadj, lycéen dans le même établissement».
Sans jamais se départir de l'humour, y compris sur lui-même, Tahar évoque avec gravité les pages de l'histoire du mouvement national et notamment la polémique née autour de Messali. «Messali a été le père du nationalisme moderne, comme Massinissa a été le père du nationalisme antique. A partir de 1953, Messali a sombré dans la mégalomanie et le culte de la personnalité. En 1947, il a poussé le parti à se présenter aux élections, alors que le comité central était contre. Deux fois on lui a donné l'occasion d'aller à l'étranger pour représenter l'Algérie.
La première, à La Mecque pour le pèlerinage. On lui a demandé de rester au Caire. Il a refusé. La deuxième fois lorsqu'il était en résidence à Niort, en France, tout était préparé pour son évasion en Suisse, mais le projet a capoté.Son chauffeur, Touati El Hachemi, a raconté que Messali avait peur de perdre sa suprématie sur le parti. Il voulait rester le maître incontesté. D'où des déviations et des dérapages. En 1954, il a combattu le FLN. A ce titre, il est normal que les moudjahidine le considèrent comme un traître.»
Dans son riche parcours, Tahar a été ambassadeur au Ghana quand l'emblématique N'krumah dirigeait ce pays. Homme du juste milieu, il dédaigne les extrêmes. Fin diplomate, qui se réfère à l'imam Ali : à travers cette maxime «Ne sois pas trop tendre, car on te pressera , ni trop sec, car on te brisera».
«J'étais aussi représentant de l'Algérie en Tanzanie et dans tout l'Est africain et délégué au Comité de libération dont le siège était à Dar Essalem. Dans mes souvenirs enfouis, ma rencontre avec Malcom X à Accra en 1963. Il est venu me voir à son retour du pèlerinage.
Beaucoup disent que c'est ce pèlerinage qui lui a fait changer son orientation politique.Ce qui n'est pas le cas. Son obsession, c'est la défense exclusive des Noirs. Je lui ai expliqué qu'il y a des Blancs qui sont révolutionnaires qui adhèrent à vos thèses. Vous pouvez avoir des alliés blancs américains. C'est ainsi qu'en 1964, il a donné une conférence de presse à New York, où il a dit que c'est l'ambassadeur d'Algérie au Ghana qui m'a fait changer d'opinion en me conseillant de créer un parti».
La lutte qu'il a menée, quoique silencieuse et sans bruit, a été en phase avec les idées de Tahar qui est resté lui-même en refusant souvent d'apparaître en public. Il raconte avec fierté sa rencontre avec le célèbre «Che». «Il pensait faire une révolution en Afrique. On en a discuté toute une nuit à Accra.
Je lui ai fait comprendre que dans le contexte de l'époque, il était impossible de faire face à l'esprit tribal qui rythme la vie des Africains. Une année après, à son retour d'une réception organisée par Nkrumah, il est venu me dire : ‘‘You are right''.» Des anecdotes de ce genre, Tahar en a plein la sacoche et il compte les consigner dans un prochain ouvrage.
L'histoire falsifiée
L'écriture de l'histoire le passionne et le désole, dès lors que «la falsification des faits, leur glorification au profit d'individus sans scrupules est devenue une réalité amère.Le frère de Gaïd Mouloud, historien et qui était le dernier à avoir vu Abane Ramdane avant son départ de Tunis pour le Maroc où il a été lâchement assassiné, de la moudjahida Malika Gaïd, conclut par l'histoire du Mouvement national qui est parfois rudement malmenée, voire martyrisée, comme cet aspect du dérapage par un fait historique qui paraîtrait anodin.
«C'est celui de Yacef Saâdi qui avait, il y a quelques semaines, déclaré qu'il avait connu Malika Gaïd à La Casbah et qu'elle était mariée à un frère de Zohra Drif. C'est complètement faux. Malika est née à Belcourt.Elle a aussi vécu à Bordj Bou Arréridj auprès de sa famille dans le village de Timengache des Ath Yaâla. Elle est morte célibataire à l'âge de 24 ans dans la Wilaya III.
A cette occasion, le colonel Amirouche a écrit à son frère cette lettre où il lui déclarait : ‘‘Elle est tombée au champ d'honneur dans la commune de Maillot (aujourd'hui Mechedellah) le 26 juin (1957), les armes à la main. Nous perdons non seulement une sœur, mais aussi une combattante, un exemple de courage et d'abnégation qu'elle a su communiquer à tous''». La lettre encadrée sous verre est jalousement gardée …


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