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La famille Larbi Ben M'hidi indignée
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Publié dans El Watan le 22 - 07 - 2016

Agée aujourd'hui de 67 ans, Drifa Ben M'hidi, la jeune sœur du martyr Larbi Ben M'hidi, dit être lésée dans ses droits. Elle s'indigne de la confiscation de son local que l'Etat algérien avait attribué à sa mère au lendemain de l'indépendance.
«En dehors de la valeur matérielle de la chose, nous ne comprenons pas pourquoi la cour a cédé le local commercial de ma mère, son seul et unique bien, celui qui grâce auquel elle a pu nous élever dans la dignité après l'indépendance de notre pays, à quelqu'un qui prétend en être le propriétaire 40 ans plus tard.» Drifa Ben M'hidi (administrativement Benmahidi, ndlr), 67 ans, la jeune sœur du martyr Larbi Ben M'hidi, est sans voix depuis que la «cour d'Alger a décidé de lui confisquer son local» sis au 9, avenue Pasteur à Alger-Centre.
Sa fille, Isma, avocate, qui a suivi l'affaire depuis le début, jointe par téléphone, précise : «Cette personne s'est présentée avec un acte notarié et dit l'avoir acheté à une Française en 1962. Nous avons présenté toutes les pièces justificatives contredisant sa thèse. Nous avons eu gain de cause au tribunal. Mais je ne sais pas comment il a réussi tout de même à renverser la donne en sa faveur au niveau de la cour !». Nous sommes en 1962, quelques jours après l'annonce du cessez-le-feu, Drifa Ben M'hidi se trouvait encore à la base algérienne de Tripoli en Libye.
Elle venait juste de rencontrer son mari, Abdelkrim Hassani (mort le 5 novembre 2010), un homme lettré, ancien malgache chargé de la transmission, elle avait accepté sa demande en mariage à condition d'attendre d'abord l'indépendance de l'Algérie. Elle était la seule femme et c'est en sa compagnie et celle de plus de 30 000 moudjahidine qu'elle rentre à Alger dans un voyage qu'elle n'est pas près d'oublier. L'Algérie est enfin indépendante. Drifa pouvait enfin revoir sa famille, mais amoindrie.
Pensive, les mains tremblantes, les yeux rivés tantôt sur les portraits des membres de sa famille accrochés chez elle à Bouzaréah, à Alger, tantôt vers nous pour continuer à nous raconter son histoire qu'elle évoque avec beaucoup d'émotion. Sa famille, qui a vécu longtemps à Constantine, a perdu tous ses hommes.
Il y a d'abord, Tahar, le quatrième de ses cinq frères et sœurs, un brillant étudiant, polyglotte, qui malgré le refus de son frère Larbi à rejoindre la Révolution, y était quand même aux côtés de Zighout Youecf dans la Wilaya II, où il est tombé en martyr à l'âge de 22 ans et trois mois, précise Drifa, soit deux mois avant l'exécution de son frère Larbi.
Bien vacant
Arrêté le 23 février 1957, Larbi Ben M'hidi fut assassiné, sous l'ordre d'Aussaresses, dans les geôles de sa prison dans la nuit du 3 au 4 mars de la même année. Puis est venu le tour de leur père, si Abderrahmane, cheikh d'une zaouïa à Constantine. Drifa raconte qu'il n'avait pas digéré la thèse du suicide de Larbi avancée par les militaires français. Si Abderrahmane n'a pas tardé à rejoindre ses deux garçons en 1957.
Des Ben M'hidi, il n'en restait que les trois filles, Nafissa (morte en 2007), Fatma-Zohra et Drifa, élevées par leur mère, Aïcha, appelée la mère des chouhada. Afin de leur assurer une vie digne, Ahmed Ben Bella, alors premier président de l'Algérie indépendante, décide en présence de Houari Boumediène et du ministre des Finances de l'époque, Belkacem Cherif, de leur octroyer, en 1963, un local commercial, pour qu'elles puissent vivre dignement.
Ce local, aujourd'hui fermé pour les besoins de la procédure judiciaire, était loué par la mère des chouhada à un coiffeur qui l'avait utilisé jusqu'à l'introduction de l'affaire en justice, il y a quelques années. Sur le procès- verbal de notification qui atteste l'attribution du local en question à la veuve Ben M'hidi Aïcha, dont El Watan Week-end s'est procuré une copie, il est mentionné que c'était un «bien vacant». En 1984, n'ayant plus l'âge de s'occuper des affaires du loyer, Aïcha décide de léguer le salon de coiffure à sa fille Drifa, comme l'atteste l'arrêté de la wilaya d'Alger datant du 11 novembre 1984, dont El Watan Week-end détient aussi une copie.
Ce sont les raisons pour lesquelles, la famille Ben M'hidi a décidé de sortir de son silence pour savoir «comment une tierce personne puisse prétendre détenir la propriété d'un bien vacant attribué par le président de la République juste après l'indépendance ?» «Je n'aime pas parler des choses matérielles, car les valeurs pour lesquelles se sont battus mes deux défunts frères, Larbi et Tahar, ne me permettent pas aujourd'hui de me rabaisser à ce genre de sujets, regrette Drifa Ben M'hidi. Nous n'avons jamais utilisé le nom de Larbi pour acquérir un quelconque bien ni pour profiter d'un avantage.
Mais je ne peux pas accepter l'idée de perdre le local de ma mère qui représente pour moi une valeur sentimentale inestimable. C'est par principe que je fais ça.» C'est l'histoire d'une famille révolutionnaire et pas n'importe laquelle. La famille Ben M'hidi, dont on reconnaît encore sa loyauté aux valeurs algériennes et son attachement aux principes de la Révolution. Et comment ne pas l'être quand on est l'héritier du digne Larbi Ben M'hidi, héros de la guerre de Libération d'Algérie.
Cotisations
Drifa se rappelle encore des petites rencontres qu'organisait son frère Larbi, en 1953, à l'insu de son père Si Abderrahmane. Elle en savait même trop, car, très jeune (13 ans), elle était le chouchou des révolutionnaires qui se réunissaient chez eux à Constantine pour préparer la guerre. «Il y avait Didouche Mourad, Mohamed Boudiaf, Rabah Bitat et Mostefa Ben Boulaïd», se souvient-elle.
«Depuis, on m'a donné la mission de transporter le cartable de Didouche Mourad après chaque fin de réunion, car c'est à l'intérieur qu'ils mettaient les dossiers importants. Lui aussi, il portait le mien et on les échangeait au point de rendez-vous avant que je reprenne le chemin de mon école.»
Ce fut les premières missions attribuées à Drifa. «Pour m'enrôler, c'était Boudiaf qui avait insisté auprès de mon frère Larbi. Je me rappelle qu'il m'avait posé des questions auxquelles j'ai répondu avec ruse et il s'était adressé à Larbi, en lui disant : ‘‘Je t'avais dit que c'est elle qui convient le plus à cette mission'», se rappelle-t-elle. Après le déclenchement de la guerre, Drifa s'est trouvée une nouvelle mission.
Profitant de sa maîtrise de la langue arabe, Drifa était chargée cette fois-ci par les moudjahidine de rédiger des lettres de menaces et de les distribuer aux Algériens qui refusaient de payer leurs cotisations au FLN. «Une fois, j'ai été contactée par le biais d'intermédiaires et on m'a ordonné d'organiser des manifestations à Constantine. Je ne vous cache pas, j'ai toujours réussi à agir dans l'anonymat, mais j'ai été malheureusement identifiée, cette fois-ci, lors de la fameuse manifestation du 11 décembre 1957 organisée dans la ville de Constantine. Les militaires français ont débarqué chez nous, mais ils ne m'ont pas trouvée.
Puis, j'ai reçu l'ordre de quitter la ville surtout après la mort de mes deux frères et de mon père, confie-t-elle amèrement. J'ai escorté ma mère et mes sœurs, alors que j'étais la plus jeune d'entre elles, jusqu'à la frontière marocaine avant de rejoindre la base de Tripoli en Libye, où je suis restée jusqu'à la fin de la guerre de Libération.» Histoire après histoire autour d'un bon thé soigneusement préparé par Drifa Ben M'hidi. Avec le temps, nous nous sommes rendu compte que l'histoire du local n'est pas la seule question qui la déçoit.
Rue E
Dans son quartier à Bouzaréah, la rue baptisée Tahar Ben M'hidi, en présence du ministre des Moudjahidine de l'époque et de plusieurs personnalités révolutionnaires, ne porte plus le même nom, et ce, depuis 8 ans ! Elle est appelée désormais, «rue E». «C'est le P/APC de Bouzaréah qui lui a changé de nom sans donner d'explications», s'indigne-t-elle. Aujourd'hui, Drifa Ben M'hidi a trois filles et un garçon. «Je ne manque de rien.
Je veux juste recouvrer mes droits, assure-t-elle. Je souhaite récupérer le local de ma mère et pouvoir comprendre comment peuvent-ils enlever le nom d'un martyr de la Révolution algérienne et mettre à sa place une lettre qui ne veut absolument rien dire.» Et à Drifa Ben M'hidi d'ajouter : «L'Algérie a perdu beaucoup de ses valeurs. C'est l'Algérie qu'il faut préserver, si nous voulons rendre leur dignité à nos valeureux martyrs qui ont donné leur vie pour que vive l'Algérie libre et indépendante.»


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