Les travailleurs de la commune de Bordj Omar Driss, 700 km au nord d'Illizi, semblent déterminés à arracher leurs droits légitimes. La grève observée par les employés depuis dimanche semble bien partie pour durer. En fait, privés de leurs salaires depuis cinq mois, les employés de la mairie sont rentrés, depuis dimanche dernier, en grève illimitée pour dénoncer la gravité de leur situation qu'ils jugent catastrophique, en procédant à la fermeture du siège du Trésor communal. «Aucune des nombreuses promesses qu'on a eues n'a été concrétisée, nous n'avons rien et nous voulons juste nos salaires pour pouvoir nourrir nos enfants… C'est dur !» dira très déçu Djamel, un employé de cette mairie. «Nos enfants sont malades, d'autres suivent leur cursus universitaires et nos salaires sont bloqués depuis cinq mois. Est-ce logique ?», s'interroge Fatiha, en colère, avant d'ajouter : «Nos dettes ne cessent d'augmenter et nous sommes à la merci des commerçants de la ville, même le seul pharmacien dont dispose notre commune continue à distribuer les médicaments à crédit, surtout aux malades chroniques, mais jusqu'à quand durera cette faveur ? » Les grévistes ont brandi des banderoles sur lesquelles on pouvait lire «Les travailleurs de l'APC de Bordj Omar Driss veulent leurs salaires». Dans une lettre adressée au premier magistrat de la wilaya, Aïssa Aletta, secrétaire général de la section communale de l'UGTA, a sollicité son intervention pour mettre fin à ce blocage qui dure depuis plus de quatre mois. «Nous sommes à cent mètres des élections législatives et on voit que les événements qui se passent ou se passeront gêneront la vie politique dans cette commune (…) Monsieur le wali, nous vous demandons de nous aider, au moins pour régler la situation des travailleurs de la commune, qui souffrent économiquement… Sauvez leurs familles et leurs enfants», lit-on dans cette lettre, dont nous détenons une copie. Les élèves, premières victimes de la grève Les élèves des établissements scolaires, notamment ceux du lycée Mohamed Boudiaf, ont payé cher les conséquences de cette grève. Seulement 60 lycéens ont pu rejoindre leur établissement dimanche, soit 30% de l'effectif contre 82% lundi, sachant que cet établissement ferme ses portes aux retardataires. Une série de réunions se sont tenues entre l'association des parents d'élèves, la représentation locale de la fédération de wilaya des associations des parents d'élèves et le directeur du lycée, en vue de débattre de ce problème, à l'issue desquelles une série de recommandations ont été émises aux autorités compétentes, à leur tête le premier responsable de la wilaya. «Nos enfants sont les cadres de demain, notre commune a besoin des ingénieurs, des médecins, et des cadres dans tous les domaines. Et nous réclamons depuis belle lurette l'ouverture d'une annexe de l'Etablissement public de transport urbain et suburbain dans notre localité mais en vain», dira Moussa Ben Salem, vice-président de l'association des parents d'élèves du lycée Mohamed Boudiaf. Bouda Brahim