La maternité Fatma Zohra Aourai de Tiaret connait, ces derniers-temps, une activité des plus intenses, avons-nous constaté sur place. Disposant d'un effectif en rapport avec la cadence coutumière, l'établissement, un joyau architectural doté de toutes les commodités, fait paradoxalement face à une terrible pression induite par les transferts de malades depuis les daïras environnantes et même d'autres wilayas comme Tissemsilt ou Relizane. Doté de 109 lits, le personnel de l'établissement se voit souvent contraint de suivre certaines parturientes à même le sol. La structure, qui compte 12 spécialistes dont deux réanimateurs, un gynécologue ainsi que les médecins de la mission chinoise, déborde. «Il nous arrive de pratiquer jusqu'à 15 césariennes par jour», s'offusque le PCM. «Mais là où le bat blesse, dit Larbi Sekine, le directeur de l'établissement, c'est de voir les parturientes qui ont accouché par césarienne dans une structure privée amener leurs bébés pour placement en couveuse.» Cette pratique de certaines parturientes, est peu orthodoxe aux dires du directeur, sachant qu'un acte de ce genre chez le privé coûte 80 000 DA. Les chiffres qu'enregistre cet établissement restent éloquents. En 2015, il a été enregistré 1085 évacuations reçues avec supports de 13 établissements sanitaires. Sur les 9980 accouchements en 2015, il a été enregistré 5613 accouchements normaux, 3286 césariennes, 190 aux forceps, 588 prématurés et 303 grossesses gémellaires. Pour les 4 premiers mois de 2016, il y a eu 1154 évacuations, dont certaines à risques. «Une véritable médecine de guerre», lâche Larbi Sekine, destinataire tout autant que ses pairs de l'instruction ministérielle n°6 du 5 mai 2016 où des commandements pour le moins difficiles à mettre en application sont préconisés pour mettre en symbiose un dispositif déjà chargé. Une véritable fourmilière constituée de parturientes et, surtout, de leurs proches parents qui viennent de partout caractérise l'établissement. Rencontré devant la porte de la maternité, un homme dont la fille venait d'accoucher et qui attendait l'heure de la visite, nous a déclaré qu'il était venu d'un douar de la wilaya de Tissemsilt. «Parce qu'au village le plus proche, il n'y a même pas de sage-femme», a-t-il affirmé. Venu de Mechraa-Sfa, un mari dans le même cas a déclaré que les gens de son village ont de tout temps eu recours à la maternité de Tiaret parce que les autres structures médicales de la région n'ont rien et surtout pas de personnel médical qualifié.