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Alerte au mercure dans l'environnement à l'Est du pays
Plusieurs régions polluées
Publié dans El Watan le 30 - 11 - 2004

Deux informations sur la santé des populations dans différentes régions du pays viennent d'être communiquées, l'une par l'Association nationale pour la protection de l'environnement et la lutte contre la pollution (ANPEP) ; l'autre par la Société algérienne de médecine du travail dans son bulletin officiel n°7.
Celles-ci sont basées sur des études scientifiques officielles établies récemment. La première porte sur les émissions des antennes relais de la téléphonie mobile. Installées sur des bâtiments en plein milieu urbain à travers tout le territoire national, il semblerait que ces émissions provoquent des maladies graves, telles que le cancer du cerveau, des troubles cardiaques, des troubles neurologiques, l'hypertension, les céphalées. L'ANPEP, qui a saisi le ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement et celui de la Santé, a souligné la gravité de la situation. Rendue publique à la fin du premier semestre 2004, la seconde étude réalisée par des praticiens de renom est un véritable pavé dans la mare lancé à l'intention des pouvoirs publics par les scientifiques de la médecine du travail. Elle porte sur l'imprégnation mercurielle chronique dans la région de Azzaba. Les conclusions que cette dernière étude sont beaucoup plus un réquisitoire face aux lacunes considérables de la surveillance sanitaire et environnementale dans notre pays. Cette étude doit être interprétée comme une alerte à la pollution au mercure dont les effets sont déjà catastrophiques sur la santé publique des populations de toute la région de l'est du pays. Bien que les praticiens n'aient avancé aucune statistique sur le nombre de personnes annuellement atteintes par une pathologie, généralement le cancer, générée par l'absorption ou l'inhalation de mercure, ces conclusions confirment les appréhensions publiquement exprimées par les populations de ces régions au début de l'année 2004. En filigrane, elles mettent en relief le grave dépassement des normes recommandées par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en matière de protection de l'environnement. « Plusieurs de nos enfants sont atteints de maladies dont on ignore les causes. Des familles ont été ruinées par les visites et les suivis médicaux de leurs enfants sans pour autant les voir guérir. Nous avons l'impression que notre localité est maudite et que nos enfants naissent pour mourir à petit feu après des maladies apparemment incurables », a indiqué, à sa sortie d'un cabinet médical privé à Azzaba, Mme Fatima H. accompagnée de Noura, sa petite fille âgée de 5 ans. En faisant toute la lumière sur ces causes inconnues par le commun des mortels à Azzaba, les six praticiens de la médecine du travail du Centre hospitalo-universitaire Ibn Rochd et le Centre hospitalier spécialisé de psychiatre Erazzi de Annaba rompent pour la première fois le silence. « Le gisement de Bou Ismaïl, dans la région de Azzaba, est à base de cinabre (sulfure de mercure) de couleur rouge. Celui-ci est décomposé à haute température en oxydes de soufre et en vapeurs métalliques de mercure dans des fours rotatifs alimentés par du minerai concassé. Ces vapeurs sont recueillies dans des potiches après refroidissement sous forme de mercure métal. A partir de la cheminée, une pollution générale de l'unité et de la région se réalise par dépôt de mercure sur les sols, les eaux et la végétation. Les scories, déchets recueillis dans les fours, sont stockées par camions dans des zones à l'air libre ; elles constituent une seconde source de pollution. Enfin, les bassins de décantation qui drainent les eaux de nettoyage des sols et des eaux de pluie constituent la troisième source de pollution de l'environnement », ont-ils affirmé. Ces conclusions répondent à la question sur le macabre taux de sujets, notamment les enfants, à de différents cancers qui placent Constantine, Azzaba, Skikda, Guelma, Annaba et Berrahal en tête de liste des régions les plus cancérigènes d'Algérie. Particulièrement Azzaba où, depuis des années, ce taux n'a pas cessé sa courbe ascendante. « La principale voie d'entrée du mercure dans l'organisme humain est la voie pulmonaire. Elle se fait principalement dans les membranes alvéolaires qui, en raison de leur liposolubilité notable, en retiennent 80%. C'est compte tenu de ce constat que nous avons développé une démarche visant à vérifier la contamination de la population, notamment les enfants scolarisés, résidant autour du complexe de Bou Ismaïl. Les résultats des analyses font ressortir que cette population a une concentration moyenne de mercure dans les urines (1,32 µg/g de créatinine) significativement plus élevée que celle de la région de Annaba (0,81µg/g) témoignant d'une imprégnation mercurielle chronique », précisent les mêmes praticiens.
De redoutables molécules toxiques
Les mêmes analyses font ressortir que certains enfants ont atteint un taux de concentration de mercure dans les urines égal à 21g/g de créatinine, alors que l'OMS fixe le taux normal à 0,5g/g. Cette étude peut être interprétée comme étant un véritable réquisitoire. Ce que prouve l'embarras des praticiens auteurs de l'étude à la rendre publique. En plus clair, leurs conclusions indiquent que l'unité de mercure de Bou Ismaïl à Azzaba est une vraie machine à tuer dans le temps. Sa cheminée, ses scories, ses déchets, ses camions et ses bassins de décantation rejettent dans l'air une dose très loin de celle admise pour ces redoutables molécules toxiques qui remontent la chaîne alimentaire avant de se fixer dans l'organisme humain. L'aspect technique de cette pollution est confirmé par Messaoud Tebbani, inspecteur de l'environnement dans la wilaya de Skikda. Il a affirmé : « Il s'agit d'un complexe qui a été mis en service depuis 1970. Il y a effectivement pollution qui est rigoureusement suivie par une commission de wilaya. Deuxième producteur mondial de mercure au monde après celui espagnol, ce complexe a fait l'objet de plusieurs mises en demeure. Il ne faut surtout pas croire que nous assistons en spectateurs à ce qui se passe en matière de pollution. C'est un dossier épineux à prendre avec des pincettes. Il fait actuellement l'objet d'une étude par une équipe dépêchée par l'hôpital de Aïn Naâdja. Quant à celle dont vous parlez, je n'en ai pas eu connaissance et les auteurs ne m'ont jamais contacté. Il ne faut pas chercher à régler des comptes en distillant des informations aussi alarmantes sur la santé des populations. Il ne faut surtout pas se précipiter sur des conclusions hâtives. » En ne faisant pas toute la lumière sur cette réalité accablante, le ministère de la Santé, pourtant alerté par un article de presse, évite de divulguer l'information. Se cachant derrière l'absence de tout responsable, notamment du directeur de wilaya non désigné depuis plusieurs mois par la tutelle, aucun cadre ou agent de la direction de la santé de Skikda n'a souhaité répondre. La gestion de ce dossier est similaire à celle qui avait caractérisé la pollution générée par les complexes Asmidal d'engrais phosphaté de Annaba et Arzew (Oran) et la plate-forme pétrolière de Skikda qui a récemment explosé. Les quatre dossiers avaient été retenus pour une opération de dépollution financée par la Banque mondiale. Pour des raisons qui restent à déterminer, seules les unités Asmidal bénéficieront de cette opération avec la mise en place d'équipements de dépollution.
Pouvoirs publics laxistes
Les pouvoirs publics avaient laissé entendre que les activités du complexe de mercure ont été suspendues en prévision d'une étude d'impact et de conclusions d'experts. On y retrouve les mêmes ingrédients tendant à la sauvegarde des intérêts économiques par des pouvoirs publics laxistes et peu soucieux de la santé des populations. Pour les rares spécialistes de l'environnement, le dossier de la pollution au mercure n'est pas récent. Au lendemain de la réalisation de l'unité de Azzaba, le ministère de la Santé avait, à maintes reprises, été alerté par des rapports qu'il a aussitôt enterrés. Du côté de la commune de Azzaba touchée par la pollution au mercure, en l'absence du président de l'APC et des élus, contacté, Chaâbane Redjem, secrétaire général, a précisé : « L'inspection de l'environnement de la wilaya traite le dossier depuis plusieurs années. Nous avons été informés que le complexe de mercure de Bou Ismaïl fermera très prochainement ses portes pour rupture du gisement. Les associations compétentes en la matière existent, mais n'activent malheureusement pas si ce n'est pour demander des subventions. Je ne peux rien dire d'autre sur la question. » Accusée de passivité face à ce véritable fléau qui dure depuis plusieurs années à Azzaba et l'ensemble des régions, l'ANPEP par la voix de son président, M. Halimi, a estimé : « Nous avons pris en charge ce dossier en 1994. Depuis, nous n'avons pas cessé d'appeler à une solution à ce problème de pollution par le mercure dans la région de Azzaba. L'inspecteur de l'environnement de la wilaya de Skikda est bien imprégné du dossier. Il suit pratiquement au jour le jour toute cette affaire tout autant que des scientifiques qui ont procédé à des études. Notre association a également alerté les pouvoirs publics sur la pollution à la dioxine produite par les incinérateurs en service dans les établissements de santé, publics et privés. Nous comptons lancer incessamment une vaste campagne pour dénoncer cette situation préjudiciable à la santé des populations. » Contactés pour donner leur avis sur la pollution au mercure, des praticiens biologistes ont affirmé qu'à Azzaba, les enfants absorbent ou sont imprégnés jusqu'à trente fois la dose journalière admissible. Les professeurs Az. Nezzal, S. Labidi, S. Gueroui, D. Tourab, M. Boudef et Am. Nezzal de Annaba, signataires des conclusions de l'étude sur l'imprégnation mercurielle chronique dans la région de Azzaba, ont souligné que cette dose est 20 fois supérieure.


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