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Bonnes feuilles : absolue canicule, roman de Kader Ferchiche
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Publié dans El Watan le 22 - 08 - 2015

Kader Ferchiche vient de publier aux éditions Apic son quatrième roman en Algérie, Absolue canicule. Le roman fait partie des douze finalistes du Prix Escales littéraires qui sera remis le 28 septembre. En voici un extrait.
EXTRAIT
«L'entrée fracassante de Juliana dans son humeur vagabonde le conforte dans l'idée qu'il ne papillonne pas inutilement. Sa présence ici est un signe du butineur suprême qui l'a notée sur son tableau des aboutissements obligatoires.
Derrière ses lunettes noires couvrantes, quelle est l'expression de son regard ? Juliana Hussac avance lentement, son pas consolidé par un rouge aux lèvres rose bonbon fait pour attirer l'immédiateté d'une lippée de langue pour en vérifier le goût. Elle n'a pas ôté ses lunettes, conférant à ce premier contact un heureux mystère à décaper.
- Enchanté, monsieur Samuel…
- Berbéri, Samuel Berbéri…
- Il me semble vous avoir vu quelque part ? !
Puis elle s'enquiert si ça va, formule bateau dont on se perd en conjectures pour savoir pourquoi on s'en inquiète.
Formule classique d'une rencontre qui n'en est pas une vraiment ordinaire. Lui demanderait-elle s'il n'a pas un problème en cette journée fébrile, si son bonjour conventionnel ne lui a pas fichu une érection par le toucher de sa main convoyeuse de frisson égrillard ?
Samuel se contente de se tenir à carreau.
En cette minute homérique, il craint de jouer gros et de perdre tout.
Juliana Hussac le dévisage de bas en haut, derrière ses verres noirs, son visage prenant une figure heureuse de danse gironde.
- Il me semble qu'on se connaît, suppose-t-elle, pour meubler l'absence de réponse de Samuel perdu dans les secrets de son interlocutrice qui l'a emporté dans la nausée romantique d'une pâmoison façon jouvenceau glabre.
Si ça va ? Si on se connaît ? Comment pourrait-elle imaginer une seconde l'inanition qu'elle avait causé en lui le jour du vernissage de
l'exposition ? Dirait-il la sensation de perte fugace de l'avoir vue sans lui parler ?
Samuel reste sans voix, les lettres jouent la chamade.
Le directeur Robert Barrachet est aussi surpris. Se sont-ils vus quelque
part ? Il est intrigué.
Costaud comme un déménageur, de la hauteur de ses deux mètres, il se frotte les mains machinalement, heureux de ce premier contact entre son collaborateur et l'élue, une entrevue initiale qui se présente sous de bons auspices s'ils se connaissent déjà.
- Vous l'avez sûrement aperçu en ville, lui suggère-t-il, Samuel aime se balader dans les rues, troussant, si j'ose dire, l'inspiration de dame poésie, ou de dame tout court, répond le patron, mettant Samuel dans l'embarras par cette indiscrétion infondée.
- On se connaît, me semble-t-il, insiste Juliana Hussac, en enlevant ses lunettes, laissant luire le vert émeraude de ses prunelles.
«Non, madame», contient-il au fond de sa gorge, meurtri. «Non, on ne se connaît pas encore, et je le regrette, j'en suis détruit jour après jour, votre souffle volcanise mon être au plus profond. Non madame, on ne se connaît pas, mais sans doute je vous aime d'une verdeur tonique que je n'ai jamais ressentie.»
Aucune tocade dans cette badinerie. Inscrites dans son âme, les misérables lettres absconses mélangées les unes aux autres restent à la périphérie, pour signifier l'entortillement de sa pensée paralysée, maladive, étouffée. Au scrabble, il est sûr de remporter le plus gros coup avec le maximum de points tellement le jeu d'esprit devient complexe dans les tiroirs de son cortex dérangé dont jaillissent des mots rares d'un alphabet hiéroglyphe.
Juliana Hussac entend enfin la voix de Samuel surgir de ce rare instant en déséquilibre.
- Madame, je pense que le jour où nous nous sommes vus, nous nous sommes vraiment vus, les yeux dans les yeux, mais nous sommes passés l'un à côté de l'autre.
Juliana Hussac reste bouche bée. Robert Barrachet apparaît incrédule devant cette envolée lyrique, envolée à laquelle il ne sursaute pas, familiarisé du fait. Il n'a rien compris, mais il est ébahi. Chapeau, opine-t-il du chef.
L'élue se demande à quoi Samuel Berbéri fait allusion. Elle remonte dans sa mémoire, mais tout y demeure abstrait.
- C'est poétique, ce que vous dites là, et je le prends comme un compliment, mais cela ne me dit rien, souffle-t-elle. Peut-être pourriez-vous m'en dire
plus ?
Samuel Berbéri qui avait pris au fond de son effronterie pour s'imposer par un verbe aguerri, n'a rien à rajouter. Il se désole de ne pas se jeter sur ses lèvres, les prendre en lui susurrant, bouche contre bouche, «mais tais-toi donc la belle, tu ne m'as pas
reconnu ? Je suis celui qui s'est accroché à toi jusqu'à ce que ce bel hidalgo t'enlève à ma pression énamourée. Ne te souviens-tu pas ? Tu m'as regardé sans me voir».
- Je révélerai trop de moi-même si je vous disais tout, confie-t-il sans désarmer. Peut-être dans le Sahara autour d'un thé !
Abasourdie par un tel rendez-vous cavalier, Juliana Hussac se réfugie dans la raison officielle de sa venue.
- Eh bien, monsieur le directeur, je pense que l'organisation de notre départ est ficelée. Mon assistante Noémie Van Hopper viendra régler les derniers détails. Hélas, elle ne viendra pas avec nous, car elle prépare son mariage avec Gustave Fleury, qui travaille dans votre société, si je ne m'abuse. Je célébrerai en personne cette union civile à mon retour.
Puis, se tournant franchement vers
Samuel, à le toucher presque, elle coupe tout net son rêve.
- Monsieur Berbéri, à bientôt pour le voyage et j'attends le thé sous les palmiers d'un oasis pour débusquer la devinette que vous me donnez l'envie de percevoir. Avant cela, si vous pouvez passer à la mairie, on fera mieux connaissance du projet et de la manière de le mener à bien.
- Certainement, madame, avec plaisir.
Elle tourne le dos. Samuel porte sa main à son nez pour s'imprégner du parfum que la dame y a laissé. Le patron voit son geste.
- Alors Samuel, une fois de plus amoureux, décidément vous êtes un incorrigible. Cette femme est mariée, et bien mariée, avec un entrepreneur dans le transport. Il a une flotte de cent camions qu'il a laissée en gérance. Je connais bien sa boîte, j'y ai travaillé à l'entretien, il y a au moins 20 ans, du temps de son beau-père.
C'était un des mes premiers jobs. Le type était très bien. Le fils, l'époux de Mme Hussac un peu moins. Il paraît qu'ils ne se voient plus guère et que leur couple bat sérieusement de l'aile. Bref, cela ne nous regarde pas mais vous ne faites pas le poids face à ses nombreux adorateurs qui la courtisent. Inutile d'essayer de marivauder… Au fait, c'est quoi cette déclaration que vous lui avez déclamée ? Vous vous êtes rencontrés où ? Samuel lève les yeux au ciel.
- Dans un endroit que nous seuls avons arpenté. Personne n'y a pénétré, aucun des hommes qu'elle a fréquentés ne se doute de l'étroitesse du passage pour y accéder.
Ne cherchez pas à en savoir plus. Il n'est pas dans le domaine du sensible. Là où il est, c'est dangereux de s'exposer, car s'y trouve l'éclaircissement. Nous étions à deux doigts de trouver le portique de l'arche unique, jusqu'à l'arrivée de l'hidalgo.
- Mon pauvre Samuel, n'êtes-vous pas en train de péter les plombs, c'est quoi cette histoire d'hidalgo ?
- Vous aimez la photographie ?
- Pas plus que ça ?
- Si vous n'aimez pas la photographie, vous ne comprenez rien à l'instantané, et vous ne pouvez pas comprendre ce qui est du registre du subconscient.
D'autorité, il le pousse vers son bureau dont la porte est restée ouverte. Retour dans le bureau de Barrachet.
Samuel lit le document que lui présente le boss : «On parle d'une soixantaine de centrales solaires photovoltaïques et solaires thermiques. Le but est de déployer une industrie nationale du solaire avec la construction d'une usine de modules et d'un complexe de traitement du silicium».
- Vous comprenez Samuel, dans ce projet en Algérie, il y a des gros, des très gros candidats, qui nous étoufferaient si on les prenait de front. Nous devons les contourner, gripper l'énorme force de frappe dont ils disposent, pirater leur navire amiral.
En sachant nous y prendre, nous récupérerons des parts du marché.
Des miettes qui représentent tout de même pour nous des millions de dollars. C'est inespéré. Une affaire substantielle, ajoute-t-il. Pour cela, il nous faut être un peu de là-bas, entrer sur le territoire avec le passe-partout qui ouvrira toutes les portes, celles de la politique locale. Vous comprenez Samuel ? Vous êtes l'homme qu'il nous faut. Votre profil arabe jouera
en notre faveur.


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