Nous ne sommes pas dans une logique de compétition avec le FLN, déclarait sans conviction le secrétaire général du Rnd (Rassemblement national démocratique) sur les ondes de la Chaîne 3 de la Radio nationale, précisant que le plus important pour son parti est le soutien au président Bouteflika et à son programme qui le lie à son partenaire de l'alliance présidentielle. Par définition, l'action politique est le moyen par lequel des acteurs politiques ambitionnent d'accéder au pouvoir et de gouverner dans un exercice démocratique en s'appuyant sur une majorité. Chez nous, l'allégeance au pouvoir moyennant des dividendes politiques sous formes d'accès aux privilèges et aux postes est érigée en programme politique par les partis agrégés dans l'alliance présidentielle. Le plus insolite dans ce rassemblement de forces politiques qui n'ont de commun que le soutien au programme présidentiel et au chef de l'Etat, c'est ce dédoublement de la personnalité politique qui habite chaque formation et qui fait que le FLN, le Rnd et accessoirement le MPR et le Taj sont à la fois alliés dans la défense du pouvoir en place et adversaires et concurrents sur les terrains politique et électoral. Nos hommes politiques ont inventé l'art de s'aimer et de se détester cordialement dans un même couple. Lorsque le secrétaire général du FLN, le Dr Ould Abbès, haranguant toute la classe politique, annonce, sûr de son fait, que le FLN raflera la majorité des sièges aux prochaines élections locales, les partis de l'alliance présidentielle, qui sont dans la course électorale comme le FLN, ne se sentent ni offusqués ni trahis par un jeu politique caché et malsain de leur supposé allié. Ainsi, de compromis en compromission, les formations, qui ont offert de se liguer avec le FLN pour soutenir Bouteflika, ont fini par perdre leur âme et leur identité politique en acceptant de s'effacer devant les desiderata du FLN qui joue allègrement la carte Bouteflika — président du FLN — pour asseoir sa domination. Même face à des cas de fraude électorale avérée, on s'est gardé de pointer du doigt le FLN. Avec des ambitions moindres mais tout aussi confiants en leur bonne étoile, les autres partis de l'alliance présidentielle ne manquent pas, à chaque consultation électorale, de surenchérir en se positionnant comme seconde, troisième et quatrième force politique derrière le FLN. Des pronostics qui se sont confirmés lors des dernières législatives, suscitant de vives contestations de la part de l'opposition, qui avait crié à la fraude, accusant le pouvoir d'avoir trituré les résultats pour construire une majorité parlementaire et présidentielle confortable. Comment, dès lors, mobiliser l'électorat et éviter le taux d'abstention record enregistré lors des dernières législatives, quand on a la conviction que les jeux sont faits à l'avance ? Quand le président de la commission de surveillance des élections nommé par le président de la République reconnaît explicitement des dysfonctionnements dans le dispositif électoral qui impacteront forcément les résultats du scrutin. Le prix du baril de pétrole a toujours été l'allié et le bouclier le plus sûr du pouvoir, permettant à celui-ci d'acheter la paix sociale et d'alimenter ses promesses électorales. Le climat anxiogène dans lequel est plongé le pays du fait de la crise économique et de gouvernance risque d'avoir un effet inhibiteur et repoussoir sur l'électorat lors du prochain scrutin.