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Abdelaziz Ferrah. Auteur en histoire
« Il n'y a pas matière à politique ici »
Publié dans El Watan le 22 - 03 - 2007

Depuis 1993, une boulimie d'écriture s'est emparée de cet agronome retraité. Une passion pour les personnages historiques d'Algérie qu'il traite à travers l'écriture littéraire, le théâtre ou même l'interview.
Combien de temps a duré votre interview imaginaire de l'Emir Abdelkader qui est rééditée ces jours-ci ?
Vous savez, j'aime lire. C'est à travers mes lectures que m'apparaissent des personnages qui me frappent par leur grandeur et leur originalité. A partir de là, me vient l'idée d'écrire sur eux. Je me lance alors dans le travail de recherche et de documentation. Quand j'estime disposer d'assez d'éléments, je commence la conception et l'écriture qui me prennent, en général, une année.
Pendant que vous rédigiez, avez-vous ressenti quelque chose qui relèverait du subjectif ? Vous êtes-vous senti « habité » par le personnage ?
Habité est trop fort (rires). Disons que je me suis senti proche, en communion avec lui et ses textes. J'ai eu l'occasion de travailler dans la région de l'Emir, à Mascara, pendant deux ans. J'ai vu que ce qu'il avait écrit, malgré le temps passé et les changements, se trouvait sur place, y compris dans les expressions et le comportement des gens.
C'est dans cette ville que la passion de l'histoire vous a pris ?
En fait, c'est avec la Kahina, sujet de mon premier ouvrage. Tout jeune, j'entendais les gens parler d'elle et cela a marqué mon enfance. Comme toujours, on oublie avec l'âge, puis un jour cela rejaillit. Donc, c'est de là qu'est né en moi le besoin sinon le devoir d'écrire, comme on construit une maison ou l'on plante un arbre. Je voulais faire un seul livre. Finalement, je me suis pris au jeu. Pour l'Emir, j'avais une forte curiosité du personnage. Je suis originaire de l'Est, et je n'en connaissais finalement pas grand-chose. J'ai voulu le découvrir. A Mascara, j'ai pu connaître des descendants de sa famille et de ses proches.
Vous avez constitué ses « réponses » uniquement à partir de ses textes ou d'ouvrages historiques...
On a beaucoup écrit sur l'Emir. Il a écrit lui-même mais certains de ses textes ont été malaxés par les Français qui en ont fait un auxiliaire, ce que je ne peux accepter. Je voulais déjà savoir ce qui lui appartenait vraiment pour essayer ensuite de le définir. Quand aux Algériens, ils en ont fait un super-héros pour une période au-delà de laquelle il disparaît. -D'ailleurs, la première question que je « lui » pose, c'est : est-ce qu'il se sent héros ? Qu'est ce qu'un héros d'ailleurs ? Estimez-vous avoir lu tout ce qui a été écrit sur l'Emir ou par lui ? N'était-il pas indispensable de le faire ?
J'ai l'habitude de mettre dans mes ouvrages la biographie. En mentionnant mes sources, je signale ce dont j'avais comme références. Il est certain qu'il y a des textes auxquels je n'ai pas accédé. D'autres que moi y accéderont et écriront, je l'espère. L'histoire est une chaîne de contributions. Je ne me prétends pas détenir l'Emir dans sa totalité. C'est un personnage si vaste qu'il est difficile de le cerner dans toutes ses facettes.
A la différence des autres personnages, traités avec un autre genre d'écriture, vous avez choisi l'interview avec des « réponses » bibliographiques. Aviez-vous peur du poids des enjeux, les autres personnages étant plus lointains, peut-être moins sujets à polémique ?
Pour chacun, j'ai choisi un mode d'écriture. Pour la Kahina, c'était une sorte de flash-back, pour Massinissa et Sophonisbe, la tragédie, etc. A chaque fois, je me pose la question de savoir quel genre convient le mieux au personnage et à ma vision de lui. Pour l'Emir, je maîtrisais le contenu et sa richesse m'a amené à choisir l'interview, plus fidèle à son personnage. Certains journalistes m'ont dit que j'avais été trop gentil avec lui. Mais c'est formel, car je voulais donner l'impression d'un face-à-face, et on ne brusque pas un personnage comme celui-là, même si le fond des questions ne vise pas à le glorifier mais avant tout à le faire découvrir. Cette méthode m'a permis de compartimenter le livre en 360 questions. On peut y lire une par jour pendant presque une année.
Quel est le personnage dont vous vous êtes senti le plus proche ?
La Kahina, sans doute.
Parce que c'est une femme ?
Un peu, mais surtout parce qu'elle remonte en moi, à mon enfance, quand on entendait les femmes parler d'elle. Certaines d'ailleurs la traitaient négativement, d'autres, au contraire, la voyaient comme une héroïne. Les hommes ne parlaient pas d'elle. Il n'en avait pas le courage ou l'envie, je ne sais pas. De ces remontées de mon enfance, je suis allé vers les textes. Ibn Khaldoun la reconnaît comme reine. Elle a été une vraie souveraine qui a lutté pour défendre son territoire. Ce n'est pas l'Islam qu'elle a combattu mais un occupant. Il y a eu d'ailleurs cet enfant musulman, Khaled, qu'elle a recueilli dans son palais et élevé avec ses enfants dont l'un est devenu musulman de son vivant, sans qu'elle s'y oppose. Elle est une image de la tolérance en religion et de la capacité d'une femme à diriger un royaume et à mener des batailles. Ce n'est donc pas seulement une femme mais un personnage extraordinaire.
La plupart de vos personnages sont politiques, y compris saint Augustin puisqu'il avait une dimension politique en tant que dignitaire religieux. Le seul artiste qui vous a intéressé, c'est Dinet...
Ce qui m'a intéressé au départ, c'est le fait que tous ces personnages étaient berbères dans le sens où être Berbère, ce n'est ni être contre les Arabes ni contre qui que ce soit. Nous sommes tous Berbères, pour les uns arabisés et, à 99 %, nous sommes musulmans. Ces personnages me permettent de me situer de manière sereine dans notre histoire et de montrer que nous somme tous unis. Le personnage ne s'impose donc pas à moi parce qu'il est politique ou artiste ou autre chose, mais parce qu'il peut apporter à l'illustration et à la compréhension de notre histoire. J'apprends aussi en les découvrant. Je débroussaille l'histoire en essayant d'être un passeur. Le cas de Dinet s'est imposé de lui-même, car je voulais montrer par là qu'on pouvait être chrétien et devenir musulman sans complexe. On peut aussi, comme saint Augustin, être enraciné dans son identité et devenir chrétien. On doit cesser de compliquer les choses mais essayons de les regarder dans leur réalité et de considérer qu'il n'y a pas matière à politique ici. C'est un patrimoine historique commun, au sens noble du terme.
Mais vous vous êtes quand même intéressé à la peinture de Dinet ?
Il a peint près de 500 tableaux, et j'en ai examiné près de 150. Il a décrit le peuple algérien à un moment où la colonisation dominait. Une année après la mort de l'Emir en 1883, il arrive en Algérie. Cette coïncidence m'a permis de peindre, à ma manière, la société algérienne de cette date jusqu'en 1929. J'ai pris des tableaux qui se rapportaient à cette réalité, à la misère et en même temps à la dignité.
Vous n'êtes pas historien de formation mais, disons, un écrivain d'histoire. Entretenez-vous des relations avec les historiens ?
En fait, je ne cherche pas le contact. Je voudrais rester neutre et indépendant, ne pas dépendre d'une école ou de gens. Je travaille dans la solitude pratiquement, sur des textes anciens, les moins sujets au doute. Mais je laisse ouverte la porte aux échanges. Lors des conférences que je donne en Algérie ou ailleurs, j'ai des contacts et je reçois le point de vue des autres avec le besoin de m'enrichir moi-même. J'apporte quelque chose qui n'est pas parfait. C'est une trame, et il appartient aux historiens et autres spécialistes de s'exprimer. Je crois à l'enrichissement mutuel.
En librairie aujourd'hui, l'engouement pour l'histoire et les personnages anciens est fort...
Je pense que c'est la redécouverte de notre identité qui est vingt, trente, cinquante fois millénaire. N'oublions pas qu'à Tighennif, on a trouvé un squelette de 750 000 ans avant notre ère. Il y a 40 000 ans, l'homme de Bir El Ater, l'Atérien, a occupé un territoire allant de l'Afrique du Nord au Tchad. Notre patrimoine est tellement vaste. Pendant de très nombreuses années, nous étions bloqués dans un système fermé. Maintenant, on peut rechercher, s'exprimer, publier. Plus il y aura de publications, mieux ce sera. Il faut simplement se garder de croire que l'on détient des certitudes. Il n'y en pas là dedans. Il faut travailler avec modestie et humilité pour faire avancer les idées. Votre prochain livre, encore un personnage ? Oui, Tariq Ibn Zyad, qui va sortir cette année. En projet aussi, un beau livre sur La Casbah. Je continue à travailler. J'ouvre des portes et je voudrais que d'autres en ouvrent et qu'on se retrouve pour en discuter.
Quelle réaction à vos écrits vous a donné le plus de plaisir ?
Il y a eu aussi des réactions négatives, comme à la sortie de La Kahina. Certains m'ont reproché d'écrire sur une juive. J'ai été obligé de sortir une étude intitulée La Kahina dans la problématique berbère pour clarifier les choses. Mais en règle générale, j'ai rencontré des gens qui me comprennent. A Mexico, en juillet dernier, à l'Institut d'études politiques, on a débattu une journée entière de saint Augustin et de manière extraordinaire. A l'ENA d'Alger aussi, un débat formidable a eu lieu sur l'Emir. Donc du plaisir de ce point de vue. Mais il ne faut pas perdre de vue ce qu'on veut. Ce qui m'intéresse, c'est qu'on se réconcilie avec nous-mêmes. On ne vient pas d'ailleurs. On peut parler arabe, kabyle, français, chaoui ou autres, ce n'est pas cela l'important. Plus on parle de langues, et mieux c'est. On est chez nous depuis la nuit des temps. Merci de nous avoir reçus chez vous.
BIO-EXPRESS
Né en 1939 à Sidi Erghiss (w. d'Oum El Bouaghi), Abdelaziz Ferrah est docteur en Agronomie de l'université de Montpellier. En 1980, il retourne en France pour un MBA en marketing. Retraité, il se consacre depuis 1993 à l'écriture centrée sur les personnages historiques. Il a édité également deux beaux livres dont l'un sur les civilisations sahariennes. Il apparaît comme un auteur qui utilise le matériau historique comme support à une contribution identitaire. Son livre sur l'Emir Abdelkader, intitulé Le temps d'une halte va être réédité pour la troisième fois par les éditions APIC (Alger).


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