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La fin de la pensée critique...
Démission de Nacer Djabi de l'université
Publié dans El Watan le 22 - 05 - 2017

C'est une démission qui sonne l'alerte sur l'état de délabrement de l'Université algérienne en particulier et celui du pays en général. Elle a provoqué une onde de choc dans les milieux universitaire, politique et intellectuel.
La lettre «Pourquoi je quitte l'université», de l'éminent sociologue Nacer Djabi annonçant sa retraite universitaire, a eu cet effet parce que, d'abord, c'est une décision qui prive la communauté universitaire et les étudiants du savoir et des connaissances d'un des meilleurs enseignants dans son domaine.
C'est l'institution universitaire qui perd ainsi une pensée critique. Mais surtout elle vient confirmer la mort lente de l'université algérienne. Une démission alarmante parce qu'elle est aussi le fait d'un universitaire à part qui marque la fin d'une génération de pensée, d'une époque et avec elle s'achève une certaine idée de l'Université algérienne. Livrée à la corruption, la violence, la cooptation, caporalisée et surbureaucratisée, l'Université est «irréformable», enrage le sociologue.

Devenue un cadavre en raison de l'embrigadement politico-administratif, elle a cessé d'être cet espace autonome, ce haut lieu de production scientifique et de confrontation des idées. Elle a fini par renoncer à son rôle de vigie de la société. C'est de cette institution agonisante que démissionne le professeur Djabi. Il refuse d'être le complice de sa mise à mort. Ce n'est pas un abandon, encore moins un renoncement.

C'est un acte d'insoumission qu'il vient d'accomplir, lui qui n'a jamais cessé de résister à la régression scientifique aux côtés de nombreux collègues. Une démarche qui rentre en résonance avec ce qu'a été son parcours. Figure universitaire marquante de ces vingt dernières années, Nacer Djabi est un sociologue en action qui s'est inscrit dans la lignée des Saïd Chikhi, Djamel Guerrid, et Ali El Kenz. Aux côtés des Fatma Oussedik, Khaoula Taleb Ibrahimi, Daho Djerbal, Abdelmadjid Merdaci, Farid Cherbal, Adel Abderrezak et quelques autres, Nacer Djabi fait partie de ce que Pierre Bourdieu appelle «l'intellectuel collectif». Ceux qui pensent à contre-courant d'une doxa dominante et stérilisante.

Il est de cette génération pleinement engagée dans la production d'un discours critique sur l'état du pays, Etat, pouvoir et société. Dès le début de sa carrière universitaire, il ne s'est pas enfermé dans la posture de technicien du savoir.
Il a consacré trois décennies à former des générations d'étudiants, à encadrer des jeunes chercheurs, à éclairer, avertir sur les tendances lourdes qui traversent et travaillent la société, à ouvrir des champs de réflexion d'avenir... Refusant de se cloîtrer dans les murs bureaucratisants de la fac, il a investi le terrain, celui de ses études. Il scrute rigoureusement les mouvements sociaux et syndicaux, il se rapproche des travailleurs et mène des enquêtes sociales.

«C'est Saïd Chikhi qui nous poussait à aller vers la société pour mieux la connaître, être à son rythme pour pouvoir l'étudier», a confié Djabi. Dans un prolongement naturel, il laboure le champ politique où il approfondit sa recherche sur une société ballottée entre une violence permanente et des horizons bouchés. Il passe au crible les élites politiques, soumet à l'examen critique les partis et leurs assises sociologiques dans un souci à la fois scientifique et politique en mettant le doigt sur les tares, les insuffisances, les limites objectives d'un système politique bloqué. Mieux encore, il saute le pas en s'impliquant directement dans les batailles politiques et citoyennes.

En apportant son concours, il alimente les partis en idées novatrices et en analyses critiques et, parfois, en jouant le facilitateur dans le rapprochement des différentes tendances, il n'hésite pas à prendre position sur les questions qui agitent la société. Il assume ainsi le devoir de prendre sa part de l'histoire avec intelligence et lucidité. Le sociologue n'a pas été sacrifié au profit du militant.
C'est la suite logique d'un engagement de jeunesse étudiante du département de sociologie historiquement de gauche dans lequel évolue l'étudiant, Nacer Djabi en s'impliquant dans la défense de l'autonomie scientifique et administrative de l'université. Dans cette bataille, le pouvoir politique a réussi à avoir le dernier mot, mais au prix d'une mort lente et certaine de l'institution.


Elle est devenue une tour d'ivoire vidée, et non «une tour de vigilance, une vigie qui alerte la société». Cette mise à mort «est un choix politique des décideurs parce que moins coûteux. Il arrive à l'Université ce qui est arrivé aux entreprises publiques qu'on a fini par brader et vendre au dinar symbolique», constate implacablement Nacer Djabi. Une orientation qui révèle un choix stratégique d'avenir pour le pays engagé par le pouvoir politique : celui de la reproduction des élites dans des grandes écoles étrangères.

«La formation de l'élite algérienne d'avenir est confiée aux universités occidentales parce que l'expérience de l'Université nationale n'est plus en mesure d'assumer la mission de production d'élites dont le système de gestion politique et économique a besoin. Cette mutation stratégique dans le processus de formation des élites intervient dans un contexte de transformation internationale qui charrie de nouvelles dominations. Au plan national, la transformation se traduit entre autres par le transfert des capitaux publics vers le privé dont ont bénéficié des catégories sociales qui veulent nous gouverner à l'avenir à travers leurs enfants formés et préparés dans les universités occidentales au nom d'une nouvelle légitimité (…)», dissèque Nacer Djabi dans sa lettre.

En somme, la fin de sa carrière universitaire que le sociologue vient de signer est loin d'être un coup de colère. Elle nous dit tout le drame de l'Ecole, de l'Université, de l'Etat et de la société propulsés dans une impasse historique. Et pour en sortir, il nous faut des milliers de Nacer Djabi.


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