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Ecrire son époque
Publication . Actes du colloque d'Alger 2015
Publié dans El Watan le 02 - 04 - 2016

La littérature algérienne d'expression française a pris le tournant du troisième millénaire en accompagnant les mutations sociales et politiques des années post-indépendance.
Cet accompagnement s'est manifesté sur le double plan scriptural et thématique. L'Université d'Alger 2 s'y est déjà intéressé en se penchant sur cette littérature des deux dernières décennies et en tentant de définir ses «orientations les plus importantes et (ses) thèmes les plus fréquents».
Pour rappel, un colloque international a été organisé en avril 2015 sous l'intitulé «La littérature maghrébine de langue française au tournant du XXIe siècle : formes et expressions littéraires dans un monde en mutation». Les actes de ce colloque qui s'est finalement concentré sur la littérature algérienne viennent d'être publiés*.
«Quels sens cette littérature peut-elle donner aux événements vécus, à la société, à la femme, à l'homme, à la famille, à la religion ?» se sont interrogées Sabrina Fatmi-Sakri et Radia Benslimane, responsables et coordinatrices du colloque.
Parmi les treize communications publiées, figure celle de Christiane Chaulet-Achour qui s'est penchée sur l'intertextualité et la question de l'antériorité qu'elle estime inévitable lorsqu'on vient à interroger la littérature algérienne. Elle a porté son intérêt «sur les raisons de ces dialogues intertextuels au XXIe siècle» et sur le «dialogue que les écrivains algériens entretiennent avec Camus», à l'exemple de Kateb Yacine et de Kamel Daoud.
Pour sa part, Anne Prouteau, de l'université d'Angers (France), s'inscrit dans ce même axe du retour à l'histoire, en s'attardant sur «les invariants» dans La dernière nuit de l'émir (2012) de Abdelkader Djemaï. Il est aussi question du dialogue intertextuel dans l'article de Isabelle Cata, de l'université Grand Valley State du Michigan (USA).
En s'interrogeant sur la quête du miracle chez le romancier Yasmina Khadra, elle relève que dans Les anges meurent de nos blessures (2013), celui-ci «revisite le thème camusin de l'étranger, de l'étrangeté et de l'absurde dans une attitude de dialogue littéraire mais aussi sur les blessures de la période coloniale».
Quant à Salah Ameziane, de l'université de Cergy-Pontoise (France), il préfère parler de «revisitation critique» de l'histoire derrière laquelle «se dessine un procès de la modernité». Cet universitaire s'est intéressé au «roman algérien comme procès de la globale-modernité». Il observe que tout en étant «ancré certes dans un réel problématique», le roman algérien de cette période fait intervenir souvent des personnages «en crise, qui amorcent des questionnements sur soi».
Explorant «l'écriture de soi», Radia Benslimane trouve que Tu ne mourras plus demain (2011) de l'écrivain Anouar Benmalmek, «premier roman ''intimiste'' de l'auteur, fait exception à la règle», précisant qu'il s'était fait connaître jusque-là à travers une «écriture charnelle et impudique».
De «la langue crue», Anouar Benmalek «relève le défi d'une écriture pudique là où l'acte d'écrire est par essence impudique». Radia Benslimane arrive à la conclusion que «le masque de la fiction dans les écrits de Benmalek est susceptible d'atteindre à plus de vérité que l'autobiographie, toujours sujette à caution». Pour sa part, Noura Hamouche, qui a analysé Ô Maria (2006), souligne qu'Anouar Benmalek «choque par ses trames romanesques touffues et d'une extrême violence». Une violence qui est l'expression d'un mal social.
Et justement, Voyage au bout du délire (2011), roman de Zoubeïda Mameria, s'inspire du vécu social de l'Algérie du début du XXIe siècle qui connaît le phénomène très médiatisé des harraga. La communication de Assia Kacedali, de l'Université d'Alger 2, pose un regard critique sur «cette écriture qui, pour rendre compte d'un mal social réel, mêle divers discours, journalistique, poétique, fantastique, comme si l'écriture réaliste ne suffisait pas à rendre compte du tragique de ces jeunes destinées».
Le personnage créé par l'écrivain défunt Hamid Skif, dans La géographie du danger (2006), n'est pas loin de ces destinées tourmentées. Mais le récit paraît pour Meriem Zeharaoui, de l'Université de Blida II, «bien loin des considérations identitaires qui ont prévalu à une époque antérieure», préférant la piste «d'hybridations culturelles». La question cruciale de l'identité revient dans l'article de Sabrina Fatmi-Sakri qui se propose d'explorer la littérature issue de l'immigration que l'on dit «littérature beure», «littérature de banlieue» ou encore «littérature des rues». Autant d'«étiquettes» qui tendent à la marginalisation d'une littérature qui «n'est que le produit de son temps».
Sabrina Fatmi-Sakri estime nécessaire de prendre en compte la question de la réception pour pouvoir classer cette littérature qui demeure sans «place précise», même si elle aspire, au final, à l'universel. Pour cela, cette littérature «aura besoin de temps car sa taxinomie, qui semble être obsessionnelle, n'est qu'une constante structurante de l'histoire de la littérature française», conclut Sabrina Fatmi-Sakri. Eveline Caduc, de l'Université de Nice, s'arrête sur l'abolition des frontières génériques et mêmes des frontières nationales dans le sillage de la «littérature-monde». Sa communication porte sur l'écriture de certains écrivains algériens du XXIe siècle qui trempent dans le bilinguisme ou le plurilinguisme. Eveline Caduc écrit que «tout écrivain hérite d'une langue à l'intérieur de laquelle il doit créer sa propre langue constitutive de son écriture spécifique».
C'est le cas, entre autres auteurs, de Mustapha Benfodil qui use d'alternance codique dans ses récits avec l'usage de l'arabe dialectal. Pour Sylvie Brodziak, de l'Université Clergy-Pontoise, Mustapha Benfodil «refuse toute assignation et construit une œuvre originale provocante, parfois agressive, toujours dérangeante».
L'écriture de Malika Mokeddem présente, quant à elle, une autre particularité. Son roman Des rêves et des assassins (1995) est parcouru par «le discours idéologique et politique, qui (…) laisse en lui des traces qui semblent inaltérables», soutient Djoher Sadoun. Tandis que Tombeza (1984), de Rachid Mimouni, «participe, selon Nawel Krim, d'un projet esthétique qui porte les germes d'une écriture de rupture et annonciatrice d'une libération de créativité littéraire chez les nouvelles générations d'auteurs».
Il ne s'agit là que de quelques aspects d'un colloque d'une grande densité dont les propositions et réflexions sont désormais accessibles à travers la publication de ses Actes qui actualisent la vision d'une partie de la littérature algérienne.
*Les Actes du colloque sont publiés et diffusés par la Faculté des Lettres et des Langues de l'Université Alger 2 (Bouzaréah).


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