Intelligente trouvaille pour se rendre sympathiques aux yeux des consommateurs, le jour de la libéralisation par l'Union européenne du marché de l'énergie, les Italiens, comme leurs voisins du Vieux Continent, pourront désormais choisir leur fournisseur en gaz et en énergie électrique. Rome : De notre correspondante Cette campagne, qui introduit un style plus cool dans le port des cadres de l'Eni, amuse leurs collègues du « gentil sesso » (comme on désigne en Italie les femmes) qui n'ont rien trouvé à redire à cette révolution dans le règlement intérieur de la plus puissante société italienne. Au contraire, en chœur, elles se sont félicitées de cette ouverture vestimentaire qui modifie sérieusement les us et costumes de la boîte. « Il était temps de voir ces messieurs moins crispés et plus décontractés », s'est exclamé l'une d'elles à l'annonce de la décision. Les Italiens, très regardants lorsqu'il s'agit de soigner leur physique et d'améliorer leur apparence, et qui ne rechignent jamais devant les dépenses en habillement, sont réputés pour leur quête obstinée d'élégance. Une véritable fixation qui rend les hommes, plus que les femmes, des fanatiques du détail, quand ils ne sont pas obsédés par la mise formelle qu'ils considèrent un statut symbole certain. A cela s'ajoute un peu de narcissisme, péché mignon des hommes méditerranéens. C'est pour cela que la direction de l'Eni a préféré passer par une consultation interne, très démocratique, avant d'afficher la nouvelle directive qui abolit en été, cravates et vestes. Et comme plus de 90% du personnel s'est exprimé en faveur de cet allégement vestimentaire, les plus récalcitrants se sont résignés, avec bonne humeur, à collaborer, surtout que les experts du groupe ont démontré scientifiquement que sans cravate autour du cou, la température corporelle baisse de deux degrés Celsius, ce qui permet de régler les appareils d'air conditionné vers le haut. Tomber la veste, jurent ces spécialistes, permet de réduire l'énergie utilisée de 9%, ce qui revient, pour l'Eni, à économiser durant cet été 217 000 kw avec une réduction de la quantité de Co2 produite de 126 t. Ce qui a fini de persuader les 20 000 employés du siège milanais de l'Eni, augurant d'une nouvelle ère pour les cols blancs, qui pourront dégrafer leurs chemises et en exhiber les demi-manches, sans risque de se voir gronder par le chef du personnel. Les grands stylistes italiens ne se donnent pas pour vaincus et affûtent leurs ciseaux pour la saison automne-hiver. Gageons que vestes et cravates feront un tonitruant retour.
