Quatre ans après l'invasion américano-britannique, l'Irak est un champ de ruines. Le chaos total qui a accompagné le renversement, puis l'exécution de Saddam Hussein s'est soldé par des centaines de milliers de morts dans un contexte de carnage quotidien dont la communauté internationale, impuissante, n'entrevoit pas l'issue. Il n'y a qu'un seul homme qui croit et dit que la situation est encore gérable : c'est George Bush. Mis en minorité par le raz de marée démocrate lors des élections de mi-mandat, le président américain continue, avec obstination, de prêcher un discours guerrier, alors que la majorité de ses concitoyens réclame le rapatriement des militaires engagés sur le front, car la guerre contre l'Irak fait aussi des morts parmi les soldats américains et cela a fini par peser sur l'opinion publique aux Etats-Unis. Les adversaires démocrates de George Bush tentent de faire valoir une date butoir pour le retrait des troupes américaines d'Irak en se focalisant sur 2008, année durant laquelle George Bush aura épuisé son deuxième mandat. D'ici là, il y a tout lieu de craindre qu'il ne subsiste plus rien de l'Irak où les divisions confessionnelles, puissamment affirmées dans la foulée de l'occupation militaire américano-britannique, voient s'entretuer chaque jour, par dizaines, chiites et sunnites pourtant citoyens d'un seul et même pays. Cette division tragique a clairement été réveillée par les puissances occupantes qui l'instrumentalisent pour se maintenir durablement en Irak, car nul dans le monde ne croit, ni n'a cru un seul instant, que l'invasion de l'Irak avait pour objectif d'instaurer la démocratie, comme le déclaraient George Bush et son indéfectible allié Tony Blair. Quoi qu'ils fassent ou disent aujourd'hui, George Bush et Tony Blair ne seront pas crus, car ils ont bâti leur action militaire contre l'Irak sur le mensonge des armes de destruction massive dont ils attribuaient la possession à Saddam Hussein. Quatre ans plus tard, la seule destruction massive dont le monde entier est le témoin est celle de l'Irak, devenu désormais un pays en voie de disparition. Les choses ne sont pas pour autant éligibles à une évolution positive, dans la mesure où l'isolement dans lequel se trouve George Bush ne l'empêche pas de vouloir expédier des renforts sur le champ de bataille, alors qu'il est dans l'incapacité de l'emporter militairement. En fait, il est manifeste que le président américain n'a plus que la ressource des solutions désespérées et c'est faute d'avoir toutes les cartes de l'enjeu irakien en main. La solution viendra-t-elle d'une implication syro-iranienne dans le conflit ? C'est une piste que les démocrates américains pourraient vouloir privilégier, comme en atteste le voyage à Damas de la charismatique Nancy Pelosi. La question qui se pose pourtant est celle de savoir si l'Iran autant que la Syrie ont les arguments nécessaires et suffisants pour ramener la paix et la concorde en Irak sans être présents sur le terrain et, dans ce cas de figure, il y aurait lieu de se demander si une influence étrangère ne va pas se substituer à une autre. Qu'en sera-t-il alors de la souveraineté et de l'unité de l'Irak ?