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«La poésie, d'abord une façon d'être»
Lamis Saïdi . Poétesse et animatrice culturelle
Publié dans El Watan le 30 - 04 - 2016

À sa dévorante passion de la langue arabe, elle ajoute un grand intérêt pour des auteurs tels que Yamina Mechakra, Henri Michaux ou Emily Dickinson dont elle a entrepris de traduire des œuvres/ elle illustre sa vision de la poésie dans les «rendez-vous avec la poésie» qu'elle anime chaque mardi à la bibliothèque nationale.
On note une certaine variété du programme des rendez-vous avec la poésie. Dans quel esprit est-il confectionné ?
Le but est de sortir des clichés sur les rencontres poétiques : les longues (et parfois ennuyeuses) lectures où des dizaines de poètes se relaient pour réciter leurs textes. On tente de s'ouvrir sur la diversité linguistique qui caractérise l'Algérie. A mon sens, c'est une grande richesse pour la poésie, et plus largement pour la littérature et la culture algériennes.
On essaie aussi de s'ouvrir sur les différents styles poétiques, différentes formes d'écriture. Et puis, le plus important, c'est qu'on veut ouvrir le débat sur le paysage poétique algérien. La poésie ne fait plus partie du paysage culturel. Pourtant, la poésie a toujours été dans le débat intellectuel, sur l'esthétique et la philosophie, notamment dans le monde arabe. Alors on tente de relancer le débat, de poser des questions sur les projets poétiques des auteurs algériens. Depuis cinquante ans, il n'y a pas de continuité dans l'écriture.
Un poète publie un recueil ou deux et continue longtemps à se présenter comme poète sans mener plus avant son projet poétique. On invite également des poètes étrangers pour s'ouvrir à ce qui se fait dans le monde.
Vous dites qu'il n'existe pas vraiment de scène poétique algérienne. D'où vient le problème : l'édition, les poètes, la critique ?
C'est un peu tout cela. On a des poètes, mais pas de scène à proprement parler. Du moins on ne la connaît pas. Il y a des poètes dans toutes les villes, mais on ne les connaît pas. D'une part parce que l'édition reste confidentielle, et puis la critique est inexistante. Des recueils sont publiés mais il n'y a pas de critiques qui travaillent à les présenter et suivre l'évolution de l'écriture. Il y a bel et bien évolution. De jeunes poètes tentent d'écrire de manière moderne et personnelle. Hors de certains petits cercles universitaires, la poésie n'a aucun écho dans les médias. Déjà que la culture a une part minime dans les pages de journaux et les émissions TV et radio. Quant à la poésie, elle est presque absente.
Il y a aussi une vision «classique» de ce qu'est la poésie à laquelle vous êtes souvent confrontée…
Dans le monde entier, on n'a jamais été d'accord sur la définition de la poésie. En Algérie, et particulièrement dans le milieu arabophone que je connais bien, quand on parle de poésie on a souvent l'impression d'être au début du XXe siècle. La poésie arabe a connu une grande révolution dans la deuxième moitié du siècle dernier. La modernité a été au cœur du débat. Malheureusement, les références de nos poètes et de nos lecteurs sont souvent très anciennes, voire dépassées.
On croit que la poésie c'est ce qui rime et que le poète serait la voix du peuple, de la nation ! Or, la poésie est aujourd'hui un acte individuel. Pour le citoyen moyen, la poésie est ce qu'il a appris dans les manuels scolaires : de la poésie très ancienne et souvent mal présentée. Une vision archaïque et folklorique. Donc, la question qu'on doit poser est : qu'est-ce que la poésie ? Il faut avouer que la poésie est aujourd'hui une pratique élitiste. Il y a de très grands poètes dans le monde arabe dont l'œuvre est d'une modernité comparable à ce qui s'écrit en Occident ou en Amérique latine. Leurs œuvres sont méconnues du public ,mais aussi de beaucoup de poètes algériens. Même quand on parle du XXe siècle, on évoque Mahmoud Darwich ou Ahmed Abdel Muti Hijazi… Mais la poésie a beaucoup évolué. La langue arabe elle-même a beaucoup évolué. On essaie d'ouvrir une fenêtre sur tout cela.
Est-ce pour cela que les jeunes poètes préfèrent plutôt publier à l'étranger ? C'est notamment votre cas avec deux recueils parus au Liban...
En Algérie, et je parle particulièrement de la poésie en arabe, on ne publie pas de recueils, on les imprime. Il n'y a presque pas de distribution et encore moins de critique. Au Liban par exemple, rien qu'à Beyrouth il y a un grand réseau de librairies et le journalisme culturel est très développé. Même s'ils ne sont pas spécialisés en poésie, les journalistes dépassent la simple présentation ou la couverture d'événements culturels. Ils ont une vision de ce qui se passe dans le monde de l'écriture et peuvent parler de manière profonde et complexe d'un recueil de poésie.
Quand j'ai publié mon premier recueil (J'ai oublié ma valise comme à chaque fois) en 2007, à Dar Ennahda, le livre était présent dans les librairies de Beyrouth et la maison d'édition a participé à plusieurs salons internationaux.
De plus, des articles ont été écrits au Liban mais aussi dans des pays du monde arabe où le livre était distribué. Je me suis réveillée un matin en trouvant un article sur mon recueil dans Al Ahram alors que je n'avais pas mis les pieds en Egypte. C'est toute cette dynamique qui m'a poussée à publier à Beyrouth.
Mais le public de la poésie reste assez confidentiel…
Certes, la poésie ne se vend pas. Même un grand poète comme Adonis ne vend pas beaucoup de livres… Mais au moins, sur le plan de la critique et de la couverture médiatique, il y a une dynamique. En Algérie, on peut publier beaucoup de recueils sans aucun écho. Mon deuxième recueil (Au cinéma) aussi a été publié au Liban en 2011. Là, je viens de publier une biographie de mon père [Ndlr, Mohamed Saïdi, ancien diplomate et directeur du quotidien Echaâb] sous forme de recueil de textes, aux éditions El Ayn, au Caire.
Il y a aussi des expériences de co-édition. Par exemple, Khaled Bensalah a publié son recueil chez El-Ikhtilef en Algérie et Difaf au Liban. J'ai moi-même réédité mon deuxième recueil chez El-Ikhtilef en Algérie. Ainsi, il est disponible un tant soit peu. Quand mes éditeurs arabes cherchaient un réseau de distribution en Algérie, ils n'en trouvaient pas. Il n'y a pas assez de librairies et les livres en arabe que l'on trouve concernent surtout la cuisine et la religion ! Le rayon littérature est peu fourni.
Dans vos interventions, vous mettez souvent en avant l'importance du «projet poétique». De quoi s'agit-il ?
Pour moi, la poésie est d'abord une façon d'être. Une grande sensibilité qui engendre des questions et une soif de dialogue. Cela nous amène à lire car la lecture est une forme de dialogue avec quelqu'un qui a les mêmes rêves, les mêmes frustrations, les mêmes peurs… Une fois que l'on a écouté l'autre, on a besoin de s'exprimer par l'écriture. Pour écrire, il faut avoir une vision. Une vision de soi et de ce qui nous entoure, une vision du monde.
Cela peut sembler prétentieux, il s'agit surtout d'un travail sur soi. On plonge à l'intérieur de soi à l'écoute de sa «voix intérieure» pour se définir au sein de ce monde. Et l'on essaie d'accompagner cette expérience par l'écriture, qui n'est qu'un aspect de la poésie. Pour exprimer la poésie dans la langue, il faut trouver son langage. Un langage qui peut dire cette voix intérieure. C'est ce que j'appelle un projet poétique.
La littérature, ce n'est pas ce que nous disons mais comment nous le disons. Prenons un sujet comme l'amour. Toutes les littératures en ont traité. Comment peut-on se situer différemment par rapport à tout ce qui a été écrit ? C'est une constante recherche du style. Certains poètes trouvent leur style dès les premières œuvres, d'autres le cherchent longtemps. Le projet poétique, c'est ce projet linguistique.
Les poètes participent en grande partie à enrichir les langues par de nouvelles tournures, de nouvelles expressions, de nouvelles formes…


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