Un collectif de citoyens français, de chercheurs et de militants associatifs ont signé une lettre ouverte appelant à une enquête sur les propos haineux et racistes, tenus vendredi dernier par l'ancienne ministre française, Noëlle Lenoir, contre les ressortissants algériens en France, lors d'une émission sur la chaine de télévision CNews. Dans cette lettre ouverte paraphée par de nombreuses personnalités et publiée mercredi par le quotidien français l'Humanité, les signataires interpellent la Défenseure des droits, le président de l'ARCOM (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) et la Procureure de la République de Paris. "Assimilant l'ensemble des ressortissants algériens à des individus dangereux, ces propos constituent une stigmatisation collective. Ils s'inscrivent dans un discours de haine fondé sur l'origine nationale, portant atteinte à la dignité et à l'égalité de millions de personnes, dans un contexte où les discriminations raciales persistent en France", dénoncent les signataires dans leur missive. Ils ont estimé que "les médias audiovisuels, sous le contrôle de l'ARCOM, ont l'obligation de ne pas diffuser de contenus incitant à la haine ou à la violence. Les sanctions peuvent aller de l'amende à la suspension de diffusion". "Vous avez, en tant que Défenseure des droits, Président de l'ARCOM et Procureure de la République de Paris, le pouvoir de vous autosaisir dans ce type de situation. Nous savons que vos institutions ont déjà été saisies par des associations, des élus et/ou des citoyens. Nous vous appelons solennellement à vous autosaisir et instruire ce dossier à votre niveau, dans le cadre de vos prérogatives respectives", insistent les signataires dans leur lettre. Ils appellent également à "une vigilance accrue des responsables politiques et des médias, afin d'éviter la banalisation de tels propos, contraires aux valeurs républicaines". Vendredi dernier, Noëlle Lenoir (ancienne ministre des Affaires européennes entre 2002 et 2004) a accusé sur CNews des "millions d'Algériens" de France d'être des criminels potentiels "capables de représenter des risques majeurs", sans que l'animatrice de la chaîne ne la rappelle à l'ordre.