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«Nous avons des régimes qui empêchent d'aller au fond des choses»
Jacob Cohen. Auteur franco-marocain qui n'a pas la langue dans la poche
Publié dans El Watan le 12 - 11 - 2015

L'écrivain franco-marocain Jacob Cohen, qui est né une année avant la fin de la Seconde Guerre mondiale, était au 20e Salon international du livre d'Alger (Sila), qui s'est déroulé du 29 octobre au 7 novembre, au palais des Expositions des Pins maritimes (Safex). Il a participé, avec plusieurs autres auteurs, aux 7es Rencontres euro-maghrébines des écrivains consacrées, cette année, au polar. Jacob Cohen est auteur de plusieurs romans dont des polars comme Les noces du commissaire, Le destin des sœurs Bennani-Smirès, L'espionne et le journaliste et Moi, Larifa S. De confession juive, Jacob Cohen est souvent critiqué en France pour ses positions antisionistes, ses critiques à l'égard d'Israël et pour son soutien à l'humoriste Dieudonné M'Bala M'Bala. Natif de Meknès et diplômé des universités de Casablanca, Paris, Montréal et Berlin, Jacob Cohen fut pendant longtemps maître- assistant à la faculté de droit de Casablanca.
- Comment se porte le polar au Maroc actuellement ?
Le polar n'a pas encore eu ses lettres de noblesse au Maroc ni au Maghreb parce que les écrivains considèrent le polar comme quelque chose de secondaire. Pour écrire un polar, il faut aller aux tréfonds de la société, c'est-à-dire parler de sexe, de violence, de corruption… de tout ce que l'humain contient de «pas regardable», de «pas vraiment sympathique».
La société marocaine, maghrébine n'est pas prête à considérer ce plongeon dans les tréfonds comme quelque chose d'ordinaire. On aime rester dans la superficialité. La société marocaine est dominée par le non-dit qui se répercute sur l'écriture. On n'aime pas se dévoiler et dévoiler ce qui pousse l'humain à agir dans le sens négatif. Or, il y a matière à écrire là-dessus dans la société maghrébine. Il y a tellement de choses qui se passent sous le manteau, derrière les rideaux…
- Justement, n'est-il pas du rôle des écrivains de faire bouger les lignes et de sauter les barrières ?
Tout à fait. Dans mon roman Les noces du commissaire, j'ai essayé de montrer la lutte féroce entre la bourgeoisie marocaine et le pouvoir avec des juifs pris entre le marteau et l'enclume. Dans la réalité, on essaye de sauvegarder les apparences et montrer que tout se passe bien. Dans un autre de mes ouvrages, L'espionne et le journaliste, je raconte une histoire liée aux services secrets.
Dans mes romans, je cherche toujours à montrer ce qui se passe derrière les rideaux. En plus d'écrire, de divertir, d'informer, de chercher d'avoir un style, l'écrivain doit, surtout dans nos sociétés maghrébines, donner à analyser, à comprendre, aider à franchir les obstacles. Le roman peut atteindre cet objectif puisque les journalistes font ce travail, mais d'une manière peu approfondie.
- Dans le polar, il y a toujours une part de politique...
Je pense que c'est nécessaire. Nous avons des régimes qui empêchent d'aller au fond des choses. Et la politique offre un champ d'action extraordinaire. Il y a tellement d'enjeux, de corruption, de manipulation que c'est un délice pour moi que d'analyser ces sociétés. J'ai dit dans une interview à Casablanca que je regrettais beaucoup que les jeunes auteurs, les nouveaux, se lancent déjà dans une espèce d'auto-biographie, racontent leur jeunesse… alors qu'il y a tellement à faire dans la fiction, dans l'écriture.
- On commence par la fin donc...
Voilà. Personnellement, je n'ai pas écrit d'autobiographie et je ne sais pas si je le ferais. Mais il est dommage que les jeunes auteurs ne font pas cet effort de continuer à écrire, alors que la matière première est là, elle existe. Il suffit de regarder autour de soi. Ce qui me fascine dans les sociétés maghrébines, comme au Maroc, c'est le tabou, le langage superficiel… J'invite donc les jeunes auteurs à aller au-delà des apparences, au-delà de ce qui se dit pour analyser les profondeurs. Le polar est quelque chose de fantastique. Il y a par exemple les comportements de la police, de la justice...
- Abdelilah Hamdouchi (présent au Sila également) a essayé de faire des choses pour le polar au Maroc. Un polar écrit en arabe. Il est notamment auteur de La mouche blanche et Le dernier enjeu. Et là, on apprend qu'il écrit des scénarii pour la télé...
J'avoue que je n'ai pas lu les romans de Hamdouchi et je le regrette. Il y a aussi Driss Chraïbi qui a écrit L'inspecteur Ali (une série de six romans entamée en 1981 avec Une enquête au pays, ndlr). Mais en général, les tentatives d'écriture du polar restent quelque peu isolées durant la période actuelle qui est propice à l'analyse par le polar. Avant l'avènement du roi Mohammed VI, l'édition était très frileuse. Quand j'ai envoyé mon manuscrit Les noces du commissaire sur la lutte du pouvoir entre les hommes d'affaires et la monarchie, l'éditeur a attendu la disparition de Hassan II. L'éditeur m'a dit que les conditions politiques ont changé et que le livre pouvait être publié. Depuis une dizaine d'années, il y a moins d'autocensure au Maroc.
- Et quel écho ont reçu vos deux romans, Les noces du commissaire et L'espionne et la journaliste au Maroc ?
Les noces du commissaire a été publié au Maroc à une époque où il n'y avait pas de Facebook, Twitter, ou Youtube. Le livre a fait un honnête parcours. Je vis en France, cela n'a pas beaucoup aidé à la promotion du livre. A l'époque, la société n'était pas encore prête à ce genre de débat. Je mettais en cause beaucoup de choses dont le pouvoir de Fès, la dépossession des hommes d'affaires juifs par les bourgeois de cette ville.
J'évoque dans le livre une affaire de consommation de cocaïne qui a éclaté dans les années 1980. A travers cette affaire, je souligne l'absence de rigueur, la manipulation… Toutes les forces n'étaient pas disposées à l'époque à affronter ce genre de livres dans la mesure où beaucoup de choses étaient dévoilées. Il est coutumier de dire qu'il n'y a jamais eu de problèmes avec les juifs, alors que dans la réalité des hommes d'affaires ont été dépossédés.
- Mais ils ont été remboursés...
Oui, mais on les a mis à l'écart. Parce que la société de Fès n'acceptait pas l'existence de capitaines d'industrie juifs (…). Aujourd'hui, les juifs ne représentent aucune menace pour l'establishment de Fès. A peine 0,5% de juifs vivent encore au Maroc. Les juifs sont une espèce en voie de disparition dans ce pays, donc on essaye de les gâter pour qu'ils ne partent pas. Il faut savoir une chose : les enfants des juifs, une fois le bac en poche, partent à l'étranger poursuivre leurs études sans revenir au pays. Donc, fatalement, c'est une communauté qui tend à disparaître. On fait tout pour que les juifs se sentent en sécurité, pour qu'ils restent…
- Vos positions politiques vous ont valu beaucoup de critiques de la part des membres de la communauté juive et des israéliens. Pourquoi ?
Certains juifs n'ont pas tout à fait envie d'aller vivre en Israël, mais il y a un attachement. Des juifs en France ou ailleurs n'apprécient que moi, juif, prenne des positions antisionistes. Mes positions sont radicales, exprimées d'une manière claires et nettes. Au Maroc, certains médias, comme le magazine Tel Quel, n'aiment pas mes positions parce qu'elles sortent du consensus… Je n'ai pas la langue dans la poche et j'aime mettre les pieds dans le plat. On m'accuse «d'extrémisme» et d'alliance avec des personnes de «mauvaise réputation», en France notamment. J'assume mes positions sur tous les plans (…).
Pour moi, l'Etat sioniste ne peut pas faire la paix pour des raisons internes. C'est une société tournée vers la force et la domination. En 2002, la Ligue arabe a offert à Israël une paix véritable avec des relations diplomatiques. Tel-Aviv a été saisi d'effroi. C'est un système qui fonctionne par la division. Par exemple, le régime d'éducation pour les juifs et les Arabes d'Israël n'est pas le même. Israël n'a jamais défini les frontières à l'intérieur desquelles il se sentirait en sécurité et pour lesquelles il est prêt à faire la paix. Israël ne donnera jamais un vrai Etat aux Palestiniens…


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