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Ordonnance sur la monnaie et le crédit Ce qu'il faut savoir
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Publié dans El Watan le 15 - 09 - 2017

L'Etat souffre d'un déficit budgétaire et aura donc du mal à payer, entre autres, ses fonctionnaires. En amendant l'ordonnance relative à la monnaie et le crédit, le gouvernement opte pour le financement non conventionnel, en recourant à la planche à billets sans contrepartie de production. L'expert financier, Omar Berkouk, avec qui nous avons réalisé ce décryptage, qualifie la décision de dangereuse.
Déficit budgétaire
L'Etat a recouru à l'amendement de l'ordonnance relative à la monnaie et le crédit pour gérer un double déficit, commercial et budgétaire. Il faut dire qu'il n'a pas vraiment le choix dans la situation où nous sommes aujourd'hui. Le déficit commercial est encore sous contrôle, avec les réserves de change dont dispose le pays et qui sont autour de 100 milliards de dollars.
Mais ce n'est pas le cas pour le déficit budgétaire, car c'est à travers les recettes que l'Etat engrange qu'il paye ses fonctionnaires, les retraites et maintient un certain budget d'équipement, etc. Le pays est en situation d'insuffisance en matière de recettes fiscales. Il a décidé de prendre des mesures qui permettent à la Banque centrale de permettre au Trésor public de faire face à ses dépenses en adoptant le processus de création monétaire. C'est-à-dire créer plus de billets de banque, ce qu'on appelle aussi la planche à billets.
Inflation
Ce processus n'est pas malsain s'il correspond au taux de croissance d'une économie. Si on crée de la monnaie sans contrepartie, cela aura une incidence directe sur le niveau général des prix (financement non conventionnel, qui veut dire créer de l'argent sans contrepartie de production, comme la richesse ou la croissance).
Cette situation nous mène droit à l'inflation, dans un délai variant entre 6 à 12 mois et touchera directement le citoyen. A partir du moment où le citoyen, même celui qui ne dispose pas d'une grande éducation économique, va anticiper les conséquences de cette nouvelle politique monétaire (hausse des prix), il va vouloir se débarrasser de sa monnaie.
Exemple : quelqu'un qui va anticiper sur la hausse des prix des meubles ou des voitures va acheter directement ces derniers avant que cela n'arrive. Au Venezuela, même si on n'est pas vraiment dans le même cas de figure, des magasins ont été assaillis après que des gens se sont précipités pour l'achat de leurs besoins avant l'augmentation des prix.
Ce cas a été vécu aussi en Argentine et dans certains pays latino-américains. Les ménagères allaient faire leurs courses très tôt le matin car les prix allaient changer à 16h. C'est cela l'hyperinflation. Les pays qui ont recouru au mode de financement non conventionnel comme les Etats-Unis, l'Europe ou le Japon afin de faire face à la crise née de la crise financière de 2008 ont des monnaies qu'on appelle «monnaie de réserve».
Une monnaie de réserve, vous la gardez pour les coups durs parce qu'elle a de la valeur. Mais ce n'est pas le cas de l'Algérie. La Banque centrale européenne continue de recourir au même mode de financement, et ce, depuis pratiquement 2008/2009. Mais l'inflation dans ces pays était négative. Nous concernant, nous avons déjà une inflation de 6,5%. Le pouvoir d'achat lui aussi a diminué de plus de 6,5%. Cette politique, quand elle sera mise ne place, aura des conséquences dramatiques sur le niveau général des prix.
Pouvoir d'achat
L'Etat fait un rattrapage des salaires depuis 2008 et a augmenté le nombre de fonctionnaires d'une manière importante depuis 3 à 4 ans. Cette «générosité» s'est faite grâce à l'aisance financière issue des recettes des hydrocarbures. L'Etat a donc distribué du pouvoir d'achat sans contrepartie productive.
Ce pouvoir d'achat, il faudra le reprendre et il n'y aura que deux manières de le faire : soit par l'inflation ou en licenciant des gens qu'on n'arrive plus à payer. Mais ces mesures reviennent au même. La voie de la création monétaire contraint aujourd'hui l'Etat, mais elle touchera le citoyen de base. Ceux qui ont les grands moyens sont en train d'anticiper. Ils transforment leurs dinars en actifs. La grande partie de la population ne va perdre immédiatement sa fonction, sauf s'il y a destruction d'entreprises.
Le policier verra son salaire de 50 000 da, qu'il touchera toujours, atteindre le pouvoir d'achat de 30 000 da. C'est ce qu'on appelle l'illusion monétaire. On lui a donc bien repris quelque chose. Pour résumer, l'Etat va créer la monnaie pour payer des employés non productifs qu'il a créés. Ces derniers vont se dire qu'il n'y aura pas de problème tant qu'ils continueront à percevoir leurs salaires, mais ils ignorent que la valeur de ces derniers va diminuer.
Licenciements
Les licenciements ne proviendront pas directement de l'inflation, mais des remèdes qu'on va utiliser plus tard pour combattre cette dernière. C'est un mal qui chasse l'autre. Aujourd'hui, l'inflation va nous donner l'illusion que rien n'a changé, mais quand elle sera d'un niveau qui obligera le gouvernement d'arrêter cette politique, il détruira des entreprises. C'est ce qui s'est passé dans les années 1990.
C'est un sauvetage de l'économie nationale avec des ingrédients qui ne correspondent pas aux politiques structurelles que réclame l'économie du pays. L'inflation s'installe rapidement, mais la combattre demande beaucoup de temps. Pour le faire, il faut retirer, entre autres, les liquidités qui ont été injectées par une élévation des taux d'intérêts. Ces derniers auront des conséquences sur le financement des entreprises. C'est un cercle vicieux dans lequel il ne faut jamais entrer.
Privatisation
Le Premier ministre dit qu'il faut privatiser, mais nous ne pouvons privatiser un organe déjà malade. Nous avons dépensé plus de 800 milliards de dollars entre 2004 et 2014. Il y a de quoi en faire un pays tout en entier et tout neuf. Ce sont les choix d'investissement et le modèle économique qui posent problème. Nous avons un secteur public pléthorique ayant un rendement et une productivité faibles. Il absorbe des ressources bancaires en quantités colossales au détriment du secteur privé. La privatisation du secteur public pose le problème de la structuration de l'emploi, donc de l'effectif. Si on veut privatiser, ceux qui reprennent veulent licencier.
Le licenciement est, bien évidemment, une catastrophe pour l'employé. Alors qu'avec l'argent qu'on avait, on pouvait créer des caisses d'amortissement pour reprendre les effectifs pléthoriques et permettre à l'entreprise qui veut racheter de structurer. Du moins, pour pouvoir payer les périodes de chômage ou de formation. Aujourd'hui, nous n'avons plus de marge de manœuvre. C'est quand vous êtes riche que vous pouvez prendre de telles décisions douloureuses pour le citoyen. Aujourd'hui, personne ne voudra racheter ces entreprises.
Secteur privé algérien
Même les plus grandes entreprises privées algériennes seront incapables de faire quoi que ce soit, car elles sont tout simplement dépendantes de la demande de l'Etat et de la commande publique. Tout le monde est sous perfusion. Si on demande à les évaluer, on dira qu'elles devront se battre avec la compétition internationale pour qu'on dise qu'elles créent de la valeur.
Mais qui peut le faire aujourd'hui ? Elles vont toutes subir les contrecoups des restrictions sur le budget de l'équipement. L'économie algérienne est loin d'instaurer une réelle économie de marché qui est déjà loin du libéralisme. Pour muscler une entreprise, il faut la confronter à la compétition internationale. Je ne vois pas en quoi elles pourraient aider l'économie nationale.
Informel
L'Etat n'a pas réussi à mobiliser l'épargne informelle. Cette dernière est, pourtant, en quantité suffisante. Sa valeur est estimée à près de 40 milliards de dollars et elle est encore disponible, mais en dehors du circuit bancaire. L'informel va, lui aussi, être coincé par l'inflation. La création monétaire est aussi une façon de dévaloriser l'encaisse cash. Donc, les opérateurs de l'informel auront un intérêt de sortir leur argent.
C'est une façon de leur dire : si vous le laissez sous le matelas sans le remettre dans le circuit il va perdre de sa valeur. Mais l'informel n'est pas organisé en entreprises. Ils ne le sauront peut-être pas tôt, mais ils vont utiliser certainement leur argent pour acheter des actifs et créer des actifs productifs réels, ce qui est déjà positif.
Explosion sociale
Je ne suis pas le seul à prédire une éventuelle explosion sociale. La plupart des gens qui aiment leur pays, qui tiennent un discours honnête, académiquement pour les experts, et qui sont soucieux de faire progresser la réflexion anticipent tous la même chose. L'Etat veut créer une illusion de richesse pour maintenir la paix sociale jusqu'en 2019. Mais quand les organismes internationaux, tels le FMI ou la Banque mondiale, devront nous mettre en garde par rapport au dérapage de notre masse monétaire, on prendra des mesures pour retirer cet argent. Cette décision aura des conséquences dramatiques pour les entreprises.
Nous avons vécu avec un prix du pétrole à plus de 100 dollars le baril pendant presque 8 ans. Les politiques courageuses et structurelles n'ont pas été faites au bon moment. Nous avons opté pour des politiques économiques et sociales démagogiques. Aujourd'hui, nous avons choisi la facilité, mais les conséquences seront dévastatrices.


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