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L'histoire mouvementée du parlement algérien : De 1962 à nos jours
IV. Le parcours chaotique du premier Parlement pluraliste de l'histoire
Publié dans El Watan le 15 - 05 - 2007

Cinq juin 1997. Pour la première fois depuis l'interruption du processus électoral en janvier 1992, les électeurs sont appelés à élire une Assemblée populaire nationale (APN). Une nouvelle loi électorale est confectionnée pour la circonstance.
Celle-ci prévoit un vote à la proportionnelle qui remplacera le scrutin majoritaire à deux tours. Plusieurs partis d'opposition comme le Front des forces socialistes (FFS), le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et le Parti des travailleurs (PT) – qui jusque-là ont refusé de siéger dans les assemblées législatives désignées (CNN et CNT) – ont accepté le principe de participer au processus électoral. La campagne de cette élection qui donnera naissance au premier Parlement pluraliste élu de l'histoire de l'Algérie indépendante sera cependant marquée par un acharnement sans limites des groupes islamistes armés contre la population. Les nombreux actes terroristes enregistrés durant cette période écorneront sévèrement d'ailleurs l'argumentaire du gouvernement de l'époque qui avait soutenu mordicus qu'il n'existe plus qu'un « terrorisme résiduel ».
Après 35 ans de règne Sans partage, le FLN perd le pouvoir
Autre détail important : l'ancien parti unique, qui s'est permis un flirt poussé avec le Front islamique du salut (FIS) – de nombreux observateurs de l'époque ont même évoqué l'existence d'un deal entre Chadli Bendjedid et Abassi Madani pour partager le pouvoir en 1991 – ne représentera plus seul le pouvoir. Désormais, il devra composer avec le RND, Rassemblement national démocratique, une formation créée quelques mois avant l'annonce de la tenue du scrutin. Et il n'a pas fallu davantage pour qu'à l'époque, déjà, on commence à percevoir « el tadjamoue » comme le nouveau gardien du temple. Le constat ne sera pas démenti, puisque le RND a réussi à remporter haut la main ce scrutin destiné à mettre le pays sur la voie de la légalité institutionnelle. A ce propos, dès le lendemain du vote, le ministre de l'Intérieur, Mostefa Benmansour, n'avait pas hésité à qualifier le scrutin de « grand pas en avant » et d'« 'étape historique dans la construction de l'édifice institutionnel de l'Algérie » . Sur 380 sièges qui composent la nouvelle assemblée, le RND, nouveau parti du Président, en remporte 155, soit la majorité. Le parti – qui deux années plus tard tombera entre les mains d'Ahmed Ouyahia – a été plébiscité avec plus de trois millions et demi de voix. Fait inattendu, le FLN, qui pourtant a beaucoup joué lors de sa campagne sur le registre de la légitimité révolutionnaire et qui n'a pas cessé d'exhiber ses cicatrices de la guerre de Libération nationale, n'est arrivé qu'en troisième position. L'ancien parti unique qui revient dans le giron du pouvoir n'aura que 64 sièges. Malgré sa défaite devant « un bébé politique né avec des moustaches », ses dirigeants sont tout de même contents. Dans le fond, ils ont de quoi l'être. C'est que, aux élections législatives en 1991, après trente années d'un pouvoir sans partage et d'une gestion économique catastrophique, le FLN avait laissé les électeurs de marbre. L'ancien parti unique n'a récolté qu'une quinzaine de sièges. Aujourd'hui, le voilà crédité de 64 sièges, ce qui représente la bagatelle d'un million et demi de voix ! A eux deux, le RND et le FLN disposent néanmoins de la majorité absolue. Entre les deux, avec 69 députés, s'intercalent le MSP, ex-Hamas, flanqué d'un autre mouvement islamiste, Ennahda, concurrent inattendu, doté de 34 représentants. Et puis, relégué loin, très loin derrière, un mouvement démocrate atomisé entre le FFS de Hocine Aït Ahmed et le RCD de Saïd Sadi qui doivent se contenter de 19 sièges chacun. Et quatre sièges au Parti des travailleurs, dirigé déjà à l'époque par la charismatique Louisa Hanoune. Votes épars, sans danger pour le pouvoir. D'autant qu'on a « distribué » une vingtaine de sièges à une myriade de candidats indépendants. Distribué, car les partis participant à l'élection sont persuadés qu'il y a eu fraude.
Le MSP fait oublier Abassi Madani et le FIS
Présenté comme l'un des grands vainqueurs de l'élection, le parti de feu cheikh Nahnah a réussi à séduire une partie des Algériens dans ses meetings. Avec un mélange de discours islamiste « modéré », de conservatisme adapté à chacun de ses auditoires, flattant à la fois l'électorat de l'ex-FIS et les citoyens écœurés par la violence des groupes armés islamistes, le défunt leader du MSP, en vieux renard politique, a mis toutes les chances pour parvenir à réaliser ce score impressionnant. Six ans après les élections de 1991 et le « raz de marée » des islamistes du FIS, la machine de Hamas, non violente et docile au pouvoir, s'était mis dans la tête de chausser les sandales du parti dissous. Et cela fut réussi. Ou du moins en partie. Explication : même avec plus d'un million de suffrages et 69 sièges, il est certes en deuxième position mais bien loin de son score de la présidentielle de 1995. La raison ? Nombreuses sont les voix ayant soutenu que le cheikh Nahnah a payé ses critiques acerbes contre le pouvoir et le président Liamine Zeroual. Emporté par sa deuxième place à l'élection présidentielle, il a fait l'erreur, selon les observateurs, de s'enflammer contre le pouvoir, de se moquer du chef de l'Etat, de menacer de « sortir des dossiers » et, surtout, d'exiger… la première place au soleil. Non seulement le MSP n'aura rien de tout cela, mais il voit surgir à côté de lui un autre islamiste, Djaballah Abdallah, dirigeant d'Ennahda qui menace sérieusement de lui faire de l'ombre et de chasser sur ses terres. Grande surprise de l'élection, Ennahda obtient 34 sièges et récolte près d'un million de voix. Soit tout juste de quoi rappeler à l'ex-Hamas qu'il aurait tort de croire voler de ses propres ailes. Le RCD de Saïd Sadi, opposé à tout dialogue avec les islamistes, auteur d'une campagne énergique et bien organisée, ovationné dans les meetings de la capitale, ne retrouve que la moitié de son score des présidentielles. Comme si on avait décidé là aussi de couper l'élan des démocrates, le FFS et le RCD resteront globalement cloîtrés dans les seules circonscriptions de Kabylie.
La fraude, une grande spécialité algérienne ?
Ces innombrables incohérences additionnées aux irrégularités constatées sur le terrain lors du scrutin du 5 juin 1997 ont d'ailleurs conduit de nombreux partis de l'opposition à parler d'élections manipulées et à dénoncer une fraude massive et généralisée. Sans porter de jugement tranché sur l'élection, les observateurs de l'ONU, qui ont supervisé le scrutin, ont rendu public un rapport dans lequel ils disent avoir « éprouvé des difficultés à exercer leurs fonctions pour évaluer de façon objective ces élections ». Efham yal fahem ! Mais devant les non-dits de la communauté internationale, les partis engagés dans le processus électoral n'ont pas hésité, eux, à faire part de l'existence de dépouillement à huis clos, d'observateurs de partis exclus ou menacés et de résultats locaux qui passent brutalement d'un extrême à l'autre. « On a assisté à des dépassements nombreux, répétés et volontaires. La fraude a toujours été massive en Algérie. Mais cette fois-ci, la méthode est étonnante en ce sens qu'elle est brouillonne, chaotique et parfois brutale », s'était insurgé à l'époque le président du RCD. Même son de cloche du côté du FFS qui a fait constater que « le scrutin n'a été ni libre, ni transparent, ni honnête ». Dans une longue lettre adressée aux Algériens, Hocine Aït Ahmed a estimé que cette élection ne fait que confirmer « la propension du régime à vouloir confisquer l'ensemble des droits de la personne humaine les uns après les autres, parfois sans faire de bruit, mais le plus souvent avec l'arrogance des émirs tout-puissants ». Bien évidemment, le MSP adhère pleinement aux contestations émises par au moins une bonne dizaine de formations. Mais que peuvent bien peser sur la balance les réserves d'une dizaine de partis lorsque les voix de la communauté internationale, dont celles de Bruxelles, Paris et Washington, s'empressent d'exprimer leur satisfaction ? Pas grand-chose. En revanche, en face, le pouvoir a pu se prévaloir, aux yeux du monde, d'avoir fourni, malgré la situation chaotique de l'époque, les conditions pour la mise en place d'un appareil d'Etat élu, donc légitime et redevenu présentable. Un appareil, qui plus est, est le premier Parlement pluraliste de l'histoire de l'Algérie indépendante, et dont les travaux commenceront le 15 juin 1997. Néanmoins, malgré leur marge de manœuvre restreinte, les députés de l'opposition – toutes tendances confondues – ont marqué leur passage par la qualité de leurs interventions, leur défense acharnée de la liberté et des principes de la démocratie et leur respect de l'éthique politique. Absolument rien à voir avec la monstruosité politique à laquelle ont donné naissance les élections législatives de 2002. Pour beaucoup, l'APN de Saâdani est juste bonne à faire rappeler que l'ouverture démocratique qui avait suivi les émeutes d'octobre 1988 et qui s'était traduite un foisonnement de titres de presse et par des campagnes électorales d'une liberté de ton sans égale dans le monde arabe n'est désormais plus qu'un bon souvenir…
Demain : V - La cinquième législature ou la chambre de toutes les turpitudes


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