Présenté souvent comme un pays cultivant les paradoxes, la Turquie a rarement bonne presse dans les médias occidentaux. Les problèmes politiques occupent dans la plupart des cas une bonne partie des comptes rendus sur la Turquie. Pourtant, il suffit de mettre les pieds dans ce grand pays pour s'en apercevoir d'une tout autre réalité. Istanbul (Turquie) : De notre envoyé spécial Loin de minimiser l'importance et la teneur des problèmes politiques sous-jacents, et perceptibles du reste, la Turquie offre à son visiteur une autre image, celle d'un pays dynamique, ouvert sur le monde extérieur et en plein essor économique. Sorti indemne de trois crises financières majeures (1980, 1994, 2001) auxquelles il a fortement résisté, l'ex empire ottoman est aujourd'hui une puissance économique régionale et figure dans le peloton des grands pays industrialisés. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : un taux de croissance moyen de 7,3%, un PNB de 400 milliards de dollars, un revenu par tête d'habitant en augmentation de 5700 dollars en 2006 et des exportations records de biens industriels de l'ordre de 100 milliards de dollars pour l'exercice écoulé. Ce rythme effréné de la croissance ne laisse pas indifférent les voisins européens qui n'hésitent pas à qualifier la Turquie de " Chine de l'Europe ". Le marché turc qui, autrefois, était fuit par les investisseurs en raison des risques inflationnistes qui pesaient sur le pays et dont les taux atteignaient des niveaux record de 80, 100 voire même les 120%, est devenu aujourd'hui une destination privilégiée des IDE attirés par les mesures incitatives du gouvernement. L'arrivée au pouvoir en 2002 du Parti de la justice et du développement (AKP) a été pour beaucoup d'industriels turcs, même s'ils ne partagent pas les mêmes idéaux politiques, "salutaire " sur le plan économique. Un avis que partage le patron de la puissante Confédération des hommes d'affaires et industriels turcs (TUSKON), Rizanur Méral, qui reconnaît au gouvernement dirigé par AKP le mérite d'avoir réussi : à faire baisser sensiblement le taux d'inflation qui se situe aujourd'hui au alentour de 10%, à favoriser la création de l'emploi, à restaurer une croissance dynamique et à permis à la monnaie nationale, la nouvelle livre turque amputée de 6 zéros, de retrouver la confiance des investisseurs locaux et étrangers dans le marché turc. L'autre atout majeur de la Turquie réside dans le secteur touristique qui s'appuie sur un potentiel balnéaire et touristique considérable. 20 millions de touristes ont visité le pays en 2006 d'après les statistiques officielles faisant ainsi entrer aux caisses de l'Etat 30 milliards de dollars de recettes en 2006. La ville turc qui, sans doute, symbolise le plus le dynamisme économique de la Turquie reste indéniablement Istanbul. Située au nord-ouest du pays sur la mer de Marmara, à l'entrée du détroit du Bosphore, Istanbul fait office de pont entre deux continents, l'Europe et l'Asie. Sa situation exceptionnelle de carrefour entre la mer Noire et la mer Méditerranée, les Balkans et l'Asie Mineure, a déterminé son développement. Bien qu'elle ne soit plus la capitale politique, Istanbul reste incontestablement la capitale économique de la Turquie. C'est le premier centre industriel, commercial et financier du pays. Elle concentre le tiers de la production industrielle nationale. Les principales industries qui y sont implantées sont la construction navale, la cimenterie, l'industrie du tabac, l'agroalimentaire, la verrerie, la métallurgie, la chimie, la construction électrique, le textile et l'industrie du cuir. La visite guidée à l'une des plus importantes zones industrielles, Gebze, à une cinquantaine de km d'Istanbul, organisée par la TUSKON au profit de la délégation des ministres et des représentants des médias africains dont El Watan, nous a permis de voir de visu le degré élevé d'industrialisation atteint par la Turquie. La plupart des géants et fleuron industriels turcs sont implantés dans cette zone qui s'étale sur des centaines d'hectares, entièrement viabilisée et gérée selon les standards internationaux. Le groupe agroalimentaire ÜLKER est parmi ces géants industriels turcs dont on a visité l'une des usines implanté dans cette zone. Ce conglomérat familier se place aujourd'hui dans le top cinq des multinationales agroalimentaire derrière Nestle et Danone. L'année dernière le groupe avait annoncé avoir réalisé 3 milliards de dollars de ventes. Le groupe Ulker réalise sa production dans 7 pays avec 10 usines. Avec de nouvelles unités, le groupe souhaite élargir son champ d'action en Algérie, au Pakistan, en Roumanie et en Egypte. Ulker emploie aujourd'hui 14500 personnes dans ses usines. Le groupe qui a installé une usine en Algérie dans la région de Cherchell s'est spécialisé dans la production de biscuits vendus sous la marque " Biscrem ". La société VICO spécialisée dans les composants électriques est un autre géant industriel turc qui a élu domicile dans la zone industrielle de Gebze. Le site de production de ce groupe n'a rien à envier à ceux des pays industrialisés. Ces produits (interrupteurs de courants électriques) sont exportés également aux quatre coins du monde. Interrogé sur des possibles projets d'investissements en Algérie, le Directeur du marketing de la société, s'est dit plutôt réticent en raison des risque de contrefaçon qui est très élevé sur le segment des produits électrique en Algérie. Istanbul concentre également le quart de l'activité commerciale du pays. Son port maritime assure l'essentiel des exportations et des importations de la Turquie. Istanbul doit à sa situation de carrefour, d'être un important nœud de communications (carrefour ferroviaire, aéroport international Atatürk). Grand centre universitaire, Istanbul accueille également le tiers des étudiants turcs dans ses six universités, parmi lesquelles les universités d'Istanbul, de Marmara, et de Yildiz. Au quartier de Bayazid, s'érige le Grand Bazar, un marché couvert où s'écoule une grande quantité de produits textile, cuir et aurifères turcs. Ce quartier est également la destination privilégiée des trabendistes algériens qui, faut-il le souligner, jouissent d'une bonne réputation auprès des vendeurs de gros au nombre impressionnant dans ce quartier. Les Monuments d'Istanbul Les plus beaux monuments de la ville sont concentrés dans les quartiers byzantins et ottomans de Stamboul : la citerne byzantine de Yerebatan Sarayi et les vestiges de l'Hippodrome construit en 223 par Septime Sévère et achevé par Constantin le Grand ; la basilique Sainte-Sophie, joyau de l'art byzantin, rebâtie par l'empereur Justinien à la fin du vie siècle et transformée en mosquée au xve siècle par Mehmet II ; la mosquée Kahriye Camii (ancienne église Saint-Sauveur), restaurée au xive siècle ; la mosquée Kilise Camii (ancienne église Saint-Théodore) ; le palais de Topkapi Sarayi (Vieux Sérail), ancienne résidence des sultans, qui domine le Bosphore et forme un vaste ensemble de bâtiments, de pavillons et de kiosques, séparés par des cours dallées ornées de fontaines ; la mosquée de Bayazid (1501) ; la mosquée de Süleymaniye (Soliman le Magnifique, 1550-1557) ; la mosquée du sultan Ahmed (1609-1616) dite Mosquée bleue. Istanbul possède en outre de nombreux musées dont celui de l'Antiquité et celui des Arts islamiques.
