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Nous n'arrivons pas à vendre notre image
Mohamed Hazourli. Réalisateur
Publié dans El Watan le 26 - 01 - 2018

L'Association artistique et culturelle du 3e Millénaire d'Alger et l'Office national des droits d'auteur (ONDA) ont honoré dernièrement au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi (TNA) à Alger, le réalisateur Mohamed Hazourli. Les intrus est son dernier long métrage. La célèbre série télévisée Aassab oua awtar (Nerfs et cordes) était une conception et une réalisation de Mohamed Hazourli. Il a également réalisé le feuilleton Hizia.
- Les intrus est votre dernier long métrage. Comment est né ce film qui plonge dans l'histoire de la guerre de Libération sous un autre angle ?
L'auteur du scénario, Djameleddine Merdaci, m'a fait appel alors que l'Algérie célébrait le 50e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale. Le scénario m'a plu. D. Merdaci est connu comme journaliste et critique de cinéma. Nous attendions depuis longtemps cette rencontre autour de son scénario. En fait, je devais réaliser un autre film et le hasard a voulu que ce soit celui-là.
Nous racontons une histoire liée à la Révolution, mais sous un autre regard. Je pense que c'est la première fois que l'on pénètre dans la société de l'époque et évoque cette relation humaine qui existait entre des personnes qui vivaient ensemble, mais qui finissaient par se séparer après l'instauration d'un climat de suspicion dans cette société. Comme je suis porté sur les histoires d'amour et les films inspirés de poésie, j'ai trouvé là matière à réaliser ce long métrage. Finalement, la Révolution dépassait tout le monde.
- Avez-vous tout gardé du scénario ?
Pour moi, quand le réalisateur prend le scénario en charge, il devient le maître de l'œuvre. Le scénariste n'a plus à s'immiscer dans le travail technique et artistique du réalisateur. On dit : un film de tel réalisateur, pas celui de tel scénariste. J'ai pris mes responsabilités en réalisant et en menant à terme ce film. Ce n'était pas facile. Les films à reconstitution historique sont pénibles à faire en Algérie. Nous n'avons pas de bases, de cités de cinéma, de studios.
Nous ne pouvons pas tourner un film dont l'histoire se déroule dans les années 1950. Aujourd'hui, nous faisons confiance aux nouvelles technologies, l'image se fait toute seule, mais, c'est une arme à double tranchant. Mal utilisée, cette technologie numérique peut dénaturer un film. Donc, un studio est nécessaire pour la reconstitution. Un film historique exige des accessoires, des costumes, etc. Et là, on essaye de se débrouiller ou de faire appel à des compétences étrangères. Jusqu'à quand ?
- Les intrus est construit sur des dialogues denses. Comment vous vous êtes adaptés à cela pour éviter l'envahissement narratif dans le film ?
Je ne parle pas de problème mais de richesse au niveau de l'écriture. Mais, au niveau de transposition vers l'écran, cela devient compliqué, c'est vrai. Les séquences étaient courtes, mais l'auteur essayait de réunir tous les éléments qui pouvaient faire la richesse d'un scénario. Il y a cinq films dans ce long métrage. Il y a beaucoup d'emboîtements entre histoires.
Passer d'une situation à une autre peut déstabiliser quelque peu le spectateur. J'ai trouvé la solution en puisant dans la poésie de l'image en cherchant à créer l'harmonie entre les situations. L'idée est d'arriver à avoir un rythme entre séquences courtes, des plans-séquences et des séquences longues.
Le montage s'est fait un peu dans la précipitation. C'est un problème qui se pose pour nous en tant que cinéastes lorsque nous sommes pressés par rapport à une date ou un événement. Nous sommes obligés de faire vite pour être au rendez-vous. Le travail de la post-production ne s'est pas fait comme il se doit. Le sous-titrage, réalisé en Tunisie, s'est fait en français, mais pas en arabe, par exemple. Je pense que le ministère de la Culture, en tant que producteur, doit suivre ses films.
Il est nécessaire d'avoir un producteur délégué pour suivre chaque jour le travail du producteur exécutif. Il faut avoir un œil sur les dépenses pour que le travail soit rigoureux. En Algérie, nous n'avons pas un problème de réalisateurs ou de techniciens, mais celui d'infrastructures cinématographiques. Nous avons besoin de véritables producteurs professionnels qui prennent en charge réellement les films. Un film bien géré à la production, c'est 50% de réussite garantie.
- A travers le personnage de Boubekeur, un inspecteur de police algérien, vous abordez, en pleine guerre de Libération nationale, les rapports entre Algériens et Français, des histoires d'amour. S'agit-il d'une nouvelle manière d'évoquer cette période ?
Nous avons voulu éviter les clichés manichéens. Les bons d'un côté, les mauvais de l'autre. La Révolution a réussi également en raison de son aspect humain. Notre Révolution a eu de grands hommes portés par un humanisme extraordinaire. Ce n'était pas une Révolution violente. La violence est venue de l'autre côté, d'où le titre du film. Les Algériens ont répliqué par rapport à la violence qu'ils ont subie, surtout après la deuxième Guerre mondiale.
Dans le film, il y a une référence à la bataille de Monte Cassino (Italie en 1944) où les Algériens avaient servi de chair à canon avec tous les Maghrébins. Entrés en Algérie, ils avaient été accueillis par le massacres du 8 Mai 1945. La violence fait naître d'autres violences. Dans le film, nous avons essayé de faire ressortir la guerre psychologique entre personnages et montrer la meilleure façon de s'accepter pendant la Révolution. Boubekeur aimait la fille du commissaire, lequel commissaire devait l'arrêter... Le film est construit sur cette histoire d'amour.
La génération d'indépendance et les jeunes d'aujourd'hui doivent porter leur propre regard sur la Révolution de 1954. Le cinéma sur la Révolution n'appartient pas à une certaine catégorie de scénaristes ou de réalisateurs. Elle appartient à toutes les formes de réalisation. Mon regard est humaniste. Une guerre a aussi ses bons moments. On peut trouver un moudjahid qui pleure, un moudjahid qui aime, par exemple.
- Manière de rompre avec l'image de héros dépourvus de sentiments ?
Absolument ! Les moudjahidine ont été montrés comme s'ils étaient des robots ou des Tarzan. Il leur arrive aussi d'avoir peur ou d'aimer. Notre Révolution est belle. Il ne faut pas la justifier uniquement par la violence de part et d'autre. Il faut donner le vrai visage de notre Révolution à partir de films humanistes.
- Les intrus est-il une histoire inspirée de faits réels ?
Oui. Le commissaire habillé en cow-boy a existé un moment donné à Constantine. Il s'appelait Wolf. Il voulait effacer son personnage réel. A l'époque, les pro et les anti-Charles de Gaulle s'affrontaient. Le maire de Constantine devait être assassiné par les militaires français parce qu'il ne cadrait pas avec les objectifs de la colonisation. L'attentat, à la veille de l'indépendance, contre le maire, montré dans le film, est une vérité. Son adjoint a perdu la vie à sa place.
- Vous avez opté pour des décors impersonnels ; pourquoi ?
Je voulais que toute l'Algérie soit représentée dans ce film. On ne reconnaît pas la ville. Ce qui s'est passé à Constantine, l'a été aussi dans toute l'Algérie. La Révolution n'appartient pas à une région, mais à toute l'Algérie. Il n'y a pas de héros dans mon film parce que le peuple était le héros (...) Le point le plus agréable du film est la présence d'enfants. L'enfant est le meilleur acteur, surtout lorsqu'on sait le diriger. C'est au réalisateur d'aider l'enfant-acteur à se découvrir.
- Il paraît que vous vous intéressez à la personnalité de Larbi Ben M'hidi...
C'est vrai. J'avais proposé l'idée à Djameleddine Merdaci. Nous avons retiré le scénario après la décision de Bachir Deraïs de réaliser un film sur Ben M'hidi. Merdaci m'a parlé ensuite d'El Achiq au moment où je faisais le montage de Les intrus. J'ai accepté de réaliser El Achiq, le dossier a été présenté au ministère de la Culture en mon nom.
Je ne me suis pas entendu avec un producteur exécutif. En lisant le contrat, j'ai compris que je ne pouvais pas faire mon métier de réalisateur comme je le voulais. Je devais, par exemple, caster les comédiens avec l'accord du producteur. A ce stade de ma carrière, je refuse de faire des concessions en tant que professionnel. El Achiq s'est fait sans moi (le film a été réalisé par Amar Si Fodil et écrit par Abdelmadjid Merdaci).
- Vous êtes aussi réalisateur de télévision. Quel regard portez-vous sur ce qui se produit et se réalise actuellement à la télévision, surtout avec le multiplication des diffuseurs ?
J'ai fait quarante ans de télévision de la RTA à l'ENTV. Je remarque que durant le Ramadhan (considérée comme la haute saison télévisuelle en Algérie), on axe beaucoup sur les caméras cachées et les sitcoms. Il n'est pas nécessaire de travailler uniquement pour le Ramadhan. Il faut sortir de cette habitude. La télévision doit travailler et produire toute l'année. Il va falloir penser à la qualité surtout au niveau de l'écriture des scénarios.
Avant d'accepter un texte, il faut bien réfléchir. Il faut aussi faire des sondages sérieux. Pour qui nous travaillons ? Pour le public algérien ? Il est important de sonder l'avis des téléspectateurs chaque fin de saison (été, Ramadhan, décembre). Les télévisions doivent savoir où elles ont réussi et où elles ont échoué, évaluer leur audimat. C'est de cette manière qu'on peut améliorer la qualité des programmes. Les nouvelles chaînes privées constatent aujourd'hui qu'il n'est pas facile de produire. L'ex-RTA, souvent critiquée, a produit de belles choses.
A un moment, on a introduit le cinéma à la télévision. L'ex-RTA avait de grandes capacités de production cinématographique (dans les années 1970/1980). Elle a réalisé deux grands films Bouamama de Benamar Bekhti et Hidjret Al rassoul. La télévision publique a été mise à l'épreuve dans deux grosses productions. Dans le futur, cela peut être une solution pour le film sur l'Emir Abdelkader. Malheureusement, l'élan de production de grande ampleur a été cassé. Les deux longs métrages ont fait travailler des techniciens et des comédiens.
Les deux films ont été exportés aussi. Aujourd'hui, l'Algérie est absente dans les chaînes de télévision arabes. A longueur d'année, nous diffusons des productions égyptiennes, syriennes, turques et autres mais nous ne proposons rien en contrepartie. Nous n'arrivons pas à vendre notre image. Nous le faisions bien avant. Je pense qu'il faut revoir ce passé de production et s'en inspirer pour trouver des solutions.
- Pensez-vous que les télévisions doivent contribuer au financement des films algériens ?
Les producteurs privés doivent s'investir dans le cinéma. Il faut qu'ils coproduisent avec les télévisions. Il est important de libérer la production pour qu'on pense réellement à la qualité des films. Lorsqu'un producteur met son argent, il veille toujours au choix des bons réalisateurs, directeurs photos et équipes techniques.
Les producteurs doivent être réellement indépendants pour qu'ils s'appuient sur leur argent, leurs propres moyens. Il faut s'intéresser aux salles aussi. Par exemple, toutes les salles de Constantine ont fermé. Nous n'avons même pas profité de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe 2015» pour restaurer et redonner vie aux salles. Ce n'est pas normal. Il faut penser à la construction de multiplex.
- La pluralité des chaînes de télévision a-t-elle contribué à améliorer la qualité des produits ?
Est-ce que les nombreux partis en Algérie ont développé la politique nationale ? Le nombre ne fait pas le contenu. Avoir plusieurs chaînes n'est pas synonyme de qualité des programmes. On le constate aujourd'hui. Pour produire, il faut beaucoup de moyens Mais, je pense que l'esprit de concurrence, la recherche de l'audimat et la nécessité d'avoir des sponsors et de la publicité vont amener les chaînes à chercher la qualité.
Lorsque nous étions au premier Conseil national de l'audiovisuel avec Ahmed Bedjaoui notamment, nous avons essayé de réfléchir à de nouvelles chaînes privées de télévision, à des radios locales et à la production audiovisuelle à tous les niveaux. Nous avons produit des textes pour que le champ audiovisuel se libère et pensé aux fréquences. Donc, la réflexion a commencé dans les années 1990.
- Aassab oua awtar, la série que vous avez réalisée, est restée un quart de siècle à l'antenne. Comment expliquez-vous cette longévité ?
Mon tort et d'avoir voulu ajouter à la série «Al afkar» (Les idées). On m'a dit Aassab oua awtar était suffisant, pas la peine d'ajouter les idées ! L'humour, pour moi, ne doit pas être banal. Il faut un esprit de liberté pour pouvoir s'exprimer. En 2010, l'ENTV voulait une série humoristique alors que moi je proposais une série (qui devait être diffusée après la prière des Tarawih durant le Ramadhan) destinée à un autre public, Aassab, awtar oua afkar.
Après le ftour, les sketchs sont courts, les gens n'ont pas envie de réfléchir trop à ce moment-là ! L'ENTV voulait que je refasse le montage. Il y a un malentendu à ce niveau-là. Le public de 19h et celui de 22h n'est pas le même. L'ENTV veut reprendre la série mais avec la notion de Afkar.
Je veux travailler avec la télévision où j'ai passé quarante ans. Je n'ai pas envie de travailler avec une autre chaîne. A mon avis, une télévision doit produire des films, des documentaires, des séries, des feuilletons, des variétés à plateaux, etc. La télévision consomme beaucoup d'énergie. Il est vital de rester à jour. Les ministères de la Communication et de la Culture doivent trouver une formule pour relancer d'une manière efficace la production à l'ENTV.


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