Comment l'année 2014 s'est présentée pour votre entreprise en termes de ventes ? Malgré le recul du marché de l'automobile sur les trois dernières années, nous avons terminé l'année 2014 avec des ventes de l'ordre de 2000 unités toutes gammes confondues, contre 1600 unités écoulées en 2013, soit une de progression de 30%. Cette progression est due notamment à de nouveaux produits que nous avons introduits l'année dernière. C'est le cas, entre autres, des SUV et de La Mirage, une voiture citadine à budget moyen. Globalement, nous sommes satisfaits pour l'année 2014. Le marché de l'automobile a enregistré une décroissance entamée depuis l'année 2013. Quelles sont les raisons de ce repli, d'après vous ? Le marché de l'automobile commence à être saturé. Il faut savoir aussi que durant l'année 2011-2012, la croissance du marché est allée un peu plus rapidement que sa vitesse moyenne. Le marché algérien représente entre 300 000 à 350 000 unités/an. En 2012, il a culminé avec 440 000 unités. Le marché automobile a été le premier des secteurs à avoir profité des augmentations de salaires avec leur effet rétroactif suite à la décision de l'Etat. Cela s'est répercuté directement sur nos ventes. Nous pouvons parler de régression que si l'on compare avec l'année 2012-2013. En réalité, le marché progresse à une vitesse normale. Depuis l'année dernière, les Algériens préfèrent investir ailleurs que dans l'automobile, notamment dans l'acquisition d'un logement AADL. C'est pour toutes ces raisons que le marché a reculé et l'on s'attend à une année difficile en 2015. Quelle est votre stratégie pour maintenir votre progression alors que l'année s'annonce difficile pour l'ensemble des acteurs du marché ? Nous avons la chance de commercialiser un véhicule commercial. Même si les particuliers arrêtent d'acheter, ce n'est pas le cas des entreprises. L'économie ne va pas s'arrêter. Les chefs d'entreprise ne vont pas s'arrêter d'acheter des véhicules pour faire tourner leur activité. C'est la force de frappe des marques asiatiques d'avoir des véhicules de chantier. C'est pour cette raison que nous relativisons ce repli du marché. Certes, l'année sera difficile, mais nous avons la chance d'avoir certaines gammes de produits et nous sommes installés sur certains segments où la vente va baisser, mais sans pour autant s'arrêter. S'agissant de notre stratégie, nous avons des nouveautés, notamment le pick-up L 200 qui sera présenté en avant-première au Salon de l'automobile, prévu du 18 au 28 mars au palais des Expositions à Alger. Il vient de sortir de l'usine et l'Algérie est le premier pays à l'exposer. Il y aura des offres tout au long l'année et nous sommes réactifs par rapport aux changements sur le marché. Notre ambition est de progresser davantage. Nous misons sur une croissance de 30% de ventes en 2015. Même si nous prévoyons une légère baisse des ventes auprès des particuliers, nous sommes confiants pour l'avenir pour ce qui est des véhicules utilitaires. La concurrence semble intense, notamment avec les marques européennes… Chez Mitsubishi, nous ne pouvons pas réellement nous comparer aux Européens, car nous n'avons pas la même gamme et nous ne sommes pas installés sur les mêmes segments. Nous sommes plutôt des concurrents des voitures asiatiques voire japonaises, comme Nissan et Toyota. Chacun a sa propre clientèle. Nous avons des véhicules utilitaires. Les marques européennes, par contre, proposent des gammes destinées aux particuliers. Chacun essaie de prendre des parts de marché. Qu'en est-il de la politique des prix et celle du service après-vente ? Il y a beaucoup de paramètres qui déterminent la politique des prix. A lui seul, le taux de change influence nos prix. Quand le dollar baisse, nous essayons de faire profiter nos clients avec des remises. L'année dernière, par exemple, nous avons offert une remise jusqu'a 200 000 DA sur des produits pour faire profiter les clients. Ce début d'année, par contre, nous étions obligés d'augmenter nos prix parce que le dollar a enregistré un niveau record. Pendant l'année, il y a des réajustements des prix en fonction de ces paramètres. Mais, nous restons compétitifs face à nos concurrents directs. S'agissant du service après-vente, il constitue une question primordiale pour tout produit. L'Algérien est un client exigeant en matière de service après-vente. Le service après-vente prend une dimension plus importante dans le segment des véhicules utilitaires. Nous faisons des pieds et des mains pour avoir toute la disposition possible au bon moment et au bon prix. Nous avons mis en place depuis deux ans une stratégie d'après-vente pour le suivi des entreprises clientes. Nous avons, par exemple, des camions-ateliers équipés destinés à procéder à des réparations dans les zones reculées. Le gouvernement vient d'instituer de nouvelles modalités d'exercice de l'activité de concessionnaire de véhicules neufs ? Pensez-vous que ces disposions sont pénalisantes ou avantageuses ? Le texte a été élaboré par les différentes parties dont le ministère des Finances et nos représentants, mais nous n'avons pas encore le cahier des charges. Certaines des mesures sont bonnes pour le client, notamment en ce qui concerne le service après-vente. Nous respectons la loi qui est faite pour être appliquée. Nous espérons que le gouvernement nous accordera le temps suffisant pour nous réadapter.