Véritables indicateurs de tendances, les jeunes sont dragués par les opérateurs, qui voient en eux des diffuseurs de nouvelles technologies. Le nombre d'abonnés 3G annoncé par les trois opérateurs (Djezzy, Mobilis, Ooredoo), à l'occasion du premier anniversaire du lancement de ce service, s'élève à 8,231 millions de clients, dont 7,221 millions d'abonnés ayant souscrit à l'abonnement prépaid, soit 88% du parc global, contre 12% seulement d'abonnés postpaid. La répartition des abonnés par type d'abonnement démontre que 87% des abonnés ont choisi «voix et data» contre seulement 13% des abonnés qui ont opté pour la data. Mais au-delà des chiffres officiels, qu'est-ce que la 3G a apporté concrètement de nouveau particulièrement sur le plan sociétal. Chacun a son point de vue sur la question. Certains affirment que cette technologie a été vite adoptée par les jeunes, alors que d'autres soulignent que la bataille du contenu algérien est loin d'être gagné. Une chose est certaine : le cellulaire nous permet d'avoir aujourd'hui un mini PC dans notre poche. La 3G permet d'introduire une nouveauté : le haut débit et une utilisation optimale des smartphones. En effet, et cela a été vérifié, la navigation sur internet est beaucoup plus confortable. Le taux de connexion au mobile est en croissance par rapport au PC. Une situation encouragée par les tablettes qui sont devenues aussi puissantes que les micro-ordinateurs. Un marché que toutes les marques convoitent d'ailleurs, du multinational Samsung à l'entreprise locale Iris-Sat qui a mis en service une unité d'assemblage de téléphones portables et tablettes basée à Sétif. Et même Condor qui a pris son envol. Parmi les applications qui attirent l'attention des Algériens, celles qui permettent d'effectuer des appels gratuits, telles que Skype et Viber. De nombreux Algériens ayant des proches à l'étranger, le téléphone vers l'international coûte cher. Et ces applications téléchargeables gratuitement permettent d'effectuer des appels gratuits. Et avec la 3G, ils peuvent se faire n'importe où. Véritables indicateurs de tendances La 3G a indéniablement démocratisé le surf via le mobile. Les Algériens sont de plus en plus demandeurs d'accès à l'information rapide et instantanée. Le boom des sites électroniques en est la meilleure preuve. Les mobiles de troisième génération leur permettent d'avoir un accès direct aux informations en temps réel. Les livres et les films en ligne, les TV et radios web sont aussi d'autres domaines de la communication qui suscitent l'intérêt. La 3G a relancé aussi la vente d'appareils de téléphonie portables, particulièrement les smartphones et tablettes. Interrogé, un revendeur de produits Samsung nous le confirme : «Clairement, la 3G a boosté les ventes et aidé à la création de packs par les opérateurs de téléphonie mobile, stimulant ainsi l'usage de la 3G en les combinant avec des smartphones. Le S6 marche fort à l'international et en Algérie, il vient à peine d'être lancé, mais même si il est trop tôt pour tirer des conclusions, il s'agit d'un démarrage prometteur.» Le chinois Huawei a attendu le lancement de la 3G pour introduire sa marque sur le marché algérien. Véritables indicateurs de tendances, les jeunes sont dragués par les opérateurs, qui voient en eux des diffuseurs de nouvelles technologies. Et surtout les gros consommateurs de demain. «Les jeunes représentent le public le plus éduqué en matière de high-tech… Ils veulent être à la page, rester en contact avec leurs amis, notamment à travers les réseaux sociaux», explique un vendeur d'Alger-Centre. Sa vitrine est pleine de modèles de téléphones de dernière génération. Des passants marquent une halte, s'attardent et font des comparatifs. Ce sont des clients de plus en plus avertis et exigeants. L'internaute algérien devenu infidèle en matière d'abonnements téléphoniques, s'abonne parfois à deux ou trois opérateurs en même temps pour comparer les offres et la qualité de la 3G ou simplement par envie d'essayer ce qu'ils proposent. Et pour ouvrir l'appétit, pour 100 DA seulement, il peut se connecter à la 3G chez Djezzy, Mobilis ou Ooredoo pour une durée de 24 heures ! Un temps de connexion juste pour lire des e-mails ou effectuer un travail ponctuel, mais qui vise à créer l'addiction. C'est une véritable aubaine, cette nouvelle vague de forfaits à petits prix, pour les amateurs d'internet mobile. Tout le web dans la poche, les mails qui restent accessibles au café et les vidéos en ligne qu'on regarde pendant un trajet en bus... Des bus et des taxis équipés de Wifi Dans ce cadre, il faut signaler que des bus de l'Etusa ont été équipés de réseau wifi. Une minirévolution qui permet ainsi de profiter des longues minutes d'encombrement pour se connecter à ses pages favorites. Travailler, s'informer, chatter, recevoir ses mails, rester connecté, c'est désormais possible à bord des taxis équipés de la nouvelle offre de Mobilis, Taxi-connect 3G++. En effet, les clients qui se déplacent à bord de ces taxis profiteront d'une connexion wifi pendant le trajet à un coût intégré dans le tarif de la course. Ali Kahlane, directeur général de la société Satlinker, est aussi un observateur des technologies de l'information et de la communication en Algérie. Depuis des années, il décrypte les comportements. Il nous a déclaré : «La 3G a hâté l'avènement d'une certaine 4G, qui n'était peut-être pas tant que ça prévue. Algérie Télécom s'est senti obligé de réagir avec un produit qu'elle espérait lui assurer de garder une certaine clientèle, surtout celle des entreprises qui avaient la ferme intention de migrer vers la 3G dès sa mise en place. Est-ce que la 4G a changé la donne ? Je ne sais pas trop. Les chiffres donnés par le MPTIC et par AT se contredisent : 70 000 abonnés, pour ensuite passer à 125 000. Une chose est sûre : une grande partie de la population qui a adopté la 4G soit en essai, soit en redondance déjà existante, la trouve chère et instable.» Selon lui, «il est indéniable que la 3G a permis au nombre d'abonnés à internet d'exploser et doper ainsi, comme jamais, notre taux national de pénétration de l'internet. Le tout et tout le temps connecté est maintenant une réalité de tous les jours. Les jeunes, les moins jeunes, les travailleurs, les employés, les chefs d'entreprise font tous du BYOD (Bring Your Own Device) très souvent sans le savoir, mais de plus en plus avec l'assentiment complice de leur directeur/patron. Tout le monde y trouve son compte. L'un est sur les réseaux sociaux, consommant de l'information et de la vidéo que la 3G a fluidifié à souhait tout en répondant à ses mails professionnels et produisant du contenu avec des applications gratuites du drive ou équivalent ; l'autre collabore activement à des échanges d'informations et de contenu pour fructifier ce qu'il a entrepris». Ce phénomène, qui gagne de plus en plus d'employés, est dû au fait que les smartphones et les tablettes sont devenues de puissants ordinateurs qui se connectent à internet, en 3G ou en wifi, permettent de lire ses mails et les journaux, supportent des applications professionnelles (traitement de texte, tableur, présentation), donnent accès au système d'information de l'entreprise. Ils sont aussi ludiques (musique, photos, vidéos, livres) et leur capacité de stockage permet d'emporter avec soi plusieurs heures de film, des journées de musique et des milliers de pages de lecture. Le terminal/unité connecté, qu'il soit un smartphone ou une tablette, est maintenant incontournable et de plus en plus de personnes ne pourraient plus imaginer la vie sans l'un ou l'autre. La 3G est en train de changer des paradigmes au sein du fonctionnement de notre société. L'instantanéité dans la réception de l'information, la disponibilité de celle-ci à tout moment et en tout temps, la liberté d'accès à tout et en toute circonstance, en fait une ubiquité qu'on pensait impossible il y a moins de 18 mois et dont jouit maintenant l'Algérien presque naturellement. Cela a été rendu possible grâce à la 3G.
