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Une figure emblématique du cinéma algérien
Mohamed Bouamari est mort à l'âge de 65 ans
Publié dans El Watan le 02 - 12 - 2006

Né en 1941 à Sétif, Mohamed Bouamari, encore enfant, avait dû s'expatrier. Il vivra à Lyon, les années cruciales d'une adolescence qui ouvre les yeux sur la vie et le porte à une exigence d'élévation. Cette quête, d'abord intérieure, sera sublimée par la redécouverte du pays que fait le jeune Mohamed Bouamari au début des années soixante.
En effet, lorsqu'il y revient, le pays est marqué par un lyrisme fervent, révolutionnaire même, que Mohamed Bouamari prend à son compte. En France, il avait eu la révélation, aussi violente qu'une passion dévorante, du cinéma, cette magie fascinante des images qui scandait tout un défilé d'émotions. Déjà, Mohamed Bouamari ne se voyait pas d'autre vocation que celle de s'exprimer dans ce langage dont il avait immédiatement saisi la complexité même s'il n'avait pas fréquenté les grandes écoles de cinéma. Son apprentissage concret du cinéma, Mohamed Bouamari le fera au contact assidu des cinéclubs. A l'indépendance du pays, sous l'emprise de cette flamme particulièrement brûlante qui lui faisait aimer les films, il sera l'un des acteurs de la formidable épopée des ciné-pop sous la conduite du cinéaste émérite René Vautier. Pour autant, le cinéma algérien était à bâtir. Mohamed Bouamari en sera l'un des artisans, pour ne pas dire l'un des pionniers. Il n'a que 23 ans lorsque sa vocation s'affirme dans la réalisation de ses premières œuvres personnelles. Ce sont les courts métrages qui à l'image de Conflit (1964), L'obstacle (1965), Le ciel et les affaires (1967) constituent des référents pour qui veut comprendre la genèse du cinéma algérien. Toutes ces œuvres portaient, de manière récurrente, les thèmes dont Mohamed Bouamari nourrira bien plus tard ses films à venir. Observateur lucide de la vie, Mohamed Bouamari avait ce sens critique qui lui permettait d'identifier les perversions et les errements qui minaient une société qui aspirait à se libérer de toutes les oppressions et de tous les tabous. Ses courts métrages déclinaient déjà, avec acuité, sa dénonciation de l'affairisme et de l'obscurantisme lorsqu'ils se donnaient la main, le poids des traditions, outre l'émancipation des individus, et le sentiment de l'injustice faite aux exclus. C'est toute l'esthétique sociale du chef-d'œuvre de Mohamed Bouamari, Le Charbonnier, que portent en germe ses courts métrages du début des années soixante. A cette époque-là, le jeune réalisateur formé sur le tas était entré de plain-pied dans le professionnalisme. Il s'imposera dans l'assistanat aux côtés de Ahmed Rachedi, Lakhdar Hamina pour Le vent des Aurès (1966), Costa-Gavras pour Z (1969) et Jean-Louis Bertucelli pour Remparts d'argile (1970). Mohamed Bouamari avait également approché les prestigieux Gillo Pontecorvo lors du tournage de La bataille d'Alger (1964) et Luchino Visconti lorsque celui-ci réalisera une adaptation de L'étranger d'Albert Camus en Algérie. Cette immersion productive de Mohamed Bouamari dans l'univers réel du cinéma sera accompagnée par une expérience qui le consacre comme un animateur incontournable des cycles cinématographiques de la Cinémathèque d'Alger dont il avait dû devenir un personnage central. Mohamed Bouamari était alors totalement dans l'accomplissement de cette exigence d'élévation intellectuelle qu'il s'était imposé lors de ses jeunes années lyonnaises. La meilleur était à venir. Dans un contexte, celui des années soixante-dix, propice à tous les questionnements, les cinéastes algériens de la génération de Mohamed Bouamari engageaient une réflexion sur le rapport entre l'art et l'histoire en train de se faire, une réflexion rendue nécessaire par le souci que leurs films ne constituent pas simplement des relais du discours officiel. En raison de son itinéraire personnel, parce qu'il était toujours empreint de ce lyrisme qui lui dictait une dimension vertueuse du cinéma, Mohamed Bouamari était alors de ces jeunes cinéastes pour qui le mot révolution ne pouvait pas être un mot creux. Autrement, ce serait la voie ouverte à la démagogie et au populisme. Mohamed Bouamari était fortement attaché à l'idée que la révolution servait de carburant aux transformations sociales. Il pensait beaucoup au monde paysan et rural dont il n'acceptait pas, par posture morale, qu'il soit laissé sur le bas-côté de la route. D'autre part, il défendait l'idée que le vécu algérien, avec toutes ses contradictions, devait alimenter les sources thématiques de films qui autrement n'auraient pas réellement de sens dynamique. Et c'est à cet égard qu'il avait en gestation son projet grandiose, Le charbonnier, véritable fresque dans laquelle il entendait dépeindre le conflit entre l'ancien et le nouveau monde. Atteignant des sommets dans l'esthétique du dépouillement, Le charbonnier avait été comparé au sublime L'île nue du Japonais Kaneto Shindo. En réalité, Le charbonnier est unique en son genre dans le sens où il est le produit d'une conjoncture profondément algérienne dénuée de toute citation anecdotique. Admirablement servi par l'interprétation de Fettouma Ousliha, actrice associée à la vie et à la filmographie de Mohamed Bouamari, Le charbonnier est une épure magistrale, une peinture à la fois bouleversante et optimiste qui en fait une ode au progrès. Sans doute même faudra-t-il voir dans Le charbonnier, aujourd'hui, ce poème pédagogique par lequel Mohamed Bouamari a transcendé la froideur distante de l'approche documentaire pour s'impliquer dans un débat à hauteur d'homme. Il faut comprendre à quel point étaient importants, dans les années de l'après indépendance, toutes les avancées qui faisaient bénéficier les populations des acquis au progrès. C'est dire combien la symbolique de l'arrivée du gaz dans les zones rurales était essentielle. Récompensé par de nombreuses distinctions, Le charbonnier est un film phare de l'histoire du cinéma algérien. Mohamed Bouamari poursuivra sa quête exigeante d'une esthétique de la vie réelle avec ces films L'héritage (1974) et Refus (1982) qui ne rencontreront pas le même accueil que Le charbonnier bien que ces œuvres ne manquent pas de qualités. Comme de nombreux cinéastes algériens, Mohamed Bouamari avait subi les effets dramatiques de la crise du cinéma algérien, puis le démantèlement du secteur public de la cinématographie qui s'en était suivi. Les années 80-90 auront été largement celles de la dramatique désillusion, pour autant elles n'auront pas été celles du renoncement pour le cinéaste qui se battra pour continuer de faire des films, car il avait d'innombrables projets. Au nombre des films qu'il avait pu mener à terme, figurent Tlemcen, à l'ombre des remparts (1988) et un court métrage Nuit (1996), œuvres ultimes d'un cinéaste majeur dont l'empreinte personnelle s'inscruste dans la culture contemporaine et moderne de l'Algérie. Il est de ceux dont le parcours intellectuel et humain doit être donné en exemple.
Inhumation aujourd'hui du défunt Mohamed Bouamari. Le cinéaste Mohamed Bouamari, décédé hier à Alger, sera inhumé aujourd'hui au cimetière de Sidi Merzouk à Ben Aknoun (Alger).


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