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La faillite consommée du parti-Etat FLN
Législatives
Publié dans El Watan le 06 - 06 - 2007

Il apparaît évident que les dernières législatives doivent marquer la fin d'un règne : celui de l'autocratie et de la technobureaucratie au pouvoir depuis 1962. En effet, comment ne pas comprendre que lorsqu'une assemblée nationale est élue avec moins d'un électeur sur cinq, elle n'est représentative que d'elle-même et encore !
Tout le « brouhaha » fait par les partis politiques de la coalition, de l'alliance pour dégager leur responsabilité du naufrage est vain. Mais là n'est pas le fond du problème, le divorce entre la société et sa classe politique ne date pas d'aujourd'hui. C'est un fossé qui s'est creusé tout au long de ces années d'indépendance. L'euphorie de cette dernière a été, faut-il le rappeler, ternie dès les premiers jours par le coup de force de l'armée des frontières et de quelques hauts responsables de wilaya contre le GPRA. La suite, c'est la « prostitution » de la Constitution dans un grand cinéma d'Alger et le début du règne de l'autocratie et la création d'une vassale technobureaucratie incompétente et corrompue. Le voile couvrant tout ce marigot est constitué par « l'appareil du parti unique », inique qui, sous couvert d'un sigle prestigieux « FLN », amena la catastrophe, la rupture définitive du lien social qu'est venu aggraver l'islamisme radical et la violence extrême. Le bilan, c'est qu'en 45 ans d'indépendance politique fictive, nous avons construit une dépendance économique et politique réelle, rompu le lien social et ruiné l'âme de ce pays, avec des niveaux de corruption très élevés, rendant la classe politique extrêmement impopulaire. Le discours sur les réalisations socioéconomiques depuis l'indépendance est creux. La construction d'écoles, d'universités, d'hôpitaux etc., avec une manne pétrolière considérable de l'ordre de plus de 400 milliards de dollars, ne relève pas de l'exploit encore qu'il faille se demander comment fonctionnent ces établissements et à quels résultats sommes-nous arrivés lorsque, pour soigner notre Président, dans les années 2000, nous avons dû l'envoyer dans un hôpital militaire du Val-de- Grâce de l'ex-colonisateur. Une seule chose a changé dans notre horizon bouché : l'enfermement magnifié par le culte du « barreaudage métallique » de nos fenêtres et portes. Après avoir chassé les colons et ses soutiens locaux, nous avons chassé nos amis, ensuite ce fut le tour des personnes qui ne pensaient pas dans l'unicité, la violence de l'islamisme radical chassa ceux qui n'étaient pas acquis à « l'obscurantisme ». Enfin, les « anciens pauvres », enrichis par le vol et la corruption, poussent nos jeunes à se suicider ou à se noyer en Méditerranée en voulant atteindre l'autre rive. Sans changement radical, l'avenir de l'Algérie est sombre. La fin du colonialisme a été remplacée par un néo-impérialisme plus pernicieux, qui n'a pas besoin de vous occuper territorialement pour vous piller. La « prédation économique et sociale » est une mécanique implacable que les puissances économiques occidentales savent manier avec une extrême dextérité avec des complicités locales au centre du pouvoir. L'état de l'Afrique, en général, et de l'Algérie, en particulier, montre le résultat de cette prédation. Aujourd'hui, nous sommes plus dépendants du marché extérieur que dans les années 1960 et ce n'est pas une réserve de change, aussi importante soit-elle, qui peut cacher cette vérité. En effet, lorsqu'une rente minière (les hydrocarbures) représente plus de 50% de votre Produit intérieur brut (PIB) et 98,2% de vos exportations, elle informe de votre incapacité en tant que nation de produire de la richesse renouvelable et de qualité. Elle informe également sur votre faible niveau technologique et scientifique, c'est-à-dire que nos écoles et universités ne sont guère, à des exceptions près, que des garderies et que lorsque par miracle de bons éléments en sortent, ils traversent rapidement la Méditerranée (1). L'Algérie et ses dirigeants politiques ont agi et participé à ce qu'une vision, celle voulue par les puissances extérieures, prédomine. Sous couvert de discours d'opposition et d'indépendance de la décision nationale, ces derniers ont agi sous leurs ordres explicites et implicites : explicite, la loi sur les hydrocarbures (2) ; implicite, l'électrification du pays à pas de charge, sans développement de capacités nationales de reproduction hier, le développement du réseau autoroutier et d'autres infrastructures par des sociétés étrangères aujourd'hui. Concernant l'électrification, nous avons aujourd'hui les éléments nous permettant d'affirmer que cette dernière a été réalisée pour soutenir l'industrie de la construction électrique occidentale (General Electric, Westinghouse, ASEA, Brown Bovery Company etc.), en crise dans les années 1970. L'Algérie, comme beaucoup de pays en voie de développement, à l'aide de prêts (recyclage des pétrodollars) et de corruption à large échelle (3), a acheté des équipements électriques pour faire passer la crise aux pays développés fournisseurs. Un auteur John Perkins (4) qui, dans ses confessions d'un assassin financier, nous décrit sa manière d'agir (quasi-criminelle) en tant qu'agent de l'Etat américain dans un bureau d'études international privé de renom, pour imposer à nos pays la réalisation d'infrastructures coûteuses. Il écrira que « l'électrification de l'Indonésie faisait partie d'un plan global visant à assurer la domination américaine en Asie du Sud-Est ». Ce qui se joue aujourd'hui avec la réalisation de l'autoroute Est-Ouest et autres infrastructures est du même ordre. Pourquoi réaliser une autoroute aujourd'hui, sachant que l'automobile, telle que nous la connaissons aujourd'hui, est amenée, dans un proche avenir, à disparaître ? En effet, avec le « Pic Pétrolier » (5) qui s'annonce pour les 10-15 prochaines années, et la crise énergétique qui en résultera, rendront le transport individuel incompatible avec les prix des carburants. C'est d'ailleurs une aberration que d'avoir autorisé l'implantation de concessionnaires automobiles sans au préalable demander, dans ce cas au moins, comme l'ont fait d'autres pays d'ailleurs (Inde, Iran, Chine etc.), une intégration nationale minimale. On ne peut accepter en toute conscience que 2,2 milliards de dollars en 2006 soient offerts aux firmes de l'automobile et aux concessionnaires locaux (une usine de montage automobile coûte seulement 200 millions de dollars) pour que quelques Algériens roulent en voitures particulières (un Algérien sur dix), sans compter le coût de la pièce de rechange et les accidents de la circulation. Il en est de même pour les importateurs du médicament qui se doivent de développer une production locale pour réduire une facture qui a dépassé, en 2006, les 780 millions de dollars. L'excuse de l'OMC ne tient pas la route comme d'ailleurs la forte dévaluation de la monnaie nationale. En effet, quelle est l'importance d'intégrer l'OMC ou de posséder une monnaie nationale faible lorsqu'on est un pays mono-exportateur d'hydrocarbures ? Les économistes sérieux vous répondront : aucune. Pourquoi vouloir faire partie aujourd'hui de l'OMC, avec une industrie moribonde (l'industrie représentait 16% du PIB en 1985 et seulement 6% aujourd'hui), une agriculture qui ne nourrit pas sa population (3,5 milliards d'importations agroalimentaires, facture en augmentation constante qui sera de 5 milliards de dollars dans les trois (3) ans à venir) et un dinar fortement dévalué (la dévaluation a atteint environ 1800%) ? On est passé de 1,20 FF pour 1 DA à 100 DA pour 1 euro qui vaut 6,57 FF. Une dévaluation ne doit être pratiquée en théorie, que lorsqu'il faille récupérer une compétitivité externe ou encore rétablir une balance courante structurellement déficitaire. C'est-à-dire rendre compétitive une production nationale qui a du mal à s'écouler sur les marchés extérieurs, ou rendre plus chères des importations pour rendre compétitive une production locale sur le marché intérieur. Vous remarquerez que rien de cela ne concerne l'Algérie qui exporte facilement les hydrocarbures dont les prix sont fixés sous d'autres cieux et protéger une production locale (quand elle existe), il y a d'autres moyens tarifaires et non tarifaires qui ne jettent pas soudainement, une population nombreuse dans la précarité et l'exclusion. Le prix de la force de travail n'a jamais été un critère central pour la localisation des investissements nationaux ou directs étrangers. D'autres critères comme la formation, la dextérité, l'environnement, l'Etat de droit, la qualité de la vie, le système bancaire et financier, la perception de la corruption etc, permettent de mieux discriminer l'attractivité des territoires. Pratiquer le libre échange intégral quand on est un pays monoexportateur, dont l'industrie est récente, constitue un suicide économique annoncé que ne peut empêcher même une arrivée massive, mais très hypothétique, d'investissements directs étrangers (IDE). Les forces extérieures qui nous poussent dans cette voie, veulent en fait « nous retirer l'échelle du développement » pour rester seules en piste comme tente de nous le faire entendre Ha-Joon Chang (6) et en nous faisant remarquer que les chantres du néolibéralisme ont été dans un passé récent et encore aujourd'hui de fieffés protectionnistes. « Faites ce que je vous dis et ne regardez pas ce que je fais ». Vendre un produit à l'Europe, au Japon ou aux Etats-Unis n'est pas chose aisée devant la montagne de normes, de procédures et de contrôles auxquels il doit satisfaire. Les investisseurs étrangers qui sont venus ont pour moins de 10 milliards de dollars de stocks d'IDE, exporté un flux de plus de 5 milliards de dollars de profits en 2006. Demain, les sorties de capitaux dues aux IDE des Arabes de l'immobilier et des Occidentaux du pétrole seront plus élevées que celles réalisées par l'ancienne dette extérieure aujourd'hui remboursée par anticipation. Ce remboursement par anticipation est naturellement un autre signe de l'incapacité de l'Algérie et de ses dirigeants de transformer une ressource financière en investissements rentables, le faire avec son propre argent (du pétrole), dans ces conditions, c'est au départ sous entendre qu'il sera inefficace ou détourné. En conclusion, la faillite constatée du parti-Etat et de sa classe politique doit être utilisée pour porter le
débat de l'avenir de l'Algérie dans l'espace public. Il faut demander aux Algériens ce qu'ils veulent. Ce dont ils ne veulent plus, ils l'ont dit lors des dernières législatives : ils ne veulent plus que le parti FLN régente leur vie. Pour le bien de l'Algérie, il faut l'emmagasiner dans un musée. Mais ce qu'ils veulent peut-être résumer modestement dans les pistes suivantes est un processus de croissance qui permette une hausse significative de l'emploi avec incorporation généralisée et continue du progrès technique. Il s'agit d'aider le secteur économique (privé et public) pour le porter à produire des biens de qualité internationale. Cela nécessite également que les superprofits commerciaux soient très fortement taxés pour rendre attractif l'investissement de production. Il faut davantage favoriser le producteur, l'industriel que le commerçant. L'industrialisation est à ce prix. La recherche de prix relatifs adéquats avec un pouvoir d'achat suffisant, permettant de se nourrir, de s'habiller, de se soigner, de se loger et être transporté dans des conditions dignes. Le prix du logement et du loyer doivent être à la portée des jeunes, quitte à être soutenus, pour éviter la fracture sociale et intergénérationnelle. Une école qui forme des Algériens avec un sens critique et ouvert sur le monde doit également être un chantier prioritaire. Cette école doit être polyglotte pour une utilisation normale des fonds documentaires disponibles. Etre monolingue dans un monde arabe dont la moitié de sa population est quasi analphabète et qui produit moins d'ouvrage que la Grèce, c'est se fermer au développement économique et social. Etre analphabète aujourd'hui, ce n'est pas ne pas savoir lire, écrire, compter, mais ne pas parler l'anglais et ne pas maîtriser les outils informatiques. La présence d'un Etat, qui pilote le développement national, fortifie le lien social par l'équité distributive et la paix sociale. Pour cela, il doit commencer par une lutte implacable contre la corruption de fonctionnaires. Un organisme rattaché à la Présidence d'une trentaine de personnalités intègres peut ficher et suivre la carrière et le patrimoine de tous les fonctionnaires de l'Etat sans exception. Tout signe extérieur de richesse, tout changement significatif et rapide dans le patrimoine (ascendants et descendants compris) doit donner lieu à une enquête approfondie, et tout enrichissement sans cause doit être implacablement sanctionné. Hong-Kong et Singapour possèdent des organismes similaires et ont pu réduire la corruption pour devenir aujourd'hui des pays bien placés dans la liste des pays les moins corrompus de Transparency International. Le contrôle strict de l'argent du pétrole doit progressivement être déposé dans un compte spécial pour les générations futures. S'il est correctement investi, même dans les marchés financiers internationaux, on pourra utiliser la partie des revenus procurés pour la réalisation d'infrastructures, en veillant à déduire le taux d'inflation importée. Les hydrocarbures rapportent une monnaie de qualité internationale, qu'il faut veiller à dépenser avec une extrême rigueur. Il faut effacer dans l'esprit des étrangers que l'Algérie soit une « poire » avec laquelle on fait des affaires juteuses. Et bien sûr, une stabilité institutionnelle et politique basée sur la volonté du peuple à partir d'une assemblée constituante avec de nouveaux partis constitués hors de la langue, de la religion, de la région etc. mais près des classes sociales en formation. On ne peut faire l'économie de marché, c'est-à-dire le capitalisme, en ignorant les classes sociales. On ne peut, dans le même parti politique, défendre en même temps les intérêts des travailleurs et ceux du patronat qui sont dans un rapport de production antagonique. Mais cela est déjà une affaire centrale...


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