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En Iran, 30% de la population vit en situation de précarité
Vincent Eiffling. Chercheur associé au Centre d'étude des crises et des conflits internationaux à l'université catholique de Louvain (Belgique)
Publié dans El Watan le 05 - 01 - 2018

Il y a une semaine, de violentes manifestations éclataient en Iran. Pour le gouvernement Rohani, qui ne parvient pas à redresser l'économie, l'enjeu politique de la paix sociale dépasse les frontières du pays.
Alors que les manifestations en Iran sont fréquentes, celles qui ont éclaté hier dans la deuxième ville du pays se sont propagées et ont dégénéré en violences. Pourquoi ?
A la différence des autres, ces manifestations, parties de Machhad (la deuxième ville du pays, au nord-est), une ville conservatrice, ont été très médiatisées. Et certains Iraniens y ont vu une fenêtre d'opportunité pour exprimer un ras-le-bol qui touche une bonne partie de la population.
Aujourd'hui, environ 30% de la population iranienne vit en situation de précarité. Aux revendications économiques du mouvement, se sont donc greffés d'autres slogans, demandant par exemple un changement de régime. Malgré cela, il faut dire aussi que de nombreux Iraniens qui adhèrent aux revendications ne sont pas descendus dans la rue, non pas parce qu'ils ont peur de la répression, mais parce qu'ils craignent que le pays ne bascule dans le chaos.
- Certaines voix en Iran laissent entendre que ces manifestations ont été téléguidées par les conservateurs qui cherchent à nuire au camp des modérés auquel appartient Rohani. Que faut-il en penser ?
On peut dire, en effet, que les conservateurs sont à l'origine de la première manifestation. Mais s'ils ont allumé l'étincelle, le brasier qui a suivi leur a échappé. Et les critiques, qui visaient le président Rohani (modéré) se sont rapidement étendues, attaquant le guide suprême puis le régime tout entier. Aujourd'hui, même s'il y a toujours des incidents dans les provinces, les manifestations ont baissé en intensité, laissant présager un retour à la normale.
- Restrictions à internet, arrestations, menaces sur les manifestants… Comment Rohani, qui a pourtant reconnu qu'il fallait «un espace» pour que la population puisse exprimer ses «inquiétudes quotidiennes», gère-t-il cette crise ?
Il faut faire la distinction entre Hassan Rohani et les modérés – pragmatiques, qui considèrent que le régime doit s'adapter aux réalités sociales pour perdurer – et les éléments les plus conservateurs. Rohani a essayé de récupérer le mouvement en disant qu'il le comprenait, mais que si l'économie de l'Iran n'allait pas mieux, c'est avant tout la faute des conservateurs qui l'empêchent de mener à bien son programme.
Il a d'ailleurs beaucoup à gagner, mais aussi beaucoup à perdre, car si les manifestations se tassent, il pourra mener plus librement sa politique. En revanche, si elles continuent ou si d'autres éclatent, il verra sa marge de manœuvres réduite. Ali Khamenei, le guide suprême, a quant à lui tenu un discours plus traditionnel en rejetant la responsabilité de l'ampleur des manifestations sur des perturbateurs qui venaient de l'extérieur.
Sur les réseaux sociaux, en particulier Twitter, on voit en effet que la plupart des hashtags appelant à manifester venaient d'Arabie Saoudite. De même, l'Organistion des moudjahidine du peuple, opposition au régime iranien basée à Paris mais proche des Saoudiens, a aussi soutenu le mouvement. Mais s'il y a eu des tentatives de récupération de l'extérieur, le mouvement est bien parti de l'intérieur.
- Les revendications sont essentiellement économiques, l'accord sur le nucléaire n'ayant pas apporté la relance tant attendue ?
Les attentes des Iraniens au moment de l'accord sur le nucléaire étaient disproportionnées : je me souviens des bazaris (commerçants des marchés) et des chauffeurs de taxi qui disaient que Téhéran allait devenir la nouvelle Dubaï, que l'argent allait couler à profusion, que les investissements étrangers allaient affluer et que la rente serait abondamment redistribuée.
Mais en 2016, sur les 50 milliards de dollars de bénéfices promis par Rohani, l'Iran n'en a enregistré que 3,17 milliards. Cela a fait naître un très grand sentiment de frustration aggravé par le nouveau budget dans lequel les fondations religieuses et la politique étrangère absorbent des sommes astronomiques. Les Iraniens, qui veulent un travail et de quoi manger, ne comprennent pas.
Non seulement l'accord sur le nucléaire ne leur a pas apporté ce qu'ils espéraient, mais ils se retrouvent en plus aujourd'hui avec un budget d'austérité sur le dos. Dans ce contexte, il est évidemment beaucoup plus difficile pour le gouvernement de se dédouaner de sa mauvaise gestion politique.
- Difficile, vu le contexte de tensions régionales avec l'Arabie Saoudite, de ne pas imaginer qu'une fragilisation de la paix sociale déstabilisera politiquement Téhéran face à Riyad et à Washington…
Sur le terrain – en Syrie, au Liban notamment – le rapport de forces entre Riyad et Téhéran balance plutôt en faveur de Téhéran. L'Iran s'en sort plutôt bien, mais pour combien de temps ? Si après ces manifestations, le régime se réoriente vers des préoccupations plus domestiques, il accordera moins de moyens à sa politique étrangère.
De plus, le soutien très clair de Donald Trump à Israël et à l'Arabie Saoudite est un handicap pour l'Iran, déjà isolé sur la scène régionale.
- Donald Trump a en tout cas dit clairement qu'il ne voulait plus de l'accord sur le nucléaire, qui, s'il serait abandonné, n'arrangerait pas l'économie iranienne…
La position de Donald Trump face à l'Iran est ambiguë. En refusant de «certifier» l'accord en octobre devant le Congrès, il a montré à son électorat qu'il respectait ses promesses. Bientôt, il devra parapher un texte devant lever des sanctions contre l'Iran. Il est impossible de dire aujourd'hui s'il le fera. Quoi qu'il en soit, sa politique représente un facteur d'incertitude supplémentaire qui ne peut nuire qu'aux investissements.


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