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Des élites, formées pour servir d'intermédiaires avec la population
L'idée révolutionnaire et les nationalistes
Publié dans El Watan le 07 - 11 - 2004

Resituée dans le contexte d'une histoire millénaire, la période coloniale n'a duré qu'un siècle et quart. Ce fut une période d'asservissement et d'exploitation, mais aussi d'initiation à la modernité et d'apprentissage de la société civile.
L'installation brutale du fait colonial provoque de grands bouleversements. La nouvelle société ne ressemble plus à l'ancienne. Dans le Tell où s'installent, en nombre, des colons naissent de nouvelles habitudes et de nouvelles valeurs. fusent. En sortant des anciennes structures pour aller à la recherche d'un travail dans les villes et les villages de colonisation, les Algériens deviennent accessibles à de nouvelles formes de solidarité. Le vocabulaire s'enrichit de deux mots-clés : peuple et nation. C'est dans ces circonstances qu'émerge dans les années vingt un nationalisme moderne qui entretient à l'égard de la France un rapport ambivalent. Dans la mesure où il affirme une identité algérienne, il ouvre la voie au rejet de la domination française. Mais dans la mesure où il veut œuvrer à la modernisation de l'Algérie, il lui emprunte ses références et tente de reconstruire une nouvelle légitimité. Ce nationalisme qui mûrit au cours de la Seconde Guerre mondiale préside à la mobilisation populaire.
Trois modèles s'imposent et structurent l'espace idéologique algérien :
A - Un nationalisme de type communautaire avec les oulémas.
B - Un nationalisme populiste avec Messali Hadj et ses partisans.
Ces deux courants qui constituent la colonne vertébrale du Mouvement national manquent d'une problématique démocratique. Alors que l'individu se trouve au commencement d'un processus de libération du communautarisme, la voie vers l'Etat national passait chez eux par la régénération de l'échelle traditionnelle des valeurs. Leur conception du changement s'inscrit dans une vision essentiellement morale qui, elle-même, se fonde sur le principe religieux de l'harmonie et le refus du conflit. C - Un nationalisme sociétaire qui, avec Ferhat Abbas, fait de la nation une communauté politique intégrant musulmans et non-musulmans et non une communauté culturelle. Ce nationalisme repose sur la croyance ou la liberté de l'individu au progrès social vers le bien de chacun et sur la foi en une communauté surmontant les frontières nationales et ethniques. Il était aux yeux des élites intellectuelles le plus conforme aux idées émancipatrices de la modernité. Mais après les massacres de mai 1945 et la crise sociale aidant, cette conception fut battue en brèche par la critique populiste opposée à la marche vers l'indépendance par étapes et la critique communiste qui rejetait la prétention de libéralisme à incarner la forme politique la plus rationnelle de l'Occident moderne. Marginalisé, le libéralisme n'existera plus « sauf dans les rêves d'imitation de l'Occident que nourrissait la classe moyenne ». La répression du mouvement populiste et la fiction démocratique symbolisée par le truquage électoral contribuèrent à « la fermeture des possibles ». Dès lors, la lutte armée apparut comme une ligne de partage entre réforme et révolution. Elle ne définissait pas pour autant une stratégie. N'empêche. La scission du MTLD, la montée des luttes en Tunisie et au Maroc et les promesses d'aide du nassérisme lui serviront de catalyseur. Et ce fut le 1er Novembre 1954. Alors que l'insurrection commençait, les fondateurs du FLN n'avaient pas fourni la preuve qu'ils étaient en mesure de penser la nation sans oblitérer la diversité des groupes sociaux qu'ils se donnaient pour tâche de rassembler et d'intégrer sous le sceau d'une identité unique, une identité nationale qui s'imposerait au détriment des identités antérieurement saillantes, familiales, tribales, linguistiques, religieuses. Cette société colonisée n'a jamais eu l'homogénéité que les nationalistes populistes lui prêtaient, divisée qu'elle était par de vieilles rivalités et des différences d'itinéraire. Son rejet de la domination étrangère et son patriotisme ne faisaient pas de doute. Toutefois, après le signal de l'insurrection, la plupart des ruraux, les pauvres et les marginaux demeurèrent longtemps attentistes jusqu'à ce que la répression, qui s'abattit sur eux, les transforma en opposants déterminés. Pour se faire reconnaître comme direction, les fondateurs du FLN ont, contre la volonté de l'ancienne classe politique, ignoré les organisations en place et pris le parti de détruire leurs appareils et de construire le leur, tout en combattant les colonisateurs et leurs clients algériens. On peut, dès lors, comprendre que la militarisation du contexte politique fasse de la construction de cet appareil une opération guerrière. Les déchirements de la révolution anticoloniale prirent naissance dès ses premiers pas. Dans les Aurès et en Petite-Kabylie, les affrontements qui apparurent tournèrent autour de la légitimité des nouveaux pouvoirs. En libérant les énergies, le FLN politisa de vieux conflits, tout en créant d'autres, contre le MNA, par exemple, associés à la lutte pour le contrôle du pouvoir. La question principale posée aux Algériens se ramenait en fait à l'identification de l'autorité légitime dans le futur Etat. De 1956 à 1957, le mouvement de la révolution anticoloniale, ramené à une guerre de libération, s'accéléra et sembla tout emporter sur son passage. Les petites guerres civiles qui opposèrent les Algériens entre eux faisaient problème. La mobilisation populaire qui s'observait jouait dans le sens de la Révolution et parfois contre elle. Les déchirements et les luttes de fraction n'épargnaient pas les révolutionnaires, mais, en 1957, malgré la contre-révolution coloniale et ses multiples crimes, les fondateurs du FLN pourraient dire : nous avons gagné notre pari sur les autres nationalistes et sur tous ceux qui, dans le pays, préféraient la paix coloniale dans l'arbitraire. Mais il fallut, pour parvenir à ce résultat, assumer des moyens contraires aux fins proclamées, liquider d'une manière implacable les oppositionnels et imposer le contrôle absolu des chefs sur le peuple et sur la base militante. L'œuvre de la période révolutionnaire est indéniablement la source du système autoritaire que les Algériens subissent depuis l'Indépendance. Toute l'élite politique a conspiré au nom du salut national et de sa promotion dans le futur Etat. Les pratiques héritées de la Révolution encouragèrent le mépris de la légalité, la proclamation d'un principe et le viol de son exercice, la préférence pour les rapports de force brute. Aujourd'hui encore, les Algériens en discutent et se classent par rapport à ces questions. Mère de nos convergences et de nos divergences, la Révolution a le mérite de nous avoir débarrassé d'une domination étrangère, source permanente d'humiliation.
Du passé on retiendra deux enseignements :
A - Notre modernisation a commencé, quoi qu'on en pense, avec la colonisation, l'apprentissage d'une société civile a touché essentiellement la façade maritime, s'arrêtant aux portes du monde rural que la modernité a très peu touché. L'acharnement que la communauté européenne a mis pour garder sa suprématie avec la complicité des gouvernants français a favorisé la militarisation et la ruralisation du mouvement politique, rendant plus difficile l'affirmation d'une société civile. C'est ce blocage qu'il faut aujourd'hui surmonter. L'épanouissement du pluralisme longtemps récusé est à ce prix.
B - L'Etat et son domaine seront au cœur de toute problématique démocratique favorable à l'émergence de la citoyenneté. « La lutte pour le pouvoir politique, c'est-à-dire la lutte pour le contrôle des appareils répressifs, pour la police, la justice, l'armée, la bureaucratie et la politique extérieure, est l'agent historique du progrès. » Dans cette perspective, il faut s'interroger sur le mode d'intervention du passé sur notre histoire récente. A partir du moment où la geste des hommes qui ont dominé pendant des siècles l'Algérie est extraite de son contexte, transformée en fondement culturel de notre identité, nous retrouverons inéluctablement, faute de révision critique de leur legs, les chemins de l'asservissement à des maîtres.
M. H.
(*) Historien et ancien responsable du FLN, Mohamed Harbi est un spécialiste et auteur de nombreux ouvrages sur la guerre de Libération nationale et sur le nationalisme algérien. Dans une introduction historique au FLN - Documents et histoire 1954-1962, Mohamed Harbi écrit : « On ne peut comprendre le FLN si on ne voit en lui que le producteur d'un système et non un produit social. » D'où, précise-t-il, « l'intérêt de connaître les racines historiques de la société qui l'a vu naître et sa préhistoire ». Et de poser la question : « D'où vient l'Algérie ? Quelle a été sa trajectoire politique ? »
Extraits : L'histoire du FLN démontre qu'une société divisée contre elle-même peut, à travers secousses et crises, tenir debout quand ses enfants n'ont pas de maison où habiter. Consacré vainqueur au moment même où il se délitait en organisations héritières de la résistance au colonialisme, mais rivales - clans de wilaya(s), Parti de la révolution socialiste de Mohamed Boudiaf, Front des forces socialistes de Hocine Aït Ahmed, Mouvement démocratique pour la révolution algérienne de Belkacem Krim -, ses troupes connurent l'épreuve douloureuse de la réinsertion dans la société. C'est au cours de cette épreuve que l'on songea à rassembler des factions opposées, dominées par les ressentiments et les animosités réciproques consécutives aux luttes internes au sein de l'Association des anciens moudjahidine, consacrée comme matrice de la formation et de la défense d'intérêts égoïstes privés. La libération accomplie, le FLN révéla son autre visage, celui d'un mouvement investi par des forces sociales aspirant à prendre la relève des colons. La révolution anticoloniale était une nécessité. Sa gestation s'est opérée dans une société en pleine effervescence. Les formes qu'elle a revêtues, ses évolutions n'étaient pas inéluctables. Les Européens ont quitté un pays qui, sans les crispations coloniales, aurait pu aussi rester le leur comme nous le montre l'expérience sud-africaine. Aucun mouvement avant la guerre n'avait envisagé leur départ. Mais l'acharnement colonial, la mise hors jeu de l'Algérie urbaine, cultivée et séculière, recyclée dans les prisons, les camps et l'exil, et mise sous tutelle par l'élite plébéienne du FLN, et l'émergence de l'Algérie rurale fondée sur la communauté religieuse rendaient la coexistence aléatoire. Aujourd'hui, l'Algérie est en crise. Les héros ont disparu, sont fatigués ou ont rejoint la cohorte des prédateurs. Une prime est ainsi donnée aux nostalgiques du passé colonial. Mais l'histoire continue.


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