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Le ministre, le bâtisseur et le baâthisme
Ahmed Ali Ghazali. Militant de la cause nationale, ancien wali, ancien ministre
Publié dans El Watan le 10 - 05 - 2007

« Lorsqu'on me demande ce que j'emporterais de ma maison si elle brûle, je réponds : le feu. »
Jean Cocteau
Qui se souvient de Ahmed Ali Ghazali ? Ses sympathisants gardent de lui l'image d'un bâtisseur acharné qui a abattu un travail colossal là où il est passé, en sa qualité de wali. A Tizi Ouzou métamorphosée, on dit qu'il en a été l'architecte et le concepteur.
Quant à ses adversaires, ils n'ont jamais fini de lui coller l'étiquette de « baâthiste », qualificatif qu'il récuse, bien sûr, en tentant de se justifier avec force arguments. Il est né le 1er novembre 1936 à Aïn El Hammam, issu d'une famille connue dans la région et respectée pour être de la lignée des marabouts. Son père est mort quelques semaines plus tôt, emporté par la maladie à l'âge de 36 ans. « C'est son oncle Ahmed, un homme extrêmement intelligent qui s'est occupé de moi en me prenant complètement en charge. C'est lui qui m'a tracé le chemin avec l'aide de mon frère Hocine et mon grand-père Tahar. C'est à Tazmalt, où mon oncle, petit commerçant, s'est installé, que j'ai entamé mes études à l'âge de 9 ans. Je ne pouvais pas faire autrement car, dans mon village, il n'existait pas d'école. J'étais conscient qu'il fallait mettre les bouchées doubles pour rattraper le temps perdu et acquérir ainsi les connaissances. Mon défunt père avait atteint le certificat d'études à Akbou. C'était déjà une référence ! » Son grand-père, qui se déplaçait de village en village en Kabylie pour vendre des plantes médicinales, a soutenu le jeune Ahmed Ali qui parachèvera son cursus à Tazmalt par le fameux certificat d'études, un véritable sésame à l'époque. L'heureux lauréat se souvient de cette consécration et en parle avec fierté.
Une enfance difficile
Mais, deux événements majeurs ont marqué son enfance. L'épidémie de typhus en 1946 qui a fait beaucoup de victimes, y compris dans sa propre famille. Et auparavant les grandes neiges de 1945 qui ont paralysé toute la région. Pendant plus d'un mois, les gens étaient bloqués et ne pouvaient, par conséquent, sortir de chez eux. Ils ont beaucoup souffert de cet aléa climatique mais aussi de la misère. « Les gens ne trouvaient plus quoi manger. Heureusement, la nature était généreuse dans nos contrées avec ses figues, ses olives et ses glands. » L'enfant qu'il était se souvient des moments tragiques vécus par les populations, de surcroît humiliées par l'occupant peu enclin à faire le moindre cadeau aux autochtones. Son certificat en poche, Ahmed Ali entre à la médersa de Constantine encore sous l'influence de Cheïkh Ben Badis. Il y restera 4 ans, le temps de décrocher El Ahlia, diplôme supérieur qui lui ouvrait grandes les portes de l'excellence. A Constantine, le jeune étudiant ne tarit pas d'éloges sur le directeur de la médersa, cheikh Aïssat, disciple du maître Ben Badis, « qui m'a aidé et orienté en me prodiguant des conseils ». Ambitieux, Ahmed Ali lorgne du côté de Tunis où il escompte poursuivre ses études supérieures. Il y restera 4 mois avant d'être envoyé officiellement par le FLN avec un groupe d'étudiants à Damas où il achèvera ses études à l'aube de l'indépendance. Il rentre en Algérie où il est nommé professeur d'arabe à l'Ecole normale. De son itinéraire passé, il gardera le souvenir d'hommes de grande valeur comme Ahmed Toufik El Madani, ministre du GPRA, ou encore Abdelhamid Mehri, chargé des étudiants algériens à Tunis. Ahmed Ali ne restera pas trop longtemps devant le tableau noir puisque la politique finira par le rattraper. En 1964, il est nommé sous-préfet de Fort National. Une période trouble qui avait vu Aït Ahmed et le FFS prendre le maquis, et notre interlocuteur prendre position pour Ben Bella. C'était suffisant pour susciter la colère des frères qui ont crié à la provocation avec cette nomination. Le FFS menace et agit. Ahmed Ali est kidnappé et retenu quelque part dans le maquis durant plus d'une semaine. « On m'avait intimé l'ordre de quitter le régime mais, moi, j'avais pris fait et cause pour Ben Bella que Bachir El Kadi, responsable du parti à Tizi Ouzou, et Haddad m'ont fait présenter. » Cet épisode rocambolesque prit fin, heureusement, sans dégâts.
Voir Damas et…
« J'étais nationaliste et j'avais la hantise de voir le pays déchiré. D'ailleurs, si l'on m'a taxé de baâthiste, c'est juste parce que j'ai fait mes études en Syrie avec bon nombre d'Algériens, en langue arabe. Je n'ai renié ni mes origines ni mes principes. Je n'ai aucun complexe à parler autant l'arabe que le kabyle que je pratique couramment et quotidiennement. Seulement, je dis que l'Algérie fait partie d'une sphère géographique et que le peuple algérien est imprégné de la civilisation arabo-musulmane. C'est une réalité que nul ne peut nier. Quant à ceux qui, dans leurs écrits, s'élèvent contre les islamo-baâthistes, je crois qu'ils prêchent dans le désert et qu'ils ne sont pas au fait de l'histoire de ces mouvances qui sont antinomiques, voire fondamentalement opposées. Le baâthisme, qui prône le panarabisme, a été créé par un chrétien, Michel Aflaq de son nom, et qui n'a jamais associé la religion à sa doctrine. Bien au contraire. Alors, ceux qui écrivent de telles inepties me font rire ! » En sa qualité de professeur d'arabe, il se remémore la campagne d'arabisation à marche forcée menée par le pouvoir de l'époque dont il faisait partie. On sait les dégâts occasionnés par la suite et l'effet contraire suscité chez les populations scolarisées. « J'étais de ceux qui étaient contre les méthodes employées avec l'arrivée d'un flux important d'enseignants incompétents venus d'Egypte et du Proche-Orient. Il y a eu sans conteste des erreurs, mais il fallait mener cette opération, car elle était noble. » De ses passages dans les différents gouvernements, Ahmed Ali n'en parle que rarement, sinon qu'il a eu du fil à retordre au ministère de l'Habitat où il a eu d'énormes difficultés, alors qu'il tire une certaine fierté de son mandat aux Travaux publics où l'Algérie a fait d'énormes investissements dans des infrastructures indispensables comme les autoroutes, qui conditionneront l'avenir de l'Algérie. « J'ai été très heureux en lançant l'autoroute Est avec mes amis Aït Messaoudène et Aouchiche. C'était un grand projet pour l'Algérie et puis la RN 5 devenait trop exiguë pour un parc automobile en constante évolution. » Mais la médaille a son revers. Notre ex-ministre a été aussi critiqué pour avoir soi-disant détourné des camions de ciment au profit de sa wilaya, Tizi Ouzou. Ce sont des histoires à dormir debout inventées par des hommes aigris, à l'image de cet ex-ministre avec lequel il a eu des démêlés et qui s'est livré à de pitoyables attaques contre sa personne. Satisfait du travail accompli, Ahmed Ali n'en garde pas moins quelques regrets. « Au pouvoir, j'ai malmené des gens, j'étais une peu trop sévère envers certains. Je le regrette aujourd'hui. D'aucuns pensaient que j'étais ambitieux, briguant des postes. Or, il n'en était rien. Tous ceux qui me connaissent savent que je suis un mordu du travail, un perfectionniste qui a horreur du bâclage et de l'approximatif. C'est mon caractère et personne ne peut me le changer. La wilaya de Tizi Ouzou que j'ai dirigée est devenue un modèle à travers le territoire national. C'est un sujet de fierté pour moi. Il faut dire que le pouvoir de l'époque avait encouragé ce dynamisme. Boumediène avait lancé des chantiers partout. Il a semé la graine en encourageant les initiatives, n'en déplaise à certains esprits grincheux, prompts à retourner la veste. » Après sa retraite ministérielle, Ali a été délégué à la Conférence islamique à Djeddah en Arabie Saoudite où il restera dix ans. A son départ d'Algérie à la fin des années 1980, le dôme politique avait changé avec l'émergence du multipartisme, suivie de la période sombre et tragique qui ébranla le pays. « Les conditions n'étaient pas réunies pour l'ouverture démocratique. On s'est trop précipités. On connaît le résultat aujourd'hui. » Allusion à l'illusion démocratique que notre interlocuteur analyse avec une certaine ironie.
L'Islam est ciblé
Quant à l'islamisme et ses conséquences dramatiques, M. Ahmed estime : « C'est une véritable catastrophe. On n'a pas besoin de vanter les mérites de l'Islam sain légué par nos ancêtres et qui n'a jamais été autant attaqué et sali. Il faut combattre de toutes ses forces ces zombies d'un autre âge. Il faut mener une lutte sans merci contre l'obscurantisme, le charlatanisme qui sont en train de commettre des crimes contre l'Etat, contre le peuple, contre l'humanité. Les mosquées doivent rester dans leurs limites originelles. Les zaouias, si elles sont instrumentalisées, deviennent des sectes et s'éloignent de leurs missions pour devenir des pôles très dangereux. Là aussi, il faut faire attention. Cela fait bien des siècles qu'on vit avec un Islam authentique, tolérant qui réunit plus qu'il ne divise. Je crois qu'il y a un complot à grande échelle contre la religion. Les événements vécus à travers le monde et l'attitude hypocrite de l'Occident sont là pour nous ouvrir les yeux sur l'islamophobie ambiante. Bien évidemment, l'Islam n'a rien à voir avec le tableau noir que certains revanchards veulent bien nous faire montrer. Cela dit, les sociétés musulmanes, à quelque niveau que ce soit, doivent faire des efforts dans le cadre de l'ijtihad, sortir de leur léthargie pour défendre au mieux leur spiritualité et leur place dans ce monde globalisé ! Tout passe par le travail et le développement. » Plus d'un quart de siècle au service de la politique, cela forge forcément son bonhomme, d'autant que Ahmed Ali a eu, à deux reprises, à occuper le poste de wali à Tizi Ouzou et à Annaba, donc une prise directe avec la réalité, et par deux fois aussi le portefeuille de ministre avant de se retrouver à la tête de la commission des affaires sociales du parti FLN. Un itinéraire chargé qu'il ne regrette pas, même s'il aurait aimé faire plus et mieux. Sa conception de la politique ? « Quand on fait ce choix, il faut se mettre dans la tête qu'on est là au service des autres, qu'on est là pour servir et non se servir. Quant à la politique à proprement parler, selon moi, c'est une méthode de travail, il y a un objectif et des moyens pour l'atteindre. Pour cela, il faut utiliser rationnellement toutes les potentialités. La bonne politique, c'est mettre tous les atouts de son côté pour réussir. » Son regard sur l'Algérie de 2007, qui a beaucoup changé. « Je crois qu'il ne faut pas être frileux lorsqu'il s'agit de regarder les évolutions du pays, malgré quelques défaillances. II faut reconnaître une chose, c'est l'un des rares pays au monde à avoir effacé sa dette. C'est un acquis très important qui me permet d'avancer que l'Algérie est sauvée. Notre pays a pris une bonne direction. Le reste est un problème d'hommes, il faut éviter le clientélisme, le népotisme et le régionalisme dont on a que trop souffert. L'Algérie a des potentialités extraordinaires et pas seulement dans le domaine des hydrocarbures. II faut savoir les exploiter. » Mais leur en a-t-on donné l'occasion ?...
Parcours
Ahmed Ali Ghazali est né le 1er novembre 1936 à Aïn El Hammam dans une famille maraboutique. « Une date symbole », aime-t-il à dire. Après des études à Tazmalt puis à Constantine, il est envoyé par le FLN avec un groupe d'étudiants à Damas pour poursuivre des études supérieures. II y passera quatre années où il décrochera sa licence en lettres arabes. II rentre en Algérie à l'indépendance où il est nommé professeur à l'Ecole normale de Bouzaréah. II n'y restera pas longtemps, puisque Ben Bella le fera nommer wali de Tizi Ouzou (1966-1976) où son travail est apprécié : la ville des Genêts est transformée de fond en comble. De petite bourgade, elle devient une ville moderne. Puis M. Ghazali est appelé aux mêmes fonctions à Annaba (1976-1979). II est nommé ministre des Travaux publics (1979-1980) puis ministre de l'Habitat et de la Construction (1980-1987). Enfin, il est élu président de la Commission des affaires sociales du parti FLN (1987-1989). De 1990 à 2000, il représente l'Algérie à la conférence islamique à Djeddah en Arabie Saoudite. Depuis son retour en Algérie, M. Ghazali coule une retraite paisible à Alger. M. Ghazali est marié, père de deux garçons — un est professeur de maths en Bretagne et l'autre docteur en sociologie à Cherbourg — et d'une fille docteur de médecine à l'hôpital Maillot.


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