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« Il y a du rafistolage dans Alger »
Kamel Bouchama. Coordonnateur d'« Alger, capitale de la culture arabe »
Publié dans El Watan le 24 - 12 - 2006

Malgré les « difficultés » et le « travail à l'emporte-pièces » qui caractérisent certains aspects de la préparation d'Alger, capitale de la culture arabe, l'ex-ministre de la Jeunesse et des Sports et ambassadeur d'Algérie à Damas, Kamel Bouchama, entend faire de cet événement, le prélude à une véritable « révolution culturelle ». La manifestation sera lancée officiellement le 12 janvier 2007.
Plus qu'une vingtaine de jours nous séparent de l'ouverture d'Alger, capitale de la culture arabe, pensez-vous être prêts à accueillir, sous de bonnes conditions, cette manifestation ? Cette année 2007, c'est une occasion propice pour réhabiliter la culture. Le programme a été présenté dans les détails le 11 décembre passé. Nous sommes prêts à l'ouverture et à sa concrétisation. Cette année représente pour nous un défi, car encore une fois, on ne peut dissocier cet événement de l'ambiance politique du pays. C'est un défi contre la sclérose du monde de la culture, et c'est justement là où nous devrions entrer avec nos gros sabots pour mobiliser les jeunes. C'est un défi contre une situation difficile qu'a connue le pays pendant plus d'une décennie. Parce qu'à une certaine époque, certains affirmaient que c'est un pays qui ne relèvera jamais la tête et là on se décide à garnir le plateau de la mariée avec de grandes manifestations, ce qui pourra nous faire sortir de cette torpeur décennale que nous avons affreusement vécue, de feu, de sang, de destructions…. C'est également un défi contre tous les nouveaux prophètes qui nous prédisaient une descente aux enfers, qui nous vouaient à l'hégémonie. Je vais vous dire pourquoi on va réussir. A mon sens, on a déjà réussi. Car nous avons pris des décisions structurantes. Nous avons rompu avec l'éphémère, le côté agaçant du festif. Nous construisons désormais sur le durable. La salle Atlas, une belle œuvre, que les promoteurs ont promis d'achever le 31 décembre, sans préciser de quelle année, sera un acquis et tombera dans l'escarcelle de notre patrimoine culturel. Ce secteur a été l'enfant pauvre. L'enfant délaissé de l'Etat algérien. Certains disent que c'est à cause d'autres priorités, mais là après des années, on se rend compte que ce n'est pas la bonne politique. Quand on a de beaux théâtres, des salles de cinéma, des bibliothèques, c'est pour contenir l'élan créatif de la jeunesse.
A-t-on à ce point besoin de se donner en spectacle à coups de milliards de dinars ? Inviter une vingtaine de pays arabes pour juste leur prouver que nous sommes encore là, encore vivants. Et que cette culture malgré le fait qu'elle soit dans un état comateux, on peut par ce type de manifestation la ressusciter ?
Non. Ce n'est pas ce que j'ai dit. Là ce n'est qu'un défi parmi d'autres. J'ai dit au départ qu'il faut aller vers le déclic, vers la résurrection de la culture. Aller vers une véritable révolution culturelle qui s'installera dans le temps. Et surtout dire à ceux à l'extérieur qui nous méprisent, qu'ils nous ont trop vite enterrés, ce qu'était notre Algérie, le respect qu'on lui devait.
Nostalgique d'une certaine époque ?
De la nostalgie, oui. Parce qu'il y a de bons repères dans cette période et nous voudrions que cela reprenne et que cela progresse, en élaguant les mauvaises expériences. Et là je reviens sur votre question, ce n'est pas à coups de plan Marshal que nous rachèterons notre notoriété. Ce n'est pas ça. Ce déclic dont je parle servira notre jeunesse. Nous espérons faire de cette manifestation le début de l'ouverture du champ culturel. Et là j'anticipe un peu sur la question, je peux dire que nous avons d'ores et déjà réussi. Pourquoi ? Parce que nous avons la volonté de parvenir à nos ambitions, parce qu'il y a du concret dans le programme même si certains disent qu'il est au-dessus de nos moyens. Nous avons lancé l'édition de mille titres de livres, 80 films, 30 longs métrages de fiction, 50 documentaires, une cinquantaine de pièces théâtrales, des compositions musicales, de la chorégraphie. Nous sommes en train d'achever des expositions sur le patrimoine national et les arts visuels, et enfin, et ce n'est pas de moindre importance, nous sommes en train de terminer, quoique difficilement, la mise à niveau de plusieurs structures culturelles et historiques qui vont nous servir de support pour abriter nos manifestations. Il s'agit entre autres de la mise à niveau de nos musées, la création du musée d'art moderne. Nous allons réussir parce que nous disposons d'un potentiel de création. Moi, je préfère dire que le verre est à moitié plein. Nous réussirons car tout le monde se sent concerné, notamment les jeunes et les créateurs. Hier seulement, nous étions en panne de création. Aujourd'hui, nous disposons d'énergie et d'un potentiel et nous avons déjà réussi dans l'esprit. Cet esprit qui nous commande de ne pas désemparer, parce qu'il s'agit d'un engagement pris, d'aller jusqu'au bout, sinon vers un pourcentage de réussite acceptable.
Le discours, le vôtre, a en tout cas changé. Vous évoquiez, il y a quelques semaines, les aspects négatifs liés à l'organisation d'Alger, capitale de la culture arabe, les déficits d'infrastructures. Vous parliez alors d'une capitale pas très accueillante parce que sale, et là on retrouve un monsieur Bouchama, fringant neuf, qui parle de réussite avant l'heure, qu'est-ce qui vous a changé ?
Je tiens à ce que vous soulignez cela. M. Bouchama n'a pas changé d'un iota. Dans mes habitudes, je suis constant avec moi-même. J'ai le courage de mes opinions et cela se démontre dans mes écrits. Je parlais de réussite du contenu de notre programme, nous ne sommes pas arrivés au contenant.
Qui est aussi très important...
Oui important. Il faudrait néanmoins dissocier les structures qui appartiennent au ministère de la Culture, c'est de cela dont je vous parle et loue les mérites. Le musée d'art moderne, la salle Atlas, les palais ottomans : la villa Abdeltif, si Mustapha appartiennent au ministère de la Culture et ce sont ces structures que nous sommes en train de promouvoir. Pour le contenant, le réceptacle qu'est la capitale qui doit accueillir tous les invités, je dois dire qu'Alger n'est pas au niveau d'accueillir une manifestation aussi importante. D'ailleurs, je ne fais que répéter ce qu'a dit le Président. Actuellement, il y a du rafistolage dans Alger. En guise de remise à niveau, on fait dans le stoppage de l'habit d'Arlequin. Du travail à l'emporte-pièces, à la va-vite, sans consistance. Sans condamner personne, je dis que ce travail n'échoit pas au ministère de la Culture. Je ne dis pas que c'est le wali ou le maire, mais c'est un peu tout le monde qui est responsable de cet environnement inadéquat. Au niveau des responsables locaux, les contraintes n'ont été levées que suite aux harangues du président de la République. Et c'est seulement à partir de là qu'on a commencé non pas à faire du travail correct, mais du rafistolage. Je m'excuse. Nous avons été dans des capitales du monde, ce qui hélas est en train de se faire comme travaux à Alger s'apparente à du banal replâtrage alors que la capitale a des exigences que n'ont pas les autres villes. Les matériaux et les procédés utilisés dans la réfection et la restauration des sites ne sont pas du niveau de la capitale, ni même d'un quelconque petit village. Qu'on aille contrôler les travaux pour constater le bricolage. Et je dirais même de l'indifférence. A titre d'exemple, nous avons présenté tout un programme pour la place des Martyrs pour refaire entièrement la Basse Casbah parce que c'est à partir de là que démarrent les circuits culturels qui font le tour des beaux sites d'Alger. Mais, voilà on a rien fait !
Vous parliez tout à l'heure de 1000 titres qui seront édités ou traduits. Sur quelle base ont été choisis ces titres ?
La base était le message culturel. Nous avons pris les jeunes créateurs, les classiques algériens, que nous rééditons ou traduisons. C'est une commission composée de spécialistes de l'édition, de grands écrivains et là les gens, ceux qui n'ont pas trouvé leurs noms sur les listes ont radoté et crié à l'exclusion, la censure, etc., alors qu'il en est rien. Yasmina Khadra, à titre d'exemple, a été sélectionné, mais on ne peut pas prendre toutes ses œuvres. Maintenant si vous voulez m'imposer l'intégralité des œuvres pour les traduire, je préfère prendre et inclure des jeunes talents qui écrivent en arabe.
Y a-t-il eu des orientations politiques qui ont commandé ces choix ?
Aucune. Je dis bien aucune orientation nous a été signifiée pour interdire tel titre ou avantager un autre. Les membres de la commission de lecture ont travaillé en totale liberté et indépendance. C'est pareil pour les autres créneaux, comme le cinéma où on avait reçu plus de 200 scénarios, le théâtre, etc.
En quoi Alger, capitale de la culture arabe différera des précédents festivals ? Et que dites-vous à ceux qui affirment que cette manifestation n'est en définitive qu'un énième festival budgétivore, sans réels impacts sur la culture ?
Des festivals, j'en ai connus dans ma vie. A commencer par le festival de la jeunesse et des étudiants et auquel j'ai participé et dirigé une délégation. Là nous sortons du cadre des festivals tels que nous les avions connus qui étaient limités dans le temps. Là c'est des actions pérennes. Avant, quand on parlait de festival, c'était comme parler d'hirondelle qui vient faire mille tours et repart. Aujourd'hui, il y a un suivi. Il s'agit de mouvements structurants qui doivent marquer les esprits et laisser des traces sur le terrain. Alors quand vous me parlez de programmes à la carte, je vous assure que non. Nous avons une quantité extraordinaire de propositions et de très belles propositions et on continue à en recevoir, alors que nous avons clôturé notre programme depuis trois mois. Cela prouve que notre potentiel culturel est remarquablement bien structuré. Croyez-moi, c'est très dur pour moi de dire à ceux qui frappent encore à la porte que c'est trop tard, que nous avons déjà clôturé alors qu'ils se présentent avec des travaux magnifiques et j'use de toute ma diplomatie pour leur dire qu'il faut attendre, car je garde dans l'esprit qu'il y a toujours une possibilité pour qu'ils exposent leurs travaux. Comment ? En plus de la cagnotte que nous avons eue, qui est importante, 5,5 milliards de dinars, il y a les bonnes volontés, des investisseurs qui peuvent encore participer à cette fête qui est aussi la leur. Ils peuvent participer par le sponsoring. A ceux-ci, nous demandons qu'ils s'impliquent pour encourager les jeunes talents. L'Etat a fourni les moyens financiers, la société civile doit également s'impliquer pour maintenir la diversité de couleurs et d'esprit.
Dans Alger, capitale de la culture arabe, la diversité culturelle sera-t-elle justement respectée ? Autrement dit, les autres modes d'expressions, autres que la langue arabe, ne risquent-ils pas, pour les besoins de conformité à l'esprit de la manifestation, de faire les frais d'une mise en veille ?
Franchement, je ne vois pas comment. Nous l'avons intitulée Alger, capitale de la culture arabe, car il s'agit bien de culture arabe. Pourquoi aller vers la francophonie ? Franchement : imaginons un instant, si ce n'est pas inconcevable : un « Paris, capitale de la culture française », où on vous mettra plein les yeux un programme anglophone. Cela étant, il n'y a aucune, mais vraiment aucune hégémonie. Les ouvrages écrits en français, que nous considérons comme algériens parce qu'ils reflètent une culture algérienne, sont traduits en arabe pour qu'ils soient présentés lors de cet événement. Il en est de même pour les ouvrages en tamazight qui ont fait l'objet de traduction afin qu'ils soient communiqués à nos frères arabes…
La cérémonie d'ouverture est programmée pour le 12 janvier 2007, cette date signifie-t-elle quelque chose pour vous ?
Rien. Elle ne signifie rien pour moi. La grande cérémonie d'ouverture est programmée pour ce jour. Cela aurait pu se faire un tout autre jour. La cérémonie va être présidée par le chef de l'Etat. Nous attendons des invités et je ne peux pas vous dire la qualité de ceux-ci, c'est la Présidence qui s'en occupe. Ce sera en tout cas une grande ouverture, digne de cette manifestation.
Sans prendre de gants, quel constat faites-vous de la vie culturelle algérienne ?
Jusqu'à peu, nous vivions dans un désert culturel. Pour différentes raisons, dont l'incapacité des responsables, je ne prends pas de gants ; l'incapacité des gens de la culture, le manque de moyens, les priorités qu'avait le pays. Ce sont, entre autres, les causes naturelles qui ont fait que la culture subsistait dans un désert et parfois seulement elle se faisait perfuser par des festivals, des rencontres ponctuelles. Nous sommes le peuple qui lit le moins, qui consomme le moins de papier dans le monde, sauf peut-être en matière de bureaucratie. La réussite, c'est quand nous créons des traditions dans le cinéma, aller dans les bibliothèques, assister aux conférences… Au métro de Moscou, il n'y a pas un Moscovite qui ne tient pas un livre dans sa main, même dans l'escalator, il ne s'en prive pas. Aujourd'hui, l'Algérie en acceptant d'être la capitale de la culture arabe, renseigne en tout cas sur la volonté existante à relever le défi, à réussir. Moi, j'y crois. Cet événement sera le déclic d'une autre ambiance culturelle et sera l'occasion pour l'avènement de nouvelles traditions culturelles.


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