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Madani Safar Zitoun . professeur de sociologie : «Il faut s'attaquer à tous les transferts sociaux invisibles»
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Publié dans El Watan le 09 - 03 - 2015

Dans cet entretien, Madani Safar Zitoun, sociologue, directeur du Laboratoire d'analyse socio-anthropologique (LASADET) regrette l'absence d'enquêtes sérieuses et ciblées sur la pauvreté.
Ce qui complique le travail d'analyse. La dernière enquête d'identification des «poches de pauvreté» date de 1995 et n'est plus d'actualité. Entre-temps, il y a eu beaucoup de changements. D'où la nécessité de lancer d'autres enquêtes pour vérifier l'impact des programmes de développement agricole et rural qui ont injecté beaucoup de ressources publiques dans les zones identifiées comme «pauvres».
-Avec la hausse des prix et la persistance de l'emploi précaire, de plus en plus de familles n'arrivent pas à subvenir à leurs besoins, accentuant le phénomène de la pauvreté. Qu'en pensez-vous ?
Il existe en effet depuis quelques mois une hausse soutenue des prix des produits agricoles et de certains produits alimentaires dus à des facteurs de dépréciation de la monnaie nationale, qui n'ont pas été compensés par une hausse concomitante des salaires et revenus. Mais faudrait-il pour cela conclure à une augmentation de la pauvreté ? On peut le supposer certes, mais faute de mesures précises, on a le droit de spéculer et d'assombrir le tableau.
Dans une économie normale, la baisse générale et relative du pouvoir d'achat se répercute nécessairement sur la demande, sur le niveau de la consommation, tirant les prix vers le bas. Or, ce que nous observons, c'est que la demande reste aussi forte qu'auparavant malgré des prix à la hausse. Il ne semble pas y avoir de fléchissement de la consommation, hormis pour certains biens comme les voitures, les biens de luxe et autres fantaisies consommatoires que les ménages se sont permis lors de la forte augmentation des salaires observée ces dernières années.
Il semble bien que la majorité des ménages algériens a encore des réserves de pouvoir d'achat, à l'exception peut-être de ceux situés en bas de l'échelle des revenus, mais aussi en ce qui concerne ce que l'on appelle les «classes moyennes» des conduites et stratégies consommatoires plus prudentes dues essentiellement au report de certaines rubriques de dépenses vers l'acquisition d'un logement dans le cadre des programmes publics AADL et LPP.
-Quelles sont les zones les plus touchées par ce phénomène ?
Impossible de le dire faute d'enquêtes sérieuses et ciblées. La dernière enquête d'identification des «poches de pauvreté» date d'une dizaine d'années. Il faudrait refaire le même travail aujourd'hui : vérifier l'impact des programmes de développement agricole et rural qui ont injecté beaucoup de ressources publiques dans les zones identifiées comme «pauvres», voir si la géographie de la pauvreté a changé.
Notons à cet égard la fausse impression que pourraient donner les mouvements de contestation que l'on a observé ces dernières années, qui ne sont pas des mouvements contre la cherté de la vie, contre la baisse des ressources des ménages, mais des revendications à amener plus de qualité, d'équipements, de projets d'amélioration des conditions collectives de vie : routes, gaz, assainissement, etc.
Si ces mouvements veulent dire quelque chose, c'est bien que la population algérienne a vu son niveau général de vie s'élever sensiblement depuis quelques années, et qu'elle se situe actuellement dans une phase où ce sont les composantes de ce que les experts appellent la pauvreté relative qui deviennent discriminants : l'accès au deuxième palier des services fondamentaux, qui ne recouvrent plus des besoins individuels de survie (besoins alimentaires, d'habillement, logement), mais des besoins de confort élémentaire collectif : accès à l'eau, au gaz, aux transports, à la santé.
-De nombreux salariés se retrouvent avec un pouvoir d'achat tiré vers le bas. Pourrait-on parler dans ce cas de la disparition de la classe moyenne ?
Là aussi il ne faut pas aller trop vite en besogne et en conclusions hâtives. La classe moyenne, ou plutôt les classes moyennes, constituent une catégorie de classement statistique et pseudo sociologique où l'on retrouve des groupes sociaux disparates aux profils de consommation et aux conduites socio-économiques assez contrastées.
Entre les couches moyennes inférieures, à la limite du seuil de pauvreté générale, qui ont peur de tomber plus bas, et les couches moyennes supérieures qui bénéficient à des degrés divers de la manne rentière publique, il y a des contrastes très forts.
Et puis, là aussi nous manquons d'indicateurs fiables pour mesurer les disparités de revenus. A ma connaissance, et je peux me tromper, le dernier indice de Gini qui mesure ces disparités date de 1995 pour l'Algérie. Depuis lors, les disparités de revenus se sont accentuées, mais qu'en est-il au juste, nous ne le savons pas.
-Quelle politique salariale adopter pour une répartition équitable du revenu national ?
Je laisse la réponse à cette question aux politiques et aux «partenaires sociaux» qui sont mieux placés que moi pour en parler. C'est un gros problème qui mérite un large débat et nécessite un fort consensus sociétal. Je me contenterai de dire qu'il faut se méfier, dans ce cadre, du caractère pernicieux de certains stéréotypes «égalitaires» et populistes qui ont fait et qui font encore des ravages considérables à notre économie et à notre société.
Une vraie politique salariale devrait être, à notre avis, liée à la productivité de chacun dans le cadre de la fonction, de l'activité qu'il exerce, dans tous les secteurs. Cela nécessiterait cependant une réforme, une refondation très douloureuse de notre économie sur de nouvelles bases et valeurs et un travail de reconfiguration de l'Etat-providence tel qu'il fonctionne maintenant. L'enjeu est de parvenir à maintenir les acquis sociaux considérables engrangés depuis l'indépendance du pays, tout en les articulant au fonctionnement réel de l'économie
-Faudrait-il à votre avis revoir la politique des subventions des prix ?
Il faudrait à notre avis avant de s'attaquer à la politique de subvention des prix des produits de large consommation, décision difficile à mettre en œuvre dans la mesure où elle est conditionnée par un travail sérieux d'identification réel et à jour des «vrais» pauvres et des «vraies» catégories vulnérables passibles d'un traitement bien ciblé et fiable, faire tout d'abord le ménage dans la maison.
C'est-à-dire s'attaquer à tous les transferts sociaux invisibles qui constituent un véritable tonneau des Danaïdes : l'évasion fiscale, notamment le recouvrement des taxes locales, le travail informel, l'évasion des loyers quand on sait que la grande majorité des locataires du secteur public ne paient pas leurs loyers et leurs charges, etc. L'Etat-providence à l'algérienne ne peut fonctionner indéfiniment à partir de l'injection invisible d'une rente pétrolière, qui est une ressource extra sociale ne l'oublions pas, et qui se tarit de jour en jour.


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