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La société algérienne est défaite et l'ordre institutionnel a reculé
Mahmoud Boudarene. Psychiatre
Publié dans El Watan le 19 - 01 - 2018

Le psychiatre Mahmoud Boudarène, auteur du livre La violence sociale en Algérie, comprendre son émergence et sa progression, explique le phénomène qui gangrène la société algérienne.
- Pourquoi un livre sur la violence ?
Tout d'abord, parce que c'est un fléau qu'on observe et qui est présent dans la cité. Ce phénomène est en progression au sein de la société. Je pense que c'est lié à l'histoire des individus. On ne peut pas l'admettre parce que nous sommes violents par nature, même si le quotidien des Algériens est devenu très compliqué. La vie est difficile et les conditions d'existence sont de plus en plus contraignantes. L'individu se retrouve piégé. Et quand on se retrouve piégé par la vie, on réagit souvent par l'agressivité.
La société algérienne est comme une marmite en ébullition. Le passage à l'acte et à l'agressivité devient facile. Mais il y a aussi la difficulté à s'exprimer. Le citoyen algérien est bâillonné. Il n'a pas le droit de donner son opinion. Il n'a pas le droit de participer à des décisions, notamment politiques. Il n'a pas d'espaces de liberté pour qu'il puisse s'organiser, présider et construire son destin.
Tout ça a fait que le citoyen algérien est à bout de nerfs, donc il passe plus facilement à l'acte. Cela sans oublier qu'il y a aussi l'histoire. La guerre d'Algérie et la colonisation ainsi que les privations des libertés après l'indépendance et les assassinats politiques ayant ouvert la voie à la violence politique, il y a eu aussi la décennie noire qui a laissé des marques dans les têtes des gens, donc le cocktail est explosif.
- Justement, on stigmatise de plus en plus la génération née dans la décennie noire d'être violente. Pourquoi ?
Sans doute parce que le traumatisme psychique est important. Quand un enfant naît dans un climat d'insécurité, dans un climat de violence, il ne peut pas ne pas reproduire ce dont il a été victime. C'est presque naturel. Il faut dire aussi que toute cette violence vécue durant la décennie noire a fait tomber les interdits élémentaires qui font que la société est pacifiée.
Il y a eu un désordre social. Et les pouvoirs publics ont laissé faire. Il y a eu aussi ce qu'on appelle un désordre institutionnel. Les institutions de la République ont reculé. Des manifestations à tout bout de champ. En 2011, il y a eu 10 000 émeutes.
C'est énorme. Au lieu de réagir d'une manière ferme en faisant valoir le droit, l'Etat a négocié, tergiversé et il y a eu beaucoup d'internements. On a même manipulé la violence. Vous savez, les baltaguia sont une création de l'Etat. Quand un Etat lui-même est violent, il ne peut pas contenir ce qui lui vient de la société.
- Où est donc le rôle de l'école dans tout ça ?
Les pouvoirs publics partagent entièrement cette responsabilité. Quand on apprend à un enfant en bas âge avec quelle longueur de baguette il doit battre la femme, il ne peut pas, quand il va grandir, avoir des comportements apaisés vis-à-vis du sexe opposé avec qui il partage l'espace public. Les institutions qui devaient jouer le rôle de pacification ont au contraire exalté le passage à l'acte violent.
- Le phénomène de la baleine bleue est une autre forme de violence...
Ce n'est qu'en Algérie qu'on a fait de ce phénomène des tartines. Ailleurs, le fléau est passé inaperçu. Les jeux pathologiques ont toujours existé. Les gens qui jouent au poker des nuits entières, qui vendent leurs voitures, leurs appartements au jeu, c'est connu. Ce n'est pas le jeu qui est mis en cause. Des milliers de personnes jouent au poker dans le monde.
Mais il y a 2 à 3% qui vendent leurs biens parce que ce sont des joueurs accros. S'il y a eu deux ou trois suicides en Algérie, nous n'avons pas encore fait d'autopsies psychologiques pour prouver que c'est le jeu de la baleine bleue qui était à l'origine des passages à l'acte suicidaires.
L'adolescence est un période critique dans la vie d'un individu et nous savons pertinemment qu'il y a un certain nombre de maladies qui commencent précisément à l'adolescence et qui peuvent se manifester par un passage à l'acte suicidaire, comme la schizophrénie qui touche des enfants à partir de 14 ans. Donc, ce n'est pas le jeu qui était à l'origine de ces suicides. Le jeu en question n'a été qu'un catalyseur, un alibi ou un prétexte.
- La violence gangrène la société algérienne, la situation est inquiétante...
Nous sommes une société éminemment violente parce que les mécanismes élémentaires qui régulent l'ordre social ne sont pas réunis aujourd'hui. La société algérienne est défaite et l'ordre institutionnel a reculé. Quand quelqu'un commet un délit, qu'il est arrêté par la police et que le juge d'instruction le relâche, cela pose un problème.
Il y a aussi des violences institutionnelles. Les administrations sont parfois violentes vis-à-vis du citoyen. La justice est violente. Des responsables politiques à un haut niveau de l'Etat qui commettent des actes gravissimes et que la justice ne punit pas, comment voulez-vous que les citoyens ne soient pas violents.
C'est de l'impunité. Et la solution est politique. Il faudrait que la nature du système qui gouverne ce pays change, il faudrait qu'il y ait plus de démocratie et surtout que la parole soit redonnée à tous les gens qui ont des opinions à formuler. Nous sommes privés de notre liberté. Le peuple algérien n'est pas libre, c'est un peuple brimé. Si on avait plus de liberté, je pense qu'on va apprendre à se parler et à être tolérant. Et à ce moment-là, il y aura sans doute moins de violence.


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