Présentes pour un séjour au Théâtre régional de Constantine (TRC) aux fins de préparer une pièce adaptée d'une œuvre de Rédha Houhou , les comédiennes Sabrina Korichi et Meriem Alleg ont déposé, dimanche matin, une plainte auprès du 15e arrondissement de la sûreté urbaine, contre un veilleur de nuit au TRC qu'elles accusent de les avoir agressées samedi vers 22h, à l'intérieur même de l'établissement. Les victimes, hébergées au TRC, nous ont affirmé qu'elles ont vécu des jours de terreur à cause de cet agent. «Tout a commencé dès le début de notre séjour, cet agent venait chaque nuit discrètement devant nos chambres pour nous espionner et osait même y entrer sans frapper à la porte», racontent les deux comédiennes. «Il ne venait que devant les chambres des femmes en disant qu'il faisait son travail. Pourquoi ne le faisait-il pas devant les portes des chambres des hommes ? C'est absurde, c'est tellement clair ce qu'il cherchait», déclare Sabrina, les larmes aux yeux et la voix tremblante. Elle déplore surtout le silence des responsables du TRC, malgré toutes leurs plaintes. «Après mes plaintes, les provocations de ce gardien ont commencé. Il m'a empêché d'entrer au TRC plusieurs fois, il venait toutes les nuits devant ma chambre pour m'insulter. J'ai subi un véritable harcèlement de la part de cet agent qui faisait la loi», a-t-elle dénoncé. «La nuit de l'agression, j'ai décidé d'affronter ce gardien qui était devant la porte de ma chambre en train de me provoquer ; il s'est jeté sur moi, me donnant des coups de poing au ventre et au visage. Je lui ai échappé grâce à l'intervention de mes amies», raconte Sabrina. Pour sa part, Meriem Alleg a témoigné qu'elle a été étranglée et insultée par le même agent quand elle a voulu intervenir. Les larmes aux yeux, Sabrina nous a avoué qu'elle a ressenti un sentiment d'humiliation et d'injustice qu'elle n'a jamais connu durant son parcours de comédienne. Examinées par un médecin légiste, les deux victimes s'en sont sorties avec un certificat d'incapacité de trois et un jour. Contacté par El Watan, Mohamed Zetili, directeur du TRC, a nié toutes les accusations des deux comédiennes. Il a expliqué qu'il s'agissait d'un conflit entre les victimes et deux agents de sécurité. Le problème a pris de l'ampleur, selon sa version des faits, quand les deux femmes n'ont pas respecté le règlement intérieur du TRC. «Les agents leur ont expliqué qu'il fallait respecter les horaires de sortie et d'entrée établies par l'administration de peur qu'il leur arrive du mal, mais les deux comédiennes ont refusé. Elles rentrent parfois à 22h et ont empêché les agents de circuler à proximité de leurs chambres d'accueil. Pour moi, il est normal qu'un agent fait le contrôle circule la nuit dans l'établissement. Il ne les a pas espionnées. D'autant plus qu'elles ne m'ont jamais contacté pour poser ce problème», a-t-il soutenu. A propos de l'agression, Mohamed Zetitli a affirmé que la comédienne n'est pas une victime et que «l'agent s'est défendu quand la comédienne l'a agressé. Le rapport du médecin légiste veut tout dire», a-t-il conclu. Que veut dire ce rapport si ce n'est que les deux femmes ont subi des violences ? Cette position de la direction du TRC n'est pas convaincante, pour ne pas dire tendancieuse.