Samedi 25 septembre 2010, dans la localité de Boukhanefis, la jeune Ikram, 9 ans, est enlevée devant le domicile familial. Ses parents, inquiets de sa disparition, se pressent d'alerter la gendarmerie. La nouvelle fait vite le tour de cette localité, située à 13 km à l'est de Sidi Bel Abbès. Après 48 heures de recherches, le corps sans vie d'Ikram est découvert à moitié enfoui sur les berges de l'oued Mekerra. L'auteur de ce crime, un jeune de 24 ans, l'a kidnappée, violée et assassinée à coups de hache. C'était un voisin de la victime. Après 9 mois d'incarcération, il est condamné à la peine capitale. L'enlèvement et l'assassinat d'Ikram est l'un des crimes les plus crapuleux qu'ait connus la wilaya de Sidi Bel Abbès. Six années plus tard, d'autres cas d'enlèvement et d'assassinat plongent la population locale dans le désarroi. Cette fois-ci, c'est la localité de Ben Badis qui est confrontée à l'horreur. Chaibi Miloud, 14 ans, est enlevé vers la fin du mois de décembre par plusieurs individus devant son domicile. Il sera emballé dans un sac en plastique après avoir été violé, torturé puis assassiné. Son corps a été retrouvé le 29 décembre 2015 par les services de police. «Les investigations, après la prise d'échantillons de salive, de sang et d'empreintes, ont conduit à l'arrestation de 4 individus âgés entre 21 et 24 ans», rappelle un responsable de la sûreté de wilaya. Là aussi, les auteurs présumés sont des voisins. «L'affaire Chaibi a nécessité beaucoup d'efforts, notamment de la part de la police scientifique, pour parvenir en une demi-journée à identifier et à arrêter les auteurs présumés de ce crime», souligne notre interlocuteur. Il précise que la tâche des enquêteurs fut des plus difficiles, «car il s'agissait de mettre rapidement le grappin sur les auteurs de ce crime et d'éviter, en même temps, que la situation ne dégénère après leur arrestation». La nouvelle de l'assassinat de Miloud a, rappelons-le, failli tourner à l'émeute. Les habitants de Ben Badis sont sortis, au lendemain de son assassinat, dans la rue réclamant vengeance. Le procès des 4 mis en cause est prévu le 2 novembre prochain devant le tribunal criminel de Sidi Bel Abbès. Ils sont inculpés d'enlèvement et sévices corporels, acte contre-nature sur mineur de moins de 16 ans et homicide volontaire avec préméditation. Trois mois après le meurtre de Miloud, un autre enfant est assassiné, encore une fois à Ben Badis. Mohamed Nadjib, âgé à peine de 9 ans, est retrouvé mort, début mars 2016, à moins de 2 km de son lieu de résidence. Sa grand-mère, constatant sa disparition, alerte la gendarmerie qui a immédiatement entrepris des recherches ayant abouti à la découverte macabre. Les gendarmes sont parvenus, après d'intenses recherches, à mettre la main sur l'assassin présumé de Nadjib. Celui-ci, sexagénaire, connaissait parfaitement la victime. Il habitait la localité de Ben Badis où il exerçait comme manœuvre en bâtiment, côtoyant souvent le père de la victime. Selon le réseau Nada, 195 enfants, dont 53 garçons, ont été enlevés en Algérie en 2014, tandis que, durant la période allant de janvier à fin août 2015, 52 enfants, dont 39 fillettes, ont été kidnappés et violés. Le réseau Nada, en collaboration avec une centaine d'associations réparties à travers 35 wilayas, s'efforce d'apporter une alternative en consolidant le mouvement associatif pour la défense des droits des enfants. «L'adoption de mécanismes de signalement et d'alerte en cas d'enlèvement constitue un pas important en ce sens. Ceci dit, l'accentuation de la violence contre les enfants n'est que le reflet d'une société qui a du mal à retrouver ses repères», estime pour sa part Arar Abderrahmane, président du réseau algérien pour la défense des droits de l'enfant (Nada).