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A Azzaba, on meurt lentement mais sûrement du mercure
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Publié dans El Watan le 08 - 05 - 2015

Dix ans ont passé depuis sa fermeture. Mais le site du complexe de mercure Ben Smaïl de Azzaba (wilaya de Skikda), n'a toujours pas été dépollué. Les médecins font le lien entre les maladies chroniques relevées sur le site et la présence de mercure dans l'environnement.
Abderrahmane Zrazhi fait régulièrement des pauses. Parler le fatigue. Dans sa main, il garde son inhalateur et sa ventoline, au cas où. Cet ancien fonctionnaire de l'usine de transformation de mercure, à Ben Smaïl, la soixantaine, vit dans la cité des Frères Souici, appelée ici Zaweya. Au pied de la décharge où s'entassent les déchets — estimés à plus d'un million de tonnes — de l'ancien complexe fermé en 2005. El Watan, dans une enquête publiée en 2012, mentionnait un rapport officiel du ministère de l'Environnement qui relevait «plus de 60% de la composante de ces déchets sous forme de particules fines», ce qui accentue leur propagation.
Nous sommes à 40 km de Skikda et à 7 km d'Azzaba. Bouzra, un village entre l'usine de transformation et la mine d'extraction de pierres de mercure, attend depuis toutes ces années que le site soit décontaminé. «On vit ici depuis notre enfance, avec nos familles et nos animaux. La majorité des personnes qui habitent autour de l'usine sont malades, mais on n'a pas le choix, nous n'avons pas où aller», nous confie un vieux qui passait près de l'oued qui serpente à côté de la clôture de l'usine.
Abderrahmane montre les certificats médicaux établis par le médecin chef du service médecine de travail au CHU Ibn Sina, à Annaba : on apprendra qu'il est atteint «d'une aggravation des séquelles d'une intoxication chronique au mercure». «Dans notre cité, il y a des gens qui meurent chaque année à cause des maladies liées à l'intoxication au mercure, affirme-t-il. Certains, précisément 14 personnes, sont devenues stériles. Et, selon leurs médecins, c'est aussi à cause du mercure».
Gaz
Pour le professeur Abdelmalek Nazal, le lien entre la présence de mercure et les maladies développées dans le périmètre de l'usine ne fait aucun doute. Même si aucune étude épidémiologique n'est là pour corroborer les fait. «Les patients que j'examine depuis plus de vingt ans sont exposés à de fortes doses de mercure. Or, on sait que les travailleurs exposés au mercure ont une espérance de vie plus courte que la majorité de la population.
Car le mercure est un agent toxique qui atteint le système nerveux». Aujourd'hui, seuls sept agents de sécurité travaillent dans l'usine. Jour et nuit, ils doivent sécuriser les infrastructures et le matériel de l'usine. Et ils ne cachent pas leur crainte pour leur santé. «Nous sommes exposés à un grand risque, nous en sommes conscients, mais que voulez-qu'on y fasse ? Nous devons travailler pour nourrir nos familles.» Un des agents raconte encore : «Quand il fait chaud pendant l'été, on sent une odeur similaire à celle du gaz, surtout quand on s'approche de cette énorme décharge où les restes des pierres sont jetés, on aperçoit même très bien une vapeur au-dessus des restes», s'inquiète-t-il.
Cadeau
Après la fermeture de l'usine, d'anciens salariés ont créé une association afin de revendiquer leurs droits, notamment la prise en charge médicale, des cures prescrites, des pensions «pour pouvoir vivre comme tout le monde». A la tête de cette association, une ancienne fonctionnaire, Zakia Sahraoui, témoigne : «Nous avons décidé de nous regrouper dans une association après plusieurs tentatives de prise en charge de notre problème par les autorités, car la majorité des anciens salariés de cette usine sont malades.»
Abderrahmane Zrazhi raconte encore : «Quand l'usine a été fermée, l'administration nous a donné une somme d'argent présentée comme une forme de cadeau, car nous avons accepté d'arrêter de travailler. Mais trois ans après, nous avons appris que nous n'étions même pas assurés ! Finalement, nous sommes assurés que pendant 3 ans nous n'obtiendrons pas de pension, alors que dans les textes du décret de 1997 la loi nous garantit ce droit. Or, les médicaments coûtent cher ! J'en ai pour environ 6000 DA/mois. Alors, c'est l'association des amis du malade de Skikda qui nous donne les médicaments gratuitement.
Et quand le traitement n'est pas disponible auprès de cette association, j'attends que quelqu'un me l'achète, car je n'ai pas de pension.» Un certificat médical établi par le service médecine de travail au CHU Ibn Sina à Annaba précise pourtant qu'Abderrahmane souffre «d'une aggravation des séquelles d'une intoxication chronique au mercure indemnisable au titre du tableau n°2 des maladies professionnelles». «Malgré ça, le médecin chef auprès de la CNAS de Skikda a catégoriquement refusé de donner un avis favorable pour les patients afin qu'ils bénéficient d'une pension, s'étonne le patient, alors même que d'autres personnes qui travaillaient dans l'administration, loin des fours et des dangers majeurs ont bénéficié de pensions.»
Amiante
Les anecdotes racontées par les anciens employés du complexe font pourtant frémir. «Je me souviens que les salariés de l'usine, notamment ceux qui alimentaient les fours, manipulaient de l'amiante sans précaution. Quand le four était troué, ils utilisaient cette matière pour boucher les trous, et pour faire ça, ils mélangeaient avec les mains de l'amiante et de l'eau dans des tonneaux», assure un ancien ingénieur qui a préféré garder l'anonymat.
«Les masques de protection qu'on utilisait quand l'usine était en marche étaient équipés de cartouches changeables après 15 jours d'utilisation. Au départ, la consigne était respectée, mais une fois que l'on a changé de fournisseur on a dû se contenter de cartouches qui ne tenaient que 48 heures. C'était inscrit sur le guide qui se trouvait dans la boîte des cartouches. Nos responsables ne voulaient rien savoir, ils nous ont obligés à les garder pendant 15 jours», poursuit-il.
Ecole
Trois entreprises européennes spécialisées, une française, une espagnole et une italienne ont effectué des visites du site pour le dépolluer. «Mais depuis, personne n'est revenu», relèvent les habitants des deux villages. Les autorités locales refusent de communiquer sur le sujet, et le ministère de l'Environnement insiste sans donner plus de détails pour dire que «le problème est pris en charge».
A Bouzra et Zaweya, rien ne va. Dans les familles où les anciens employés souffrent de maladies chroniques, de complications respiratoires et autres troubles liés au mercure, ce sont les enfants qui subviennent aux besoins du foyer et pour cela ils arrêtent l'école parfois très jeunes.


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