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Le théâtre populaire de la rue à l'espace fermé
Intenses débats à l'occasion des 1res Journées du théâtre populaire de Bordj Bou Arréridj
Publié dans El Watan le 14 - 04 - 2016

Quelle définition pour le théâtre populaire en Algérie ? Et quels sont les référents historiques et culturels ? De grandes questions suivies d'un débat intense au complexe cultuel Aïcha Haddad à Bordj Bou Arréridj, à l'occasion des 1res Journées du théâtre populaire qui se sont déroulées du 4 au 7 avril 2016.
Le théâtre grec était populaire. Le nombre de spectateurs dépassait les 5000. Ils assistaient à des pièces philosophiques et intellectuelles», a relevé le critique et universitaire Brahim Noual. Pour Ahmed Cheniki, enseignant à l'université de Annaba, le rapport entre théâtre et «ce qui est appelé Peuple» fait l'objet de questionnements depuis l'antiquité.
«Il faut trouver une définition au mot peuple. Souvent, on confond entre peuple et public», a-t-il précisé. Il a cité le Français Romain Rolland, auteur du livre Le théâtre du peuple, qui n'avait pas fait de distinction entre «foule» et «peuple». Ahmed Cheniki a parlé aussi du dramaturge Jean Vilar, fondateur du Festival d'Avignon, considéré comme le promoteur du théâtre populaire à partir des années 1940. «Vilar voulait un théâtre qui dialogue avec le peuple.
Il s'est trouvé enfermé dans le théâtre d'Etat ou dans des salles, alors que le théâtre populaire se fait dans des espaces ouverts. Le théâtre de Boulevard a commencé dans la rue mais avec une qualité faible. D'où la question : le théâtre populaire s'adresse-t-il à un grand public ?» s'est-il interrogé. Pour lui, le théâtre populaire serait une illusion. «L'expérience d'Athéna a été pervertie par l'Europe pour des raisons idéologiques et politiques. La Grèce n'a jamais été une entité européenne.
En Grèce, le théâtre était considéré comme une institution sociale. L'idée de la citoyenneté existait dans les tragédies grecques. Après, avec Racine et Corneille notamment, tout ce qui avait trait à la citoyenneté dans les tragédies a été détruit. Au XVIIe siècle, l'Eglise avait le pouvoir. On ne peut isoler le théâtre de la politique», a-t-il souligné. Le théâtre festif est, selon lui, une autre illusion. «J'ai discuté avec Assaf, Berrechid, Alloula, Wanous pour dire que les Arabes n'ont rien fait pour le théâtre. Je sais que certains ne sont pas d'accord avec ce que je dis. Nos expériences ont été importées d'Europe.
Alloula, Seddiki, Kaki ont été formés par des Européens. On leur disait qu'il fallait reprendre les formes populaires dans le théâtre. Pour moi, le ''goual'' et la ''halqa'' n'existent plus aujourd'hui. Mis sur scène, le goual perd ses attributs originels pour devenir un comédien. Je n'ai pas vu le goual chez Alloula ou le ''medah'' chez Kaki», a souligné Ahmed Cheniki. Selon lui, Alloula n'a jamais fait de la Commedia Dell'Arte (Arlequin valet de deux maîtres de l'Italien Carlo Goldani fut la dernière pièce montée par Abdelkader Alloula en 1993). «Qu'on ait un débat sur la question.
Commedia Dell'Arte avait une audience ''populaire''. Goldani a repris les expriences sous forme écrite. Donc, l'improvisation a disparu puisque le texte existe. C'est la culture savante. Cela dit, l'improvisation est toujours étudiée dans la Commedia Dell'Arte», a-t-il dit. Il a rappelé qu'un grand débat existait dans les années 1960 entre Mustapha Kateb, Mohamed Boudia et Ould Abderrahmane Kaki sur la notion du théâtre populaire.
Education populaire
«Après l'indépendance, Boudia et Mustapha Kateb avaient décidé que le théâtre algérien soit un espace dédié au peuple avec l'idée de promouvoir ''l'éducation populaire''», a, pour sa part, relevé Brahim Noual. «Nous n'avons pas donné suffisamment d'importance à l'expérience de Rouiched dans le théâtre populaire», a-t-il regretté. Il y a, selon lui, certaines hésitations dans l'utilisation du terme «folklore» pour qualifier les arts populaires, y compris les danses.
Il a critiqué la mauvaise perception faite de la danse dans la société algérienne alors que les premières formes d'expression artistique en milieu ouvert étaient presque toutes dansantes depuis la nuit des temps. Il a évoqué le cérémonial de Boughendja et de Sbiba, perçues comme des formes de théâtre festif avec un rôle social clair. «Avant Jean Vilar, plusieurs autres chercheurs et théoriciens voulaient imposer une autre forme de théâtre entre les deux grandes guerres.
Chez Jean Vilar, le concept du théâtre populaire est également social et politique», a-t-il estimé. Il a cité l'expérience du Brésilien Augusto Boal, le fondateur du théâtre Arena à Sau Paolo, défenseur du théâtre de rue contestataire et du théâtre Forum. Augusto Boal est considéré également comme le théoricien du théâtre de l'opprimé. «Les idées de Boal sur le théâtre contre l'oppression ont été adaptées dans toute l'Amérique du Sud. En Italie, Dario Fo a fait du théâtre un moyen de sensibilisation et de lutte contre le conservatisme de l'Eglise», a rappelé Brahim Noual.
Dario Fo a, à sa manière, célébré la Commedia Dell'arte, réactualisé les farces médiévales, rafraîchi l'improvisation scénique et libéré la langue théâtrale en usant parfois d'expression brutales. Brahim Noual a évoqué aussi la contribution d'un autre Italien, Giorgio Strehler qui, à partir du célèbre Piccolo Theatro de Milan, a développé une forme théâtrale plaidant pour «le rapprochement entre les peuples».
L'intervenant a également rappelé l'expérience de l'Américain Peter Schumann de «Bread and puppet theatre» utilisant les marionnettes géantes pour dénoncer la guerre du Vietnam et les choix politiques de l'Administration Bush dans la rue. Peter Schumann a, depuis les années 1960, sillonné plusieurs pays pour montrer ses marionnettes faites de matériaux de récupération et dire haut et fort ce qu'il pense des politiques, de la discrimination raciale et des travers du capitalisme. Il existe, selon Brahim Noual, des expériences de théâtre populaire en Afrique qu'il faut explorer et présenter aux Algériens.
L'expérience de Masrah Al Taj
Pour le critique Abdelnacer Khelaf, l'expérience de théâtre de rue de Masrah El Taj de Bordj Bou Arréridj mérite d'être étudiée et présentée davantage. Il a rappelé que pendant des années la troupe de Rabia Guichi et Halim Zedam a présenté dans l'espace ouvert la pièce Djoha, inspirée d'une légende populaire. Avec des jeunes comédiens de la région de Béjaïa, Rabia Guichi a monté la pièce en version amazighe, présentée lors des 1res Journées du théâtre populaire de Bordj Bou Arréridj. Abdelnacer Khelaf a rappelé que le théâtre est né de la célébration, de la fête, des contes, des légendes et des rituels depuis les premiers temps de la civilisation humaine.
«Le théâtre s'est éloigné des temples, devenu un art à part entière. Le public d'Athènes assistait aux spectacles liés à ses convictions religieuses. Dès le début, le théâtre était populaire. Au Moyen-âge, le théâtre des Mystères se pratiquait en extérieur. A l''ère Elisabéthaine en Angleterre, le théâtre commençait à trouver un cadre, se mettait à l'intérieur des murs. Le public était séparé en catégories sociales», a-t-il noté.
D'après lui, la Commedia Dell'Arte a, à partir du XVIe siècle, tenté de supprimer les murs sans y parvenir puisque le théâtre est entré dans les palais des rois pour devenir un divertissement en s'éloignant de ses origines. Abdelnacer Khelaf est revenu sur la fameuse question posée ces trois derniers siècles : «Le théâtre s'adresse-t-il à l'élite ou aux masses populaires ?» «Le théâtre contemporain européen a tenté de se débarrasser de certaines lourdeurs et se rapprocher du public avec une esthétique différente», a-t-il souligné.
Il a étayé son propos par le théâtre épique de l'Allemand Bertolt Brecht qui voulait, à sa manière, combattre les dérives du capitalisme et les crimes du nazisme (le régime Hitler avait brûlé les œuvres du dramaturge). D'où le rôle politique du théâtre. «Le spectateur chez Brecht n'est pas uniquement un observateur, mais un acteur qui peut faire changer les choses.
En France, Jean Vilar a voulu faire du théâtre un service public, accessible à tous. Il était en quête d'égalité. Comment faire pour que le théâtre soit indispensable dans notre vie comme le pain et l'eau ? Une question à laquelle Peter Brook a voulu répondre dans son livre L'Espace vide. Pour lui, l'ennui a tué le théâtre, notamment en Occident. Et là, Brook a voulu injecter du sang neuf dans le théâtre pour lui redonner vie à partir d'expériences vues en Asie et en Afrique. Peter Brook a même visité l'Algérie à la faveur de ses recherches.
Peu d'écrits existent sur ce voyage», a noté Abdelnacer Khelaf. Peter Brook, adepte du théâtre immédiat, a évacué l'espace au profit du comédien. La pièce est, pour lui, un spectacle évolutif, qui s'enrichit au fils des représentations et des rencontres avec le public. «Le théâtre populaire n'est pas celui qui s'adresse à une catégorie sociale précise, mais celui qui défend ou qui prend en charge des causes humaines. Un théâtre qui a pour but de préparer un spectateur nouveau et se sortir des schémas limités de l'espace fermé», a conclu Abdelnacer Khelaf.


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