Enquête au paradis est un documentaire de 2h15mn tourné en noir et blanc (France/Algérie, 2016). Sur la fiche technique figurent les producteurs délégués Bahia Allouache, Merzak Allouache, les scénaristes Bahia Allouache et Merzak Allouache, l'ingénieur du son, Amine Teggar, le compositeur, Yahia Bouchaâla, l'assistant à la réalisation, Amine Kabbes, le directeur de la photo, Hocine Hadjali, la monteuse, Bahia Allouache… La liste artistique compte Salima Abada, dans le rôle de Nedjma (journaliste) , Younès Sabeur Cherif (Mustapha le collègue), ou encore Aïda Kechoud (la mère). Le pitch ? Nedjma, jeune journaliste dans un quotidien, mène une enquête sur les représentations du paradis véhiculées par la propagande islamiste et les prédicateurs salafistes du Maghreb et du Moyen-Orient à travers des vidéos circulant sur internet. Mustapha, son collègue, l'assiste et l'accompagne dans cette enquête qui la conduira à sillonner l'Algérie... Enquête au paradis a été le récipiendaire de nombreuses distinctions. Prix du jury œcuménique à la Berlinale, Fipa d'or du documentaire de création – (Prix Télérama), un prix au Seattle International Film Festival, au Docs Against Gravity Film Festival de Varsovie (Pologne), au Durban International Film Festival, au Nuremberg International Human Rights Film Festival, au Festival international du film francophone de Namur, au Beirut International Film Festival, au Rio International Film Festival, au Festival des libertés de Bruxelles (Belgique), au Cinemed de Montpellier (France), au Medfilm Festival de Rome (Italie) ou encore au Festival du film arabe d'Oran. «Seuls les extrémistes se sont emparés du discours religieux» «Depuis le tournage de Bab El Oued City, en 1993, jusqu'à Terrasses, vingt ans plus tard, en passant par Harraga, en 2009, et Le Repenti, en 2012, j'ai pu observer, dans les mutations de la société algérienne, la prégnance grandissante de la religion. Si l'on porte son regard au-delà des milieux très aisés de la nouvelle bourgeoisie ou de la classe moyenne, il existe une Algérie profonde où, malgré la manne pétrolière, la vie est très dure. Les gens n'ont rien, en particulier les jeunes, qui constituent la majorité de la population. J'ai vu leur ‘‘mal être''. Ils n'ont rien à quoi s'accrocher, sinon internet et les chaînes de télévision satellitaires qui ont façonné une jeunesse nouvelle, parlant très peu le français et tournée vers le Moyen-Orient... Des interlocuteurs dans le film évoquent la nécessité d'une réforme de la religion musulmane. Avec la vidéo du prédicateur salafiste, qui est le vecteur de l'enquête, nous nous apercevons qu'aujourd'hui, plus que jamais, toutes les dérives sont permises, et surtout acceptées et justifiées. Comme il est dit dans le film, les hommes de bonne volonté se sont tus – par peur ou par soumission – et seuls les extrémistes se sont emparés du discours religieux. La foi et la spiritualité ne sont plus ce qu'elles étaient. Certains intervenants l'expliquent très clairement…», soulignera Merzak Allouache dans un entretien figurant dans le dossier de presse. A propos du choix porté sur la comédienne et chanteuse Salima Abada campant le rôle de Nedjma la journaliste, le cinéaste Merzak Allouache précisera : «J'avais déjà fait jouer Salima dans mon film Les Terrasses. J'ai pu constater son intelligence de jeu, son esprit vif, son sens de la repartie, ses facilités d'improvisation. C'est une actrice accomplie qui n'est pas timorée face à la caméra. Et surtout, c'est une fonceuse dans la vie. Une jeune femme moderne, qui sait parfaitement comment évoluer dans une société algérienne très compliquée…». On espère voir ce film en Algérie bientôt. Certes, les salles obscures sont rares. Mais ce film doit être montré au public. Car il est contre l'amnésie et la folie meurtrière au nom de l'islam.
