Un récent rapport publié par le Secours catholique estime que le nombre des étrangers secourus par ses soins augmente régulièrement. Si la pauvreté ne recule pas en France, la proportion d'étrangers croît fortement alors que leur nombre reste quasiment stable en France. Cela confirme leur appauvrissement grandissant dans le pays. Un rapport du Secours catholique fait le point sur les populations qui viennent dans ses permanences. Là, elles trouvent écoute et aide, que ce soit pour l'habillement, la nourriture et des orientations pour des logements d'urgence, jamais en nombre suffisant. «La part des Maghrébins diminue» «Si les Algériens et les Marocains restent les plus nombreux dans les permanences (20,5% des étrangers rencontrés), la part relative des Maghrébins a continuellement et considérablement diminué au cours des quinze dernières années. Alors qu'ils représentaient de loin la majorité des étrangers accueillis en 2000 (53,5%), ils n'en représentent en 2015 que moins d'un quart, dépassés depuis 2010 par les personnes originaires d'Afrique subsaharienne (31,8% en 2015) et à part égale avec les personnes originaires des pays est-européens hors UE (24%). Les autres régions d'origine sont plus marginales et beaucoup plus diverses : les trois nationalités dont la part reste substantielle représentent les Turcs, les Syriens et les Haïtiens.» Le Secours catholique estime que «ce n'est pas parce qu'il y a plus d'étrangers qu'il y a plus d'étrangers pauvres ; c'est plutôt que les étrangers sont plus exposés à la pauvreté». Même si le nombre d'étrangers diminuait, la richesse des nationaux n'en augmenterait pas pour autant, est-il estimé. «Si l'on excepte les ressortissants de l'Union européenne, dont le statut juridique et les droits sont assez proches de ceux des citoyens français, les migrants font face à un certain nombre d'obstacles et de difficultés qui rendent leur situation souvent fragile.» Et le rédacteur de citer : «Au quotidien, la maîtrise imparfaite de la langue, la méconnaissance du fonctionnement de la société française, le déracinement et l'absence de réseaux, le racisme et les discriminations.» Ceci n'est pas seulement le fait des citoyens du pays d'accueil, mais souvent de l'administration. Le rapport pointe du doigt «les Etats (qui) s'emploient à réduire l'accès des migrants aux droits (…). Le raisonnement sous-jacent est que les étrangers souhaitent ‘‘abuser'' de la solidarité nationale et que, si on réduit cette solidarité, on réduit aussi les raisons qui attirent les migrants en France.» «Repenser les mécanismes d'aide et de solidarité» Le raisonnement poussé au bout signifierait que finalement «la pauvreté des migrants serait le résultat des mauvais choix opérés par ces derniers ; elle prouve qu'ils ont eu tort de quitter leur pays, que leur décision de migrer n'a pas amélioré leur sort, et qu'il est donc logique qu'ils rentrent chez eux et que l'on dissuade d'autres candidats au départ de venir à leur tour. Pour lutter contre la pauvreté des migrants, il faudrait donc avant tout lutter contre les migrants». Pour le Secours catholique, «ce raisonnement est fondamentalement vicié, car la pauvreté des migrants trouve ses causes non dans la migration elle-même, mais dans le fonctionnement de la société d'accueil». Ainsi, «c'est au cœur des sociétés d'accueil, en repensant les mécanismes d'aide et de solidarité, que l'on trouvera les solutions pour lutter efficacement contre la pauvreté des étrangers». Pour les personnes en situation irrégulière, en instance de régularisation ou déboutées de tout droit, le Secours catholique note qu'«en 2015, les sans-papiers représentaient 18,5% des étrangers hors UE rencontrés, ce qui correspond à une augmentation régulière de près de trois points par an depuis 2011». Peu de Maghrébins dans cette catégorie, selon l'association, puisque les trois quarts d'entre eux sont originaires de pays d'Europe hors UE (41,9%, dont notamment le Kosovo, l'Albanie, l'Arménie, la Russie avec des personnes de Tchétchénie et la Géorgie) et d'Afrique subsaharienne (33,5%, dont notamment les deux Congo et la Guinée). Rien d'étonnant lorsque l'on mesure la fragilisation des dispositifs publics d'accueil des étrangers récemment arrivés en France, estime la structure : «Le dispositif d'accueil des demandeurs d'asile, malgré les réformes votées, n'en finit pas d'être sous-dimensionné par rapport aux besoins et de produire, année après année, des exclusions de toutes sortes.» Ainsi, conclut le rapporteur, «les associations comme le Secours catholique qui maintiennent une démarche d'accueil et d'aide inconditionnelle sont devenues en quelques années les ‘‘dernières bouées'' auxquelles les migrants pauvres viennent demander soutien, conseil et secours».