Au-delà de son seul caractère solennel, la rentrée universitaire intervient dans un contexte relativement apaisé après les très dures confrontations qui ont agité le secteur. L'université algérienne a notamment été affectée par des mouvements de grève répétitifs et d'une réelle dureté dont le parcours des étudiants n'est pas sorti indemne. Les perturbations qui ont marqué les différentes filières d'enseignement jusqu'à la paralysie dans certains cas n'ont pas aidé à instaurer une sérénité et un esprit de dialogue nécessaires à l'élévation du niveau de connaissance dans les campus algériens. Les revendications de toute nature, pour légitimes et fondées qu'elles soient, désengagent-elles le corps enseignant de sa lourde responsabilité pédagogique ? Certains observateurs posent à cet égard la question de savoir si les nombreux débrayages dont l'université algérienne a été le théâtre ces dernières années ne pénalisent pas, tout autant que les étudiants et leurs professeurs, la société dans son ensemble. C'est à juste titre que le souci dominant dans l'environnement de l'université algérienne est de voir celle-ci faire la meilleure connexion possible avec le marché du travail productif. En d'autres termes, cette institution ne peut pas être taraudée par le poids obsessionnel des contentieux internes et former les effectifs qualifiés que requiert le développement économique de tout le pays. La rareté des débouchés tient souvent que les profils d'emplois proposés se basent sur des critères très pointus qui ne sont pas l'apanage de promotions sortantes très moyennement formées et de surcroît inexpérimentées au moment d'entrer dans la vie active. Ce n'est pourtant pas la vocation de l'université que de créer un corps de chômeurs d'élite. Mais il n'en reste pas moins que la quête du premier poste est souvent un chemin de croix pour les lauréats frais émoulus de l'université algérienne. Cela favorise le phénomène de l'émigration forcée et dans la foulée, l'émergence de cette dramatique fuite des cerveaux qui profite en fait aux nations développées. L'enjeu n'est-il pas, au regard des sommes colossales investies dans les programmes de formation dans les différents paliers de l'enseignement, que le pays soit payé en retour ? La rentrée universitaire est aussi une occasion propice à de tels rappels.