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Quand on n'a que la générosité...
Les sans-abri, ces laissés-pour-compte de la société
Publié dans El Watan le 25 - 01 - 2017

A la tombée de la nuit, à l'heure où tout un chacun rentre chez lui, le décor urbain se transforme, petit à petit, en dortoir pour SDF. Ces malheureux choisissent des endroits qui les protègent un tant soit peu du froid.
Quand survient l'hiver, avec son lot d'orages et de vents violents, les plus vulnérables de la société sont, assurément, ceux qui n'ont pas de toit, et qui se doivent, chaque nuit, d'affronter la mort en faisant face à un froid très rigoureux. A Oran, on les trouve un peu partout, aussi bien au centre-ville que dans les zones périphériques. Petite immersion dans le monde de ceux qu'on nomme les sans domicile fixe (SDF).
A la tombée de la nuit, à l'heure où tout un chacun rentre chez lui, le décor urbain se transforme, petit à petit, en grand dortoir pour SDF. Ces malheureux choisissent des endroits qui les protègent un tant soit peu du froid. Ou des agressions. Au centre-ville, on les retrouve tout autour du marché Michelet.
Les uns passent la nuit en prenant leurs aises sur les marches du marché couvert, alors que d'autres, pour se protéger du froid, préfèrent dormir derrière le kiosque à journaux, dans la ruelle entre le marché Michelet et le CEM Tripoli. Deux autres encore sont assis en face, devant le showroom Renault, et attendent qu'il n'y ait plus de passants pour enfin s'allonger et tenter de dormir. Cela bien sûr sans compter ceux qu'on trouve près de la gare d'Oran, en face du commissariat central à Médioni, ou encore à Mdina J'dida et sur le boulevard Mascara.
Ce n'est que lorsque la nuit avance que l'on prend conscience du nombre sans cesse croissant des gens qui dorment dans les rues d'Oran. La majorité de ces SDF refusent de se confier ; ils ne parlent qu'à quelques bénévoles qui viennent les aider. Pourtant, rue Khemisti, une de ces sans-logis du froid a accepté de nous parler. Elle a 55 ans et sa fille en a 9. Les deux sont dehors, assises sur les marches d'un immeuble, du matin au soir. «Mon mari est mort il y a 3 ans.
Il était amputé des deux jambes, mais il parvenait à subvenir à nos besoins. Depuis sa mort, on a été délaissées par tout le monde, aussi bien par la famille que par la société.» Bien que vivant dans des conditions plus que précaires, cette mère veille à ce que son enfant ait une vraie scolarité. «Nous vivons de mendicité, soupire-t-elle. Il faut que nous parvenions à ramasser chaque jour 700 DA, la somme nécessaire pour passer la nuit dans un hôtel de la rue de la Bastille. Car si on n'a pas cette somme, nous dormons à la belle étoile.»
Cette quinquagénaire, C. H., compte donc sur la générosité des passants pour subsister. «Je touche aussi les allocations chômage, une modique somme de 3000 DA, mais qui n'est pas suffisante. Je suis une femme qui ne sait ni lire ni écrire, je suis malade : je vois très flou. Mais je tiens à ce que ma fille s'en sorte dans la vie. Je demande à l'Etat de nous aider.» Plus loin, à côté de la rue Ramier, des SDF, ceux-là sont jeunes. Il s'agit de laissés-pour-compte de la société, accros à la colle.
A à force de passer leurs journées dehors, leur visage est devenu familier pour les Oranais. A ce propos, Abdeljallil Benabdellah, membre du Croissant-Rouge algérien, nous a expliqué que beaucoup de ces sans-abri refusent d'être installés à Diar Errahma : «Hélas, bien souvent, ils refusent notre main tendue et on ne peut pas les y forcer. Certains n'aiment pas Diar Errahma, ils disent qu'on mélange dans une même pièce les sans-abri et les malades mentaux, ils ont peur d'être battus par ces derniers. D'autres ont des addictions, qui à l'alcool qui à la drogue, et ont peur d'être en manque s'ils se décident à rejoindre Diar Errahma.»
De retour du côté du marché Michelet, nous croisons une fourgonnette en train de stationner. Il est 21h30. Une dizaine de jeunes sortent du véhicule, les bras chargés de sacs contenant de la nourriture. «Nous sommes des bénévoles, membres du groupe les Amis des pauvres, on a parmi nous trois médecins», explique B. A., responsable du groupe et propriétaire d'un salon de coiffure. L'association Amis des pauvres ambitionne d'assurer 150 plats pour les distribuer aux sans-abri à la tombée de la nuit.
Elle n'est d'ailleurs pas la seule. «L'idéal serait que nous puissions faire cela chaque soir, mais nous le faisons le plus souvent possible, selon les dons que nous recevons.» D'autres groupes ou associations s'attellent à venir en aide à ceux qui n'ont pas de toit : Ness El Kheir, les Helpistes, sans oublier le Croissant-Rouge et le Samu social. «Les nuits de grandes averses, nous confie le médecin du groupe, c'est le cauchemar pour les SDF.»
«Par trop de froid, certains en arrivent au délire. Le délire les fait chanter à tue-tête pour combattre le froid, d'autres sont victimes de convulsions hypothermiques. L'année dernière, un SDF souffrant de cardiopathie est décédé aux urgences après avoir passé une nuit dehors, dans le froid. Cette année, un autre SDF, handicapé, qui a des broches au niveau de la cheville, a vu les vis qui les maintiennent sortir à cause de l'hypothermie», soupire-t-il.
Malgré cela, beaucoup de SDF refusent de rejoindre Diar Errahma pour bénéficier d'un lit, d'un repas chaud et d'un toit, ne serait-ce que pour y passer l'hiver. «En plus de mélanger SDF et malades mentaux, Diar Errahma souffre de manque de moyens. Le personnel doit faire face à nombre de problèmes. L'année dernière, par exemple, il y a eu une épidémie de gale à Diar Errahma par manque de moyens pour garantir l'hygiène.»
C'est dans cette optique et afin de renforcer l'esprit de solidarité que les Amis des pauvres ont pour projet d'ouvrir un autre centre d'accueil pour les SDF. «Nous demandons juste aux pouvoirs publics de nous léguer un lieu désaffecté à même de l'aménager en véritable centre qui pourra accueillir les sans domicile fixe», conclut le responsable du groupe.


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