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De la difficulté de penser l'islam aujourd'hui
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Publié dans El Watan le 10 - 12 - 2015

Le contenu de la conférence autour de «L'islam et la modernité» qui s'est tenue lors du dernier Salon livre d'Alger résonne étrangement avec l'actualité de ces dernières semaines. Y a-t-il une confrontation entre l'islam et la modernité occidentale qui impose son modèle partout dans le monde ? Est-il possible de penser l'islam aujourd'hui ? Deux chercheurs donnent quelques éléments de réponse.
Abdelmadjid Charfi est professeur émérite, historien de la pensée islamique et ancien doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de Tunis. Pour lui, «La situation du discours originel étant perdue pour les générations qui n'étaient pas contemporaines de la révélation, le rapport au texte sacré a changé, et le Mushaf est ainsi devenu susceptible d'un nombre illimité d'interprétations.»
«L'islam est victime des lectures historiques»
La modernité, telle qu'on la connaît aujourd'hui, est l'héritière des civilisations passées et de celle qui l'a précédée : la civilisation arabo-musulmane. Je ne me fais pas le chantre de la modernité, car la civilisation actuelle a aussi ses problèmes et ses tragédies. Les violences, l'exploitation effrénée des ressources naturelles ont créé un trouble existentiel. C'est ce qui rend les gens, et principalement les jeunes, égarés entre les idéologies, les idées et des valeurs différentes et contradictoires.
Cela peut les pousser à l'isolement, à la violence, voire à une sorte de schizophrénie. Cette modernité, née en occident, est devenue globale et s'impose à toute l'humanité. Il n'y a pas, à proprement parler, un dirigeant qui les oblige à suivre cette civilisation mais elle est devenue l'horizon auquel les gens aspirent, quelles que soient leur race, leur culture ou leur religion (…) Quand on parle de l'islam, on confond trois niveaux essentiels : l'islam, c'est d'abord des textes fondateurs, le Coran principalement, ainsi qu'une interprétation des textes et leur application. Le fait est que les lectures et applications sont humaines et partielles. Bien sûr, le texte fondateur n'a pas changé depuis l'ère de Athmane Ben Afane, mais les lectures ont changé à travers l'Histoire.
Parfois elles se contredisent. Entre les positions d'El Mouâtazila et celles d'Ahl El Hadith, il y a un grand fossé, tout comme il y a un abîme entre les tenants de l'islam politique et les musulmans modernistes. Aujourd'hui, les interprétations historiques ont besoin de changer et d'évoluer. Nous ne parlons pas ici de l'islam ou de la religion, mais de la religiosité, des différentes manières de comprendre l'islam. Il y a, d'autre part, un autre niveau, qui nous est plus personnel. Il n'y pas un islam identique à 100% entre une personne et une autre. Car cet islam, son interprétation et son application sont intimement liés à la psychologie de la personne, à son histoire, à ses conditions, à sa culture…
La lecture de l'islam, la religiosité historique sont en contradiction dans plusieurs domaines avec la modernité. Cela et c'est naturel, car ces lectures sont nées, ont été transcrites, apprises et appliquées au cours d'une autre civilisation. Toutes les civilisations anciennes, y compris la civilisation musulmane, ont été bâties sur la hiérarchie et sur la distinction (entre les esclaves et les affranchis, entre les femmes et les hommes…). La modernité ne reconnaît aucune de ces différences.
Pour elle, tous les hommes sont égaux. Dans la mesure où le système idéologique a été mis en place sur la base de valeurs traditionalistes, il est naturel qu'il soit confronté aux valeurs modernes. Aussi est-il essentiel de revenir au texte fondateur, pas pour le rendre adaptable nécessairement à notre situation, mais pour le remettre dans son contexte. C'est l'unique voie pour rompre avec les lectures historiques qui ne sont plus d'actualité dans notre époque. Nous pourrons ainsi concilier entre islam et modernité.
Saïd Djabelkhir, chercheur en soufisme. Il aborde avec audace les problèmes dans lesquels se trouve l'islam actuellement. Le mal tiendrait ses racines des foukaha qui ont servi les Califats qui se proclamaient de l'héritage du prophète Mohamed (QSSSL).
«J'accuse le faqih !»
J'accuse le faqih d'avoir retardé la voie de la oumma et celle du monde entier. Celui-ci a dévoyé l'orientation spirituelle de l'islam en faveur d'une voie politique, califale et institutionnelle. Evidemment, le problème ne réside pas dans les institutions politiques car les musulmans ont le droit de fonder un Etat, comme le reste des peuples. Ce qui est problématique, c'est que le titre de la religion a été accolé à ces Etats qui ont été appelés califats et qui se voulaient l'héritage du Prophète (QSSSL).
Or, celui-ci est venu pour transmettre un message divin, pas pour fonder un Etat. J'accuse le faqih, car il a servi le discours du califat. Naturellement, il a ralenti la pensée et exclut les opposants. Tous ceux qui se sont mis en travers du projet d'étatisation de l'islam ont été exclus et accusés d'apostasie. Plusieurs d'entre eux ont été tués. C'est notamment le sort réservé aux «mouatazila», aux philosophes et aux penseurs soufis. Dès lors que le discours du faqih justifie les actions du calife, il est logique qu'il entre en contradiction avec toute forme de modernité, allant de celle de la Grèce antique, en passant par Ibn Sina ou El Farabi.
J'accuse le faqih qui a donné lieu à des interprétations telles que «ahl el islam» et «ahl el harb» qui inspirent encore les djihadistes aujourd'hui. Toutes les problématiques de l'islam sont restées en suspens, car le faqih a fermé la porte de l'ijtihad au IVe siècle de l'Hégire, condamnant les populations musulmanes à tourner en rond. L'autre élément qui a aiguisé la confrontation entre l'islam et la modernité concerne les Etats apparus après la décolonisation dans le monde arabe et qui n'a pas travaillé à développer le discours religieux, mais à l'exploiter idéologiquement pour des fins politiques.
Voulant sans doute combler un vide idéologique, les Etats arabes ont trouvé dans le discours des réformistes qui leur semblait modéré un support sur lequel ils se sont appuyés. A cela il faut ajouter que les institutions religieuses elles-mêmes, El Azhar, El Zeitouna et d'autres tournent en rond et accusent d'apostasie tous ceux qui veulent un renouveau.
Bien sûr, la modernité occidentale a besoin d'être critiquée. Mais nous avons besoin d'une lecture consciente et critique de notre époque et l'institution religieuse. Nous avons besoin d'une révision sérieuse et radicale de l'institution religieuse, de notre patrimoine religieux, des textes et de leurs interprétations pour faire émerger les réponses à nos questions ici et maintenant.


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